Beaucoup se demandaient ces dernières semaines si BNP Paribas allait enfin "sortir du bois". Après tout, la première banque française était apparue renforcée dans la tempête financière, avec une exposition minime, jusque-là, aux conséquences de la crise du crédit, et des résultats qui, s'ils baissent, restent haut perchés. Depuis ce week-end, l'établissement a choisi de passer à la vitesse supérieure en volant au secours de Fortis, dont le plan de sauvetage concocté par 3 Etats a capoté.
BNP Paribas va reprendre 75% de Fortis Belgium pour 8,25 Milliards d'Euros en titres, ainsi que les opérations belges d'assurance. S'y ajoutent Fortis Bank au Luxembourg, tandis que les actifs dits "toxiques" de la banque seront logés dans un véhicule ad hoc comprenant 10,4 MdsE de produits structurés. Ce véhicule sera à détenu à 24% par la Belgique, 10% par BNP Paribas et 66% par Fortis Groupe. L'Etat Belge devrait monter à 11,7% du capital de BNP Paribas. Une opération identique est menée avec le Luxembourg, qui sera à la tête de 1,1% du capital et conservera 33% des parts de Fortis Luxembourg. Selon 'L'Echo', la banque de Baudouin Prot mettrait également la main sur la filiale turque de Fortis et sur sa branche de gestion d'actifs. Les dirigeants de BNP Paribas ont confirmé dans une lettre aux salariés de Fortis qu'ils reprenaient les "réseaux internationaux".
"L'entrée dans le groupe BNP Paribas permet aux clients de Fortis, à ses employés et son réseau d'agents indépendants de rejoindre une des banques européennes les plus solides, avec une longue tradition de croissance par acquisitions menées dans le respect de la diversité des cultures. BNP Paribas est lui-même issu d'une fusion réussie qui lui a permis de mettre en place un modèle de développement original, dans lequel chaque nouvel apport fait évoluer l'ensemble. Et la longue histoire qui conduit au groupe actuel a débuté il y a près de deux siècles... en Belgique ! En effet la banque qui est à l'origine de Paribas a ouvert ses sièges d'Anvers (1827) et de Bruxelles (1836) avant son établissement de Paris (1846)", expliquent dans ce courrier Baudoin Prot et Michel Pébereau, avant d'ajouter "l'entrée de Fortis au sein de BNP Paribas fait du groupe le Numéro 1 de la zone euro par les montant des dépôts, lui donnant ainsi une stabilité et un accès à la liquidité sans équivalent en Europe". "Nous sommes pleinement mobilisés pour que l'entrée de Fortis dans le groupe BNP Paribas soit une réussite pour tous", concluent les deux dirigeants.
Aujourd'hui, la cotation des actions Fortis sera suspendue, le temps d'intégrer les derniers événements. BNP Paribas va préciser ultérieurement les modalités de financement de la reprise des actifs de Fortis Belgique. L'établissement français est paradoxalement, dans la débâcle des valeurs financières, le dossier qui a le mieux résisté parmi toutes les valeurs du CAC40 en 2008 jusque-là.
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