PETROLE: Rémission, pas guérison, selon BNP Paribas

17/09/2008 - 18:01 - Option Finance

(AOF) - Le baril de pétrole a chuté de 56 dollars en deux mois sous l'effet conjugué d'une contraction de la demande de l'OCDE et d'une hausse de la production de pétrole. Les craintes d'une dégradation de la conjoncture mondiale causée par l'effondrement du système bancaire américain ont accentué ce repli, à peine freiné par les ouragans, les tensions diplomatiques, l'Opep et la "guerre du pétrole" au Nigéria, cinquième producteur mondial. Pour Régis Collieux, analyste senior chez BNP Paribas, le marché a changé sa psychologie. L'opérateur a versé de l'excès d'optimisme à l'excès de pessimisme. A très court terme, les fondamentaux du marché sont baissiers, a expliqué l'expert lors d'une conférence organisée par Dow Jones Indexes sur les matières premières. Le demande de pétrole recule aux Etats-Unis d'une manière plus importante encore que lors de crise de 2001/2002. En Europe, mais aussi en Asie, hors Chine et Inde, elle montre des signes de faiblesse. Selon lui, le marché ne devrait donc pas rebondir réellement avant le dernier trimestre 2008 et plus nettement avant le premier trimestre 2009, à moins d'une contraction substantielle des quotas de l'Opep. L'économiste anticipe en effet une progression de la production de pétrole de l'Opep et plus précisément de l'Arabie Saoudite et du Nigéria en raison de mise en service dans ces deux pays de nouvelles capacités de production. A très court terme, le marché souffre d'un excès d'offre. A ce déséquilibre de production, s'ajoute la forte progression des capacités de raffinage. Plusieurs grands pays vont entrer en production ces prochaines semaines, comme la Chine ou l'Inde, souligne Régis Collieux. Ces nouvelles raffineries vont mécaniquement réduire les marges de raffinage. Rémission oui, mais pas guérison, affirme cependant l'analyste. Les facteurs propices à un rebond des prix du brut sont encore là : le climat (la saison des ouragans peut durer encore plusieurs mois), les tensions diplomatiques et les retards possibles de production de l'Opep. Plus fondamentalement encore, la répartition de l'offre de pétrole brut progresse peu en réalité comparée aux huiles non conventionnelles, selon l'Agence Internationale de l'Energie (IAE). Par ailleurs, devant la faiblesse des cours, l'Opep peut très bien décider de restreindre sa production et assécher rapidement le marché du brut. En conclusion, l'Opep conserve la main sur le marché. Si BNP Paribas a revu à la baisse ses prévisions, le profil demeure toujours haussier avec un prix moyen du baril WTI de 110,5 dollars en 2008 et 115,8 dollars en 2009.