Une semaine de Bourse - Les marchés ont résisté à l'appel du vide

17/10/2008 - 19:05 - Option Finance

(AOF) - Les marchés boursiers mondiaux se sont redressés malgré une volatilité record. Dans le sillage du Dow Jones, en hausse de près de 6% vendredi à mi-séance, le CAC 40 a gagné 4,83% la semaine dernière après quatre semaines consécutives de net repli. Les marchés ont été tiraillés entre la menace d'une récession mondiale et des rachats à bon compte. Mercredi, Wall Street a connu sa pire chute depuis 1987 (-7,87%). Signe de la forte inquiétude des investisseurs, l'indice de volatilité VIX a atteint jeudi un plus haut historique à 81. En Europe, après une hausse record en début de semaine (+11,18% pour le CAC 40 lundi), les marchés ont plongé à la suite de la publication d'une batterie de statistiques très décevantes. Pour expliquer cette extrême instabilité, les stratégistes ont également évoqué la fragilité des fonds d'investissement, obligés de liquider leurs actifs en catastrophe. Autre symptôme de la crise, le marché pétrolier s'est effondré. Le brut léger américain est tombé jeudi sous la barre des 70 dollars, pour la première fois depuis août 2007. Affecté par le ralentissement de l'économie, il accuse une perte de plus de 50% depuis son record absolu de 147 dollars inscrit le 11 juillet. Goldman Sachs anticipe désormais à court-moyen terme un baril à 50 dollars si la crise économique se prolonge. Dans ce contexte déflationniste, l'Opep a décidé d'avancer au 24 octobre sa réunion extraordinaire pour examiner la situation du marché pétrolier à la lumière de la crise financière. A Paris, les secteurs jugés défensifs comme la grande distribution, les télécoms ou la pharmacie ont été recherchés face au secteur financier toujours fragile et aux valeurs plus cycliques. Les opérateurs télécoms ont regagné les faveurs des marchés. En hausse de 21% à 20,49 euros sur la semaine, le titre France Télécom affiche l'une des meilleures performances du CAC 40. Pour nombre d'analystes, la résistance de l'opérateur télécom historique à la sinistrose actuelle s'explique en grande partie par la bonne visibilité sur les revenus et les marges du groupe, la plupart des activités engendrant des revenus récurrents. Le titre a également profité d'une information de presse selon laquelle le gouvernement s'apprêterait à enterrer la quatrième licence de téléphonie mobile de troisième génération (3G). Ce serait donc le risque d'une concurrence plus vive qui disparaîtrait pour les possesseurs des trois licences : Orange, SFR et Bouygues Telecom. Les craintes d'une récession mondiale ont remis d'actualité les qualités défensives du secteur pharmaceutique européen et plus particulièrement de Sanofi-Aventis. En une semaine, le titre du quatrième laboratoire français affiche une progression de plus de 17%. Jeudi, Merrill Lynch a relevé sa recommandation sur le titre de Vente à Achat avec un objectif de cours inchangé à 48 euros. Mieux, le broker a ajouté le groupe à sa " liste 1 des valeurs européennes conseillées ". Le titre se négociait il y a quelques jours en dessous du niveau de 42 euros attaché au pire scénario établi par le bureau d'études. A contrario, le secteur de la construction et des matériaux en Europe est touché de plein fouet par la crise économique. Lafarge a perdu près de 4,5% de sa valeur en une semaine. L'implantation réussie du cimentier sur les marchés prometteurs du Moyen-Orient via l'acquisition de l'égyptien Orascom Ciment ne suffit plus à assurer au groupe la confiance des investisseurs. JP Morgan a d'ailleurs réduit de 14 euros à 91 euros son objectif de cours sur le titre pour refléter la baisse attendue de l'activité sur la quasi-totalité des marchés. L'avertissement sur résultats lancé en fin de semaine par Accor a souligné la sensibilité du secteur hôtelier à la conjoncture. Evoquant le " ralentissement économique mondial ", le groupe a réduit son objectif de résultat avant impôt et éléments non récurrents entre 870 et 890 millions d'euros, contre 910 à 930 millions précédemment. JP Morgan a dégradé son objectif de cours sur le titre, passant de 46 à 40 euros avec une recommandation Neutre. La forte hausse des marchés en début de semaine permet cependant au titre, en baisse de près de4% vendredi, de terminer la semaine sur une hausse de 0,83%. Le reflux des prix du pétrole a lourdement pénalisé le secteur des services pétroliers. Technip accuse une baisse de près de 15%, Vallourec de 10,5% et CGG Veritas de 13,4%. Morgan Stanley a dégradé sa recommandation sur le spécialiste mondial de la recherche sismique de Surpondérer à Sous-pondérer en portefeuille avec un objectif de cours de 19 euros contre 36 euros auparavant. L'activité de recherche sismique est en effet l'un des premiers investissements dont les compagnies pétrolières affectées par la baisse de des cours du brut peuvent se priver sans compromettre leurs activités de court terme, a estimé la banque américaine. (P-J.L)