Crise : l'Europe en ordre dispersé

02/10/2008 - 12:48 - Boursier.com

L'Europe se dotera-t-elle d'un plan de relance du système financier du type de celui que les sénateurs américains ont validé cette nuit ? Rien n'est...

L'Europe se dotera-t-elle d'un plan de relance du système financier du type de celui que les sénateurs américains ont validé cette nuit ? Rien n'est moins sûr alors que c'est plutôt la cacophonie qui règne sur le vieux continent depuis hier en la matière. La France aurait proposé un fonds de soutien doté de 300 Milliards d'Euros pour aider à la relance économique. Une idée immédiatement repoussée par l'Allemagne, qui ne voyait pas l'intérêt d'une telle opération et qui, dit-on, aurait été un peu vexée que sa voisine ait pris les devants sans la consulter. Mais voilà, le gouvernement hexagonal a affirmé hier n'avoir jamais avancé ce chiffre, pas plus qu'il n'avait préparé un tel plan en vue de le présenter à ses partenaires européens. Une chose, en revanche, est certaine : la levée de boucliers qui a accompagné ce vrai-faux plan concocté par Paris démontre qu'une réponse concertée sera compliquée. "Je ne vois pas la nécessité pour nous de mettre en place un plan similaire en Europe", a indiqué ce matin à la radio allemande Jean-Claude Juncker, le président des ministres des Finances de la Zone Euro. "Nous avons besoin d'une réunion du G8 élargie pour évoquer la situation sur les marchés financiers. Le G8 à lui seul ne sera pas capable de gérer cela", a-t-il ajouté. A Berlin, le Ministère des Finances s'est d'ores et déjà déclaré "en désaccord complet avec de tels plans". Pour la Chancelière allemande Angela Merkel, il est hors de question de donner "un chèque en blanc" aux banques frappées par la crise, "qu'elles aient ou non agi de façon responsable ou pas". La dirigeante, interrogée par le 'Bild', se montre favorable à une meilleure sécurité financière et à des systèmes d'alertes capables de réagir suffisamment tôt pour éviter une pagaille comme celle qui domine actuellement. Jusque-là, chaque nation européenne confrontée à la crise de l'un de ses établissements financiers a agi seule, à l'exception toutefois des sauvetages de Dexia (Belgique, Luxembourg et France) et Fortis (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas), qui font office de cas particuliers puisque les deux banques ont été créées avec des actifs de 3 nationalités. L'Allemagne a déjà été confrontée aux difficultés de plusieurs banques régionales ou spécialisées, dont IKB (cédée à vil prix il y a peu à un fonds d'investissement) et plus récemment Hypo Real Estate, dont le sort est encore en suspens. En Grande-Bretagne, vite rattrapée par la crise, les autorités monétaires ont rapidement garanti les positions des établissements les plus fragiles (Northern Rock) tout en continuant à chercher des solutions pour les autres victimes (Bradford & Bingley notamment) et à soutenir les sauvetages (rachat de HBOS par la Lloyd's). Les banquiers britanniques fulminent en revanche contre les autorités irlandaises, qui ont garanti en début de semaine les dépôts des clients dans les banques du pays. Concurrence déloyale selon eux, alors que nombreux clients du Royaume-Uni ont décidé de transférer leurs comptes auprès des banques irlandaises pour bénéficier de cette protection. On le voit, il semble particulièrement compliqué dans ce contexte d'apporter une réponse commune au problème. Pour Christine Lagarde, la Ministre de l'Economie française, la création d'un fonds aurait surtout permis d'apporter un soutien aux banques des petits pays européens, réputées plus fragiles. Cela sera peut-être l'un des sujets abordés samedi lors d'un sommet européen à quatre (Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, France) organisé par Nicolas Sarkozy à Paris, en présence de Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la BCE, de José Manuel Barroso, le président de la Commission Européenne, et de Jean-Claude Juncker, qui dirige l'Eurogroupe. L'ordre du jour est dédié à la préparation d'une prochaine réunion du G8 sur la stabilité financière. La question du fonds de soutien sera-t-elle abordée ? Rien n'est moins sûr. En milieu de journée, le porte-parole de Gordon Brown a confirmé que la France ne proposait pas une telle mesure et que l'idée d'un fonds ne serait pas examinée samedi à Paris, la réunion étant consacrée aux réponses nationales proposées à la crise.



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