Une semaine de Bourse - Le temps de la capitulation

10/10/2008 - 18:59 - Option Finance

(AOF) - Les marchés boursiers mondiaux ont sombré dans le krach boursier au terme d'une semaine de débâcle. Après les journées noires de lundi, mercredi et vendredi, les indices ont en effet affiché des reculs dignes de la définition informelle du krach, avec une baisse de plus de 20% en quelques jours, qui justifie les comparaisons avec les crises de 1929 et 1987. Entraînés par la dégringolade de Wall Street (-21% vendredi à mi-séance), Paris s'est en effet effondré de 22%. Le même cauchemar s'est produit en Asie où l'indice Nikkei a plongé de 24% sur la semaine. Aux Etats-Unis, le Dow Jones évoluait vendredi soir autour des 8 000 points un an exactement après avoir atteint son record historique de 14 198 points. " Les marchés ont perdu tout repère ", estime Jean-Pierre Petit, chef économiste chez Exane BNP Paribas qui parle de " situation de capitulation ". Rien n'a pu retenir la chute des indices. Ni l'intervention coordonnée des principales banques centrales, dont la BCE et la Fed, décidée dans l'urgence mercredi, ni la mise en place du plan Paulson aux Etats-Unis de 700 milliards de dollars, ni même le plan britannique de 50 milliards de livres destiné à sauver les banques. Les investisseurs semblent considérer que la crise est mondiale et que ses effets seront tout aussi dévastateurs pour les systèmes financiers que pour les économies. Vendredi soir, seule une action massive de la part des sept pays les plus industrialisés (G7) qui devaient se réunir le jour même à Washington semblait à même de restaurer un semblant de confiance. A Paris, si aucune valeur n'a véritablement été épargnée par le krach, les secteurs financier, de l'énergie et des matières premières ont été sanctionnés à mesure que la menace d'une contagion de la crise financière à l'économie réelle se faisait plus pressante. Le secteur financier a une nouvelle fois été attaqué. Sur la semaine, Société Générale 27%, Axa et Crédit Agricole 26%. Le titre le plus sanctionné a été celui de la banque franco-belge Dexia (-30%). En cinq séances, l'action a perdu plus du tiers de sa capitalisation. Après l'octroi la semaine dernière d'une recapitalisation d'urgence de 6,4 milliards d'euros par les gouvernements belges, luxembourgeois et français, Dexia a reçu jeudi la garantie de ces trois Etats pour emprunter. "Cette garantie nous donne désormais le temps et les moyens de travailler", s'est d'ailleurs félicité Pierre Mariani, l'administrateur délégué à l'issue de cette décision. Un optimisme affiché qui n'a pas convaincu les analystes. Fitch a placé sous surveillance avec implication négative la note de solidité financière AAA de FSA, la filiale américaine de rehaussement de crédit de Dexia. Même les valeurs jugées défensives comme les utilities ont été emportées dans la débâcle. EDF a perdu 26%, Veolia 22%, Suez Environnement 15%. Mais c'est GDF Suez (-34%) qui accuse le repli le plus marqué. Dans un marché gouverné la peur, la proposition du ministre belge de l'Energie de plafonner les prix de l'électricité a fait l'effet d'une bombe. Certains brokers ont pourtant voulu relativiser la portée de cette annonce. Certes, concèdent les analystes, réguler les prix de l'électricité affectera le chiffre d'affaires de GDF Suez, très présent en Belgique à travers sa filiale Electrabel. Mais cette mesure est loin d'être adoptée. Credit Suisse a d'ailleurs intégré le titre au sein de sa " focus list " avec un objectif de cours de 46 euros. Le bureau d'études Credit Suisse a estimé que l'évaporation de 14 milliards d'euros de capitalisation n'était pas justifiée par les fondamentaux du groupe. La crainte d'une récession mondiale a fait plonger ArcelorMittal (-34%). En un mois, le titre du premier sidérurgiste mondial a perdu plus de la moitié de sa valeur. Le groupe de Lakshmi Mittal paye au prix fort les craintes du retournement du marché de l'acier. En quelques jours, le marché a révisé à la baisse ses estimations du prix de l'acier en raison de la situation préoccupante des économies occidentales et du repli marqué de la demande des pays émergents, contaminés par la crise financière actuelle. La crise a gagné les valeurs liées aux matières premières et au pétrole. Vallourec a lâché 23% sur la semaine, Total 22%, dans le sillage du repli des prix de l'or noir. Vendredi dernier, le brut léger américain est repassé sous la barre des 80 dollars pour la première fois depuis un an. Les investisseurs craignent une baisse de la demande en raison de la crise financière. A l'unisson des autres marchés, les marchés des métaux ont sombré dans la panique. Sur les deux dernières semaines, les contrats londoniens sur le cuivre ont fondu d'un tiers de leur valeur. Le cuivre à trois mois a touché les 4800 dollars la tonne, un plus bas depuis mars 2006. Le nickel a suivi la tendance pour le plus grand malheur d'Eramet (-25%).