Une semaine de Bourse - Les marchés minés par la crise financière

03/10/2008 - 19:48 - Option Finance

(AOF) - La crise financière et sa propagation sur l'économie réelle continuent de miner le moral des investisseurs. Dans le sillage du Dow Jones, en baisse vendredi après-midi de 4,11% sur la semaine, le CAC 40 a cédé 1,98%. Les marchés ont vécu dans la plus grande anxiété l'attente du vote du plan de sauvetage du système financier américain. L'annonce lundi soir du rejet par la Chambre des représentants de la première mouture concocté par le secrétaire américain au Trésor, Henri Paulson, a entraîné un plongeon sans précédent de Wall Street, avec un recul de 6,98% du Dow Jones et de 9,14% du Nasdaq. Du jamais vu, pas même après les attaques du 11 septembre. Une partie des républicains, effrayés par son montant astronomique, 700 milliards de dollars, soit plus de 2 000 dollars par contribuable, ont exigé la mise en place d'une solution moins coûteuse. Alors que les marchés commençaient à parier sur l'adoption d'un plan " modifié " par le Congrès, les statistiques publiées en fin de semaine dernière ont confirmé l'extrême fragilité de l'économie américaine. La contraction de l'activité dans le secteur industriel s'est de nouveau accélérée en septembre. L'indice des directeurs d'achats (ISM) a chuté à 43,5 contre 49,9 en août, une chute supérieure aux attentes des analystes, qui tablaient sur 49,5. L'économie américaine a détruit 159.000 emplois en septembre, nettement plus qu'attendu, accentuant la tendance à la contraction du marché du travail observée sans interruption depuis neuf mois. Le nombre des suppressions de postes est le plus élevé enregistré depuis mars 2003. Echangeant un mal pour un bien, le marché table désormais sur une baisse des taux de la Fed de 50 points de base lors de sa prochaine réunion, le 29 octobre. Vendredi, Wall Street a vécu un nouveau coup de théâtre : le rachat surprise de Wachovia, la quatrième banque américaine par la cinquième, Well Fargo, pour un montant d'environ 15,1 milliards de dollars en actions, contrant ainsi l'offre de reprise partielle de Citigroup. En se portant acquéreur de Wachovia sans l'aide du gouvernement, ce qui n'était pas le cas de sa rivale, Well Fargo, considérée comme l'une des banques américaines les plus prudemment gérée, a prouvé sa confiance dans le rétablissement du système bancaire américain. Malgré l'atonie de la croissance européenne et le ralentissement de l'inflation lié à au repli des prix de l'énergie, la BCE a décidé une nouvelle fois de laisser son principal taux directeur inchangé à 4,25%. Pourtant à la suite de la conférence de presse du président de la BCE, les marchés anticipent désormais une baisse des taux en novembre ou décembre. Ces anticipations se sont fait ressentir sur le marché des changes où l'euro a plongé à 1,3748 face au dollar, au plus de bas de 13 mois. Surtout, le mythe qui faisait de l'Europe un continent à l'abri de la tourmente s'est effondré brutalement lundi avec la nationalisation du britannique Bradford & Bingley, le sauvetage de l'allemand Hypo Real Estate par l'Etat fédéral et la nationalisation partielle du belgo-néerlandais Fortis par les pays du Benelux. L'augmentation de capital de 6,4 milliards d'euros organisée en urgence par la France, la Belgique et le Luxembourg pour secourir Dexia a ravivé les craintes de faillites des banques françaises. Le cours de la banque franco-belge accuse sur la semaine une baisse de 15,21%. A Paris, Dexia mis à part, le secteur financier a profité de ces mesures de sauvetage. Sur la semaine, Credit Agricole a gagné 6,49%, Natixis a gagné 5,88%, Société Générale 5,78%, BNP Paribas 4,23%. Natixis a flambé jeudi matin de plus de 12% sur une rumeur de retrait de la cote, rapidement démenti par son principal actionnaire, le groupe des Caisses d'épargne. Particulièrement malmené depuis le début de la crise financière, le titre Natixis a touché lundi un nouveau plus bas à 1,75 euros. Gérard Rameix, le secrétaire général de l'AMF, a par ailleurs annoncé avoir ouvert une enquête concernant la baisse du cours de Natixis lors de son augmentation de capital. Le titre avait chuté de plus d'un quart de sa valeur. Les regards se sont également tournés sur le secteur automobile. Alors que le mondial de l'Auto a ouvert ses portes à Paris, le P-DG de Valeo Morin a indiqué que les ventes de voitures allaient connaître un " coup d'arrêt " et que la conjoncture devrait se dégrader en 2009. Il a ajouté que les objectifs de Valeo à moyen terme étaient désormais " incertains ". L'équipementier automobile souhaitait jusqu'à présent porter sa marge opérationnelle à 6% du chiffre d'affaires d'ici 2010. De son côté, le directeur général de Ford, Alab Mulally, a déclaré n'anticiper aucune reprise du marché avant l'an 2010. En une semaine, le titre Valeo a chuté de 25,89%, Renault de 13,72%, Peugeot de 10,85% et Michelin de 6,24%. Le secteur des services pétroliers a également souffert. Vallourec a ainsi plongé de 17,91%, pâtissant d'avis négatif de brokers. Merrill Lynch a dégradé son opinion sur la valeur de Neutre à Sous-performance. Goldman Sachs a évoqué la surperformance significative du cours de Vallourec par rapport aux secteurs européens de l'acier et des services pétroliers. (P-J.L)