Tensions entre GDF SUEZ et l'Etat belge

15/10/2008 - 16:17 - Option Finance

(AOF) - En décidant de mettre à contribution GDF Suez pour boucler le budget 2009 à l'équilibre, le gouvernement belge a fini d'agacer la direction du nouveau géant de l'énergie. Jeudi dernier, l'annonce d'un possible plafonnement des tarifs de l'électricité et du gaz avait entraîné la chute du titre et la réaction indignée, quarante huit heures plus tard, d'un groupe "confronté à un environnement financier difficile", selon le communiqué. Cette fois-ci, la communication de GDF Suez a été plus prompte à réagir. Dès mardi soir, la société dirigée par Gérard Mestrallet a prévenu le gouvernement d'Yves Leterme qu'il "saisirait la Cour constitutionnelle d'une demande en annulation", si le Parlement adoptait ce projet de loi visant à imposer une contribution de 250 millions d'euros au groupe pour l'exercice 2008. Electrabel, filiale à 100% de GDF Suez domine largement la filière électro-nucléaire belge. A ce titre, elle devrait verser 90% de ce montant. L'autre compagnie, la SPE, les 10% restants. Pour GDF Suez, "le principe même de cette mesure est contestable" notamment parce qu'elle serait "discriminatoire" en frappant que les deux producteurs d'électricité nucléaire, et son montant serait "disproportionné". En outre, elle violerait le principe de "confiance" puisqu'elle serait contraire au cadre général de l'accord passé avec l'Etat belge à l'automne 2006, au terme duquel Suez consentait notamment à rétrocéder une part de sa production d'électricité à d'autres producteurs. Les prétentions du gouvernement belge ne s'arrêtent pas là puisqu'il envisage de réclamer au titre du budget 2009 500 millions d'euros supplémentaires aux acteurs du secteur (250 millions à Electrabel, 250 millions à SPE), pour approvisionner "un fonds pour les réductions de consommation". Soucieuse d'éviter un conflit, la direction de GDF Suez n'a pas hésité à demander une entrevue au Premier ministre avant d'"arrêter son attitude (...) tant au niveau juridique qu'en matière de stratégie industrielle". (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

GDF Suez est issue de la fusion réalisée le 22 juillet 2008, après deux ans et demi de longues fiançailles, entre Gaz de France et Suez. Le groupe présidé par Gérard Mestrallet, secondé par Jean-François Cirelli, constitue le leader européen dans le secteur de l'électricité et du gaz en termes de chiffre d'affaires : 74,3 milliards d'euros en 2007, contre 69 milliards pour E.ON et 60 milliards pour EDF. Le groupe compte 196 500 collaborateurs. Coté à Bruxelles, Luxembourg et Paris, GDF SUEZ est représenté dans les principaux indices internationaux : CAC 40, BEL 20, DJ Stoxx 50, DJ Euro Stoxx 50, Euronext 100, FTSE Eurotop 100, MSCI Europe et ASPI Eurozone.L'Etat français est le premier actionnaire du groupe avec 35,7% du capital devant le Groupe Bruxelles Lambert (5,3% du capital).La capitalisation boursière de GDF Suez au moment de sa première cotation (96 milliards d'euros) lui garantissait la deuxième place du CAC 40 derrière Total mais devant EDF.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

-GDF Suez bénéficie de perspectives de croissance intéressantes sur un marché porteur et bénéficie d'une structure financière saine. - Selon les investisseurs, le groupe incarne une stratégie énergétique gagnante bâtie sur la convergence du gaz et de l'électricité. - La fusion devrait permettre à la société dé dégager à terme 1 milliard d'euros d'économie par an. -La fusion permet à GDF Suez de prendre du poids dans certains grands indices boursiers, ce qui entraîne l'achat du titre par les fonds dont la gestion réplique la composition de ces indices. -Un ambitieux programme d'investissement -10 milliards d'euros par an- afin d'atteindre les 100 gigawatts se capacités électriques installées.

Les points faibles de la valeur

-Le positionnement domestique de GDF le rend vulnérable aux tendances de l'activité économique française. - La tarification de GDF est pour l'instant toujours régulée et dépend des décisions de l'Etat. Or, le groupe achète la vaste majorité du gaz qu'il vend et toute hausse de ses coûts d'approvisionnement non répercutée dans ses prix de vente ampute ses profits. Et, le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Pour les analystes, le nouvel ensemble GDF-Suez offre une action intéressante. GDF-Suez combine en effet une croissance à deux chiffres des résultats, des multiples inférieurs à ceux du secteur, un faible taux d'endettement et un Ebitda qui s'appuie à près d'un tiers sur des activités réglementées et donc peu risquées. - La perspective que les tarifs réglementés du gaz deviennent inférieurs aux prix du marché effraie régulièrement les investisseurs. Les hausses de prix du gaz décidées par l'Etat sont donc à surveiller.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), un an après l'ouverture du marché de l'énergie, seulement 300000 particuliers et petits professionnels ont changé d'opérateur. Ce chiffre est très faible comparé aux 29,5 millions de consommateurs d'énergie. Le maintien des tarifs réglementés et la possibilité de revenir à ces tarifs pour les Français qui ont testé d'autres opérateurs, permettent à EDF de limiter la concurrence. Gaz de France doit, en revanche, affronter des nouveaux entrants, fournisseurs alternatifs dans le gaz. L'entreprise a mené une politique commerciale dynamique visant à fidéliser ses 11 millions de clients. Il s'agit de leur garantir un service de qualité et une offre duale électricité-gaz qui soit intéressante. Cette politique lui a permis de gagner 290000 clients dans l'électricité selon ses dirigeants. Néanmoins la nouvelle entité, GDF-Suez, dispose encore de capacités de production limitées dans l'électricité. Détenir ses propres capacités de production dans l'électricité de pointe (avec les centrales à gaz ou hydrauliques par exemple) est pourtant un atout non négligeable pour pouvoir procéder à des échanges contre de l'électricité de base (nucléaire). Les nouveaux entrants, comme l'opérateur Poweo, qui a conforté sa place de troisième opérateur français à fin juillet, mènent déjà cette politique.