Crise financière : les normes comptables bancaires assouplies aux Etats-Unis

01/10/2008 - 08:59 - Boursier.com

Parmi les boucs émissaires de la crise financière actuelle, les normes comptables occupent une place de choix...

Parmi les boucs émissaires de la crise financière actuelle, les normes comptables occupent une place de choix. En effet, les banques sont tenues de valoriser leurs actifs au cours du marché ("mark to market"), ce qui les a forcées à procéder à des dépréciations massives lorsque les dérivés de crédit immobilier "subprime" se sont effondrés. Ces charges ont réduit leurs fonds propres, les obligeant à se recapitaliser en urgence et/ou à brader des actifs pour tenir leurs obligations réglementaires et conserver leurs notations financières. Un cercle vicieux qui a entraîné leurs cours de Bourse dans une spirale baissière et provoqué une perte de confiance généralisée dans le système financier. Ces derniers mois, de nombreuses voix se sont donc élevées pour demander un assouplissement des règles dites de la "juste valeur" ("fair value"), Or, hier soir, la SEC, le gendarme de la Bourse américaine a fait un premier pas en ce sens... Elle a publié un communiqué d'interprétation des règles du FASB (Financial Accounting Standards Board), qui devrait permettre d'attribuer aux dérivés de crédit qui plombent les bilans des banque une valeur supérieure au prix cassé. En cas de marché illiquide sur un actif donné, les comptables et auditeurs ne seront plus obligés d'aligner la "fair value" sur les prix de ventes forcées ayant eu lieu récemment sur le même type d'actif (MBS, ABS, CDS etc..). Seules des "transactions ordonnées entre deux parties consentantes sont considérées comme des références fiables", estiment la SEC et la FASB. Les experts-comptables pourront ainsi utiliser la méthode de l'actualisation des flux de trésorerie futurs des produits, ou en estimer la valeur selon d'autres critères, à condition que ceux-ci soient pertinents. La SEC insiste sur le fait que la norme sur la "fair value" (SFAS 157) reste en vigueur, mais qu'elle peut être interprétée dans des circonstances exceptionnelles. Elle insiste aussi sur l'obligation d'informer les investisseurs "de manière claire et transparente" sur les méthodes de valorisation employées. La nouvelle règle devrait en tout cas donner (artificiellement, dirons certains...) une image moins mauvaise des bilans des établissements de crédits, et ralentir le rythme des dépréciations d'actifs, qui ont déjà dépassé les 500 Mds$ au plan mondial depuis le depuis le début de la crise, à l'été 2007. On peut aussi penser que les autorités normatives européennes emboîteront assez rapidement le pas à leurs homologues américaines. De plus, l'annonce de cet assouplissement pourrait aussi faciliter l'adoption, ce soir, par le Sénat américain du plan de sauvetage du système financier, de nombreux élus républicains ayant réclamé l'abolition pure et simple de la norme SFAS 157. Il reste que les normes comptables ne sont qu'un moyen de refléter des comptes, et que leur modification ne règle pas les problèmes de fond, celui de la chute des prix de l'immobilier, et celui de la prise de risque excessive de la part de nombreuses banques dans le domaine du crédit immobilier "subprime", puis dans le conditionnement et la dissémination des produits dérivés de crédit dans le système bancaire mondial. Il s'agit là d'un problème de fond, qui nécessite à moyen terme, un durcissement règlementaire plutôt qu'un assouplissement. Comme l'a fait remarquer Antoine Bernheim, le patron de Generali, ce matin dans 'Le Figaro', le "système capitaliste est le meilleur au monde, à condition qu'il y ait des règles du jeu. Sinon, c'est la jungle et l'anarchie".



(c) Boursier.com - Les informations rédigées par la rédaction de Boursier.com sont réalisés à partir des meilleures sources, même si la société Boursier.com ne peut en garantir l'exhaustivité ni la fiabilité. Ces contenus n'ont aucune valeur contractuelle et ne constituent en aucun cas une offre de vente ou une sollicitation d'achat de valeurs mobilières ou d'instruments financiers. La responsabilité de la société Boursier.com et/ou de ses dirigeants et salariés ne saurait être engagée en cas d'erreur, d'omission ou d'investissement inopportun.