Une semaine de Bourse - Lehman Brothers a perturbé le marché

12/09/2008 - 19:31 - Option Finance

(AOF) - Les marchés boursiers ont été marqués par la forte volatilité liée aux spéculations sur le sort de Lehman Brothers. Le Dow Jones affichait vendredi à la mi-séance un gain de 1,58% en cinq séances. Le CAC 40 a clôturé quant à lui en hausse de 3,24% sur la semaine. La quatrième banque américaine a vu son cours divisé par quatre environ cette semaine. Après le mauvais accueil réservé au plan de redressement présenté mercredi par le management, le marché ne croit plus qu'à un sauvetage d'urgence orchestré par le Trésor et la Fed. Selon certains analystes, Merrill Lynch pourrait être entraînée à son tour par le tourbillon Lehman Brothers, les deux établissements présentant les mêmes faiblesses. Certains craignent qu'après avoir passé 40 milliards de dépréciations l'an passé, Merrill soit contrainte à renouveler l'opération. L'autre grand motif de préoccupation des marchés a concerné l'état de santé de l'économie européenne. Les investisseurs ont le sentiment que le ralentissement économique mondial affectera moins les Etats-Unis que le reste du monde. Conséquence, l'euro est repassée sous 1,40 dollar pour la première fois depuis un an, les opérateurs étant incités à rapatrier leurs avoirs aux Etats-Unis face à la multiplication des signes de ralentissement économique hors de leur pays. Sur le front pétrolier, les cours ont poursuivi leur repli. Le baril de Brent de la mer du Nord est repassé jeudi dernier sous les 98 dollars, un plus bas depuis février, en raison des craintes d'un ralentissement de la demande et du raffermissement du billet vert. La vigueur de la monnaie américaine a d'ailleurs découragé les achats de matières premières libellées en dollars. Dans cet environnement dégradé, les opérateurs se sont attachés à l'actualité de chaque société. Les laboratoires pharmaceutiques ont suscité l'attention. Sanofi-Aventis s'est envolé de plus de 7% mercredi dernier, à l'annonce du départ de son directeur général, Gérard Le Fur, dont le mandant courait en principe jusqu'en 2010. Il sera remplacé par Chris Viehbacher, un responsable de GlaxoSmithKline à la double nationalité canadienne et allemande. L'homme devra remettre à plat le modèle économique du groupe pour l'adapter à l'évolution du secteur pharmaceutique mondial. Une des solutions retenues consisterait à miser sur les aliments-santé. Dans ce domaine, le laboratoire français a déjà acheté Syybion, leader de ce marché en Australie. BioMérieux, n'a pas mérité le même accueil. Le spécialiste du diagnostic in vitro a été boudé par le marché malgré des résultats semestriels honorables. Pour Xavier de Villepion, vendeur chez Global Equities, interrogé par AOF, la déconvenue de BioMérieux s'explique par la défiance générale des investisseurs vis-vis des mid-caps. Alors que le doute plane sur l'état de santé de l'économie américaine et européenne, les marchés préfèrent miser sur les grandes capitalisations jugées plus rassurantes. De son côté, Natixis a réduit son objectif de cours sur le titre de 77 à 76 euros tout en maintenant sa recommandation à Accumuler. Le broker a révisé à la baisse ses estimations de bénéfice par action sur 2008/2010 en raison d'un manque de visibilité aux Etats-Unis. Les valeurs pétrolières ont bien résisté au reflux des cours du brut. Total a rassuré le marché quant à son programme d'investissement de 19 milliards de dollars en 2008 : " Il se déroule comme prévu ", a assuré Christophe de Margerie, le directeur général de Total à l'occasion de la présentation annuelle aux analystes financiers. Total entend même accentuer " son programme de recherche et développement", qui devrait s'élever à 5,5 milliards d'euros en cumulé, d'ici 2013. Christophe de Margerie a relativisé l'impact du reflux des prix du pétrole sur le groupe : un baril à 80 dollars permet " un retour raisonnable" sur investissement, a t-il assuré. Confiante dans ses perspectives, la major a annoncé le versement d'un acompte sur dividende de 1,14 euro par action, en hausse de 14% par rapport à l'acompte de 2007, et confirmé son intention de céder sa participation de 12,4% dans Sanofi-Aventis. In fine, le titre de la quatrième compagnie pétrolière occidentale a gagné 3,25% sur la semaine. Enfin, Vallourec s'est envolé vendredi dernier de près de 8%, porté par une note de broker et le rebond du pétrole. La Société Générale a relevé sa recommandation sur Vallourec de Vente à Achat avec un objectif de cours de 185 euros contre 170 euros auparavant. Ce changement fort d'opinion est lié aux hausses prévues des prix de Vallourec en Amérique du Nord, ainsi qu'à la remontée du dollar. (P-J.L)