LAFARGE pénalisé par un broker

15/10/2008 - 11:29 - Option Finance

(AOF) - Lafarge (-7,43% à 60,58 euros) partage avec Schneider Electric la dernière place du CAC 40 au moment où l'économie occidentale semble plonger en récession. Ce matin, JP Morgan a d'ailleurs réduit de 14 euros son objectif de cours sur le titre du fabricant de matériaux de construction pour refléter la baisse attendue de l'activité sur la quasi totalité des marchés. Face à la crise économique, l'implantation réussie de Lafarge sur les marchés prometteurs du Moyen-Orient via l'acquisition de l'égyptien Orascom Ciment ne suffit semble t-il plus à assurer au groupe les bonnes grâces des analystes. Selon une source de marché, JPMorgan a réduit ce matin son objectif de cours sur Lafarge de 105 à 91 euros tout en confirmant son opinion Neutre sur le titre. Le broker attend un ralentissement des volumes au troisième trimestre sur la plupart des marchés du groupe. En conséquence, les estimations de bénéfice par action ont été révisées à la baisse de 10,43 à 8,81 euros pour 2008 et de 11,09 à 9,30 euros pour 2009. Le bureau d'études souligne que ces prévisions n'intègrent pas le bénéfice que devrait retirer Lafarge de son prochain programme de réduction de coûts annoncé en principe le 1er décembre. JPMorgan reste Neutre sur le titre, indiquant que son objectif de cours est 39% supérieur au cours actuel du titre. Le potentiel de hausse de l'action est largement semblable à celui des huit fabricants de matériaux de construction (+45% en moyenne) suivis par la banque. Effectivement, les perspectives du secteur de la construction semblent fort moroses. En France par exemple, les permis de construire ont reculé d'environ 20% entre juin et août 2008, selon le ministère de l'Ecologie. Les derniers indicateurs macroéconomiques publiés des deux côtés de l'Atlantique ne laissent guère de doute sur l'entrée en récession de l'économie occidentale. En période de crise, les entreprises clientes confrontées à une panne de débouchés réduisent leurs investissements et choisissent au contraire de se désendetter. Ce mouvement est amplifié par la crise globale du crédit qui restreint considérablement les sources de financements de nouveaux projets et met parfois en suspens les projets en cours. Les économistes les plus optimistes espèrent une reprise de la croissance à la fin du premier semestre 2009. Depuis le début de l'année, le titre Lafarge a abandonné plus de la moitié de sa valeur. Une chute peut-être sévère. En rachetant en décembre dernier l'Egyptien Orascom Cement pour 8,8 milliards d'euros, le groupe dirigé par Bruno Lafont est devenu le leader de son secteur au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. Le groupe estime qu'à l'horizon 2010, 65% de ses résultats seront réalisés sur les marchés émergents, contre 45% actuellement. Pour de nombreux économistes, les pays émergents seront naturellement touchés par la récession occidentale. Cependant, les moteurs de la croissance mondiale que sont la Chine, l'Inde et l'Asie en générale devraient continuer d'afficher de solides performances dans les mois à venir. (P-J.L) (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, plâtre. Il est ainsi le numéro un mondial dans le ciment (principale activité du groupe, avec près de la moitié du chiffre d'affaires total), numéro deux mondial dans les granulats et béton et enfin numéro trois mondial dans le plâtre. En décembre 2007, Lafarge a racheté l'égyptien Orascom Cement pour 8,8 milliards d'euros. Le groupe devient le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. Présente dans le capital du cimentier français depuis février 2006 à hauteur de 6,5%, la holding d'Albert Frère a franchi en avril 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge pour détenir 18,60% du capital et 20,88% des droits de vote de cette société. En février 2008, Albert Frère a déclaré viser "les 25% du capital dans un délai plus ou moins long".

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, et plâtre. Le groupe bénéficie également de sa présence géographique sur tous les continents, ce qui lui permet de lisser les à-coups conjoncturels. - Compte tenu de ses fortes positions, Lafarge peut tenter de répercuter auprès de ses clients ses hausses de coûts. - Le groupe peut se prévaloir d'une trésorerie solide lui permettant d'envisager des acquisitions de petite et moyenne taille. - Albert Frère (GBL), un actionnaire réputé exigeant, a franchi en 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge. - Le dossier Lafarge présente un aspect spéculatif en raison de l'émiettement du capital du groupe dans une optique de consolidation du secteur. - Lafarge a changé de dimension en rachetant l'égyptien Orascom Cement. Il est devenu le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. En conséquence, le groupe a relevé ses objectifs de résultats pour 2010.

Les points faibles de la valeur

- La hausse du prix de l'énergie, ainsi que celle des prix du transport, pèsent sur la rentabilité du groupe.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Les groupes de matériaux sont dépendants de l'activité de la construction, fortement cyclique. A ce titre, leur activité est soumise à l'évolution du nombre des permis de construire et des mises en chantiers, qui sont eux-mêmes influencés par la conjoncture économique, le niveau des taux d'intérêts (coût du crédit) ou encore le climat. - Il faut également porter une attention particulière à l'évolution du prix de l'énergie, qui compte pour 25 à 30% des coûts de production du ciment. - L'appréciation de l'euro face au dollar est pénalisante même si les recettes en dollars sont adossées à des coûts en dollars.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Les entreprises de matériaux de construction souffrent généralement de trois facteurs : d'une baisse des volumes, liée au repli du marché du BTP en particulier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, d'une forte hausse des coûts énergétiques et des matières premières et, enfin, d'un effet de change négatif (pour les groupes européens). Ainsi Holcim, numéro deux mondial du ciment, a affiché, au cours du premier semestre, un bénéfice d'exploitation en retrait de 15,7% et un chiffre d'affaires en baisse de 4,4%. Les intervenants qui tirent leur épingle du jeu, dans un contexte déprimé, sont ceux qui ont misé sur les pays émergents, et qui ont mené des réductions de coûts drastiques, à l'instar de Lafarge. Le leader mondial des matériaux de construction a publié un résultat net hors éléments exceptionnels en hausse de 15% pour le premier semestre. Les performances du groupe sont tirées par les marchés émergents, qui ont bénéficié d'un bond de 53% de leurs résultats d'exploitation au premier semestre, et représentent désormais 67% des résultats de la branche ciment. Le groupe, qui est parvenu à accroître son objectif initial de 340 millions d'euros de réduction des coûts en 2008, annoncera un nouveau plan de restructuration en fin d'année. Quant à Ciments Français, moins présent dans les pays émergents, et donc plus exposé aux difficultés des marchés matures, son résultat net part du groupe a fléchi de 20,1% à 181 millions, sur la première partie de l'année.