DEXIA réduit légèrement ses gains dans l'après midi

30/09/2008 - 16:47 - Option Finance

(AOF) - Après la dégringolade hier du titre Dexia en bourse (la chute frisait les 30% en clôture), le cours s'est brusquement redressé aujourd'hui, après une suspension de quelques heures. Dans l'après-midi, l'action Dexia réduisait légèrement ses gains, tout en restant largement en tête des valeurs du CAC 40, avec une progression de 8,35% à 7,80 euros, après avoir touché 8,54 euros dans la matinée. Les investisseurs ont été rassurés par l'annonce d'une augmentation de capital de 6,4 milliards d'euros en tout début de matinée. Cette opération, qui se fera à un prix de 9,90 euros par action, a été décidée par les gouvernements français, belge et luxembourgeois. Dans le cadre de ce plan de secours, la Belgique apportera 3 milliards d'euros, tandis que l'Etat français déboursera 1 milliard. La Caisse des dépôts et consignations, de son côté, investira 2 milliards d'euros. Pour sa part, le Luxembourg investira 376 millions d'euros sous forme d'obligations convertibles dans la filiale luxembourgeoise de Dexia. A noter que l'Etat français et la CDC détiendront une "minorité de blocage" au capital du bancassureur. Ce plan fait suite à une nuit entière de négociations entre les pouvoirs publics, qui tenaient à parvenir à une solution avant l'ouverture des marchés. "Dexia représente 650 milliards d'euros de bilan, il n'était pas question de prendre un risque systémique sur cette banque", a indiqué Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, dans l'après-midi. "Il était indispensable que l'Etat intervienne et souscrive au capital de Dexia. Il fallait soutenir et assurer la stabilité du système financier", a-t-elle ajouté. Nicolas Sarkozy a tenu une réunion à 5 heures ce matin avec le Premier ministre François Fillon, Christine Lagarde ainsi que Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, et que Xavier Musca, le directeur du Trésor. L'augmentation de capital dont bénéficiera Dexia se traduira par une forte remontée du ratio de fonds propres Tier 1 de l'établissement franco-belge. La direction a évoqué un chiffre compris "entre 10% et 10,5%" pour le troisième trimestre qui s'achève aujourd'hui. Mais Axel Miller, l'administrateur délégué de la banque, a toutefois déclaré que ce ratio bondirait à un niveau de 14% à l'issue de l'augmentation de capital. "Aujourd'hui, en période de crise, nous ne souhaitons pas considérer que 10,5% est le niveau que nous devons observer", a déclaré M. Miller. "Nous pensons que nous devons nous dimensionner largement au-dessus de cela", a-t-il ajouté. Autre conséquence de la situation : Axel Miller, ainsi que Pierre Richard, le président de la banque, ont présenté leur démission au lendemain de l'effondrement du titre en bourse. Les deux dirigeants ont "tiré les conclusions de la crise financière actuelle et de son impact sur le groupe", a précisé la banque. Le conseil d'administration a accepté leur démission et leur a demandé d'assurer la gestion des affaires courantes jusqu'à la désignation de leurs successeurs, peut-on lire dans un communiqué du groupe. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Dexia est né du rapprochement en 1996 des deux principaux acteurs en Europe du financement public local : le Crédit Local de France et le Crédit Communal de Belgique. Les deux institutions ainsi que la Banque internationale à Luxembourg (BIL) ont été unifiées sous l'enseigne unique Dexia en 1999. Dexia constitue une des toutes premières fusions transfrontalières dans le secteur bancaire européen et se classe parmi les quinze plus grands établissements financiers de la zone euro. La banque franco-belge, leader mondial des services financiers au secteur public local, intervient également dans les domaines des services financiers de proximité, de la gestion d'actifs, ainsi que de la trésorerie et des marchés de capitaux. En matière d'administration de fonds, RBC Dexia Investor Services a été lancé en 2006 en collaboration avec la Royal Bank of Canada et se classe parmi les dix premières banques dépositaires au monde. Dexia est également une banque de détail de premier plan en Belgique et au Luxembourg et répond aux besoins en services financiers de plusieurs millions de clients.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Le positionnement du groupe sur le secteur public local lui assure des revenus récurrents et peu risqués car peu dépendants de l'évolution des marchés financiers. Son stock de prêts donne au groupe une bonne visibilité.

Les points faibles de la valeur

- L'activité de capital market du groupe est réduite. - La concurrence pèse sur les marges de l'activité de Banque des particuliers ainsi que dans le financement public du fait de la forte liquidité et de faible risque. - La filiale américaine du groupe, FSA, a pâti de l'environnement instable aux Etats-Unis. Elle a enregistré près d'un milliard de dollars de pertes sur les trois derniers trimestres et a nécessité des injections de capital pour préserver la notation AAA nécessaier à son activité.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Dexia se définit lui-même comme une valeur contracyclique c'est-à-dire qui évolue dans le sens inverse des cycles économiques. Il profite ainsi des périodes difficiles par les politiques de relance de l'équipement public et le maintien de taux d'intérêts bas. En période de croissance, il résiste par les techniques d'ingénierie financière proposées aux collectivités. - Il faut surveiller la politique de développement du groupe à l'international. Dexia affiche notamment des ambitions au Mexique, au Canada ou encore au Japon dans le domaine du financement public. Le groupe est également intéressé par l'Europe de l'Est. - En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.