SAINT GOBAIN révise ses objectifs

22/10/2008 - 18:17 - Option Finance

(AOF) - Le chiffre d'affaires consolidé de Saint-Gobain sur les 9 premiers mois de 2008 s'est élevé à 33 435 millions d'euros, contre 32 630 millions d'euros sur les 9 premiers mois de 2007, soit une augmentation de 2,5% à structure réelle et de 5,6% à taux de change comparables. "L'évolution du périmètre représente, sur cette période, une augmentation de 3,1% du chiffre d'affaires, compensée par un effet de change négatif sensiblement équivalent (-3,0%), dû notamment à l'affaiblissement du dollar américain et de la livre sterling", précise le groupe. Au troisième trimestre, la croissance interne du groupe ressort à +2,8% (dont +3,8% en prix et -1% en volumes). "Le marché de la construction résidentielle aux Etats-Unis a bénéficié, au troisième trimestre, d'une base de comparaison favorable et d'un rebond ponctuel des activités de rénovation liées aux produits de bardage et de toiture. En Europe occidentale, l'activité s'est contractée au troisième trimestre, avec une décélération en volumes dans la plupart des pays, et une récession qui s'est confirmée et accentuée en Espagne et en Grande-Bretagne", explique Saint-Gobain. Dans "un contexte de visibilité réduite", le groupe indique qu'ilanticipe une évolution défavorable de ses volumes d'activité au quatrième trimestre en Europe occidentale (en particulier au Royaume-Uni et en Espagne) et, dans une moindre mesure, en Europe de l'Est. Il revoit par conséquent à la baisse ses hypothèses et s'attend à être "légèrement en-dessous des objectifs 2008 annoncés fin juillet" (résultat d'exploitation à taux de change constants et résultat net courant proches des niveaux élevés de 2007). (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Saint-Gobain est un groupe industriel organisé en cinq pôles opérationnels: la distribution bâtiment, les matériaux haute performance (céramiques & plastiques, abrasifs et renforcement), le vitrage, le conditionnement et les produits pour la construction (matériaux de construction, isolation et canalisation). Saint-Gobain est de plus le premier verrier mondial. Présent dans 49 pays à travers le monde, Saint-Gobain est l'un des cent premiers groupes industriels mondiaux. En 2005, au terme d'une bataille acharnée de quatre mois, Saint-Gobain a finalement réussi son OPA sur le numéro un mondial du placoplâtre, le britannique BPB, pour un montant de 5,8 milliards d'euros. Il s'agit de la plus importante acquisition de son histoire. Ce leader mondial des matériau, véritable poids de lourd de 35 milliards d'euros -capitalisation et dettes comprises-, a suscité de nombreuses spéculations en 2006. Une rumeur de rachat par Lafarge puis de Leverage Buy Out (LBO) lancé par un fonds d'investissement avait déjà dopé le titre en 2006. Deux opérations qui n'ont jamais eu lieu.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- La distribution est devenue la plus importante division du groupe en termes de revenus. Elle génère un flux de cash stable pour une intensité en capital plus faible que les autres divisions du groupe. - Pierre-André de CHALENDAR a succédé à Jean-Louis BEFFA comme Directeur Général en juin 2007. Les analystes espèrent du nouveau management une meilleure discipline financière et la création de valeur. - Saint-Gobain est régulièrement la cible de rumeurs d'OPA. - La variété de ses marchés finaux (automobile, bâtiment, aménagement de la maison, etc.) rend Saint-Gobain moins sensible aux aléas économiques et lui assure une certaine récurrence des revenus. - Saint-Gobain sous-performe le marché depuis plusieurs années. En 2006, l'action a progressé de 26,7% contre + 35,9% pour l'indice DJ Stoxx Construction. Le titre amorce son rattrapage depuis 2007. Les bureaux d'études semblent commencer juste à intégrer la stratégie du groupe concentré autour de trois branches : les produits pour la construction, les matériaux innovants et la distribution pour le bâtiment. - Saint-Gobain pourrait céder son pôle conditionnement afin d'achever son positionnement sur les métiers de la construction. Les analystes en attendent un produit de vente entre 4,5 et 5 milliards d'euros. - Le groupe a porté ses objectifs de rentabilité de capitaux investis de 22% à 25% d'ici 2010. Un plan d'économie de 300 millions sur trois ans a été annoncé.

Les points faibles de la valeur

- Saint-Gobain doit faire face à la hausse des coûts énergétiques et au déclin du marché du logement américain. - Le groupe a été handicapé par les procès aux Etats-Unis mettant en cause sa responsabilité dans le domaine de l'amiante. - Les bureaux d'études ont reproché à Saint-Gobain son "mix business" trop proche d'un conglomérat, avec un portefeuille d'activité trop important. - La commission européenne a lancé en avril 2007 une procédure contre plusieurs fabricants de verre automobile, dont Saint-Gobain, qu'elle soupçonne de cartel. Le français a rapidement passé dans ses comptes du premier semestre une provision de 650 millions d'euros pour faire face aux futures amendes. Le jugement final de cette affaire devrait cependant être tardif, éloignant ainsi la perspective d'une sortie effective de cash.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Les cours des matières premières qui sont à la base des produits de Saint-Gobain doivent être surveillés. - L'évolution du cours de Saint-Gobain est liée à celle du secteur de la construction. Il faut donc suivre de près les indicateurs du bâtiment (mises en chantiers, permis de construire…). - La cession du pôle conditionnement est partculièrement attendue par les marchés.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Les entreprises de matériaux de construction souffrent généralement de trois facteurs : d'une baisse des volumes, liée au repli du marché du BTP en particulier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, d'une forte hausse des coûts énergétiques et des matières premières et, enfin, d'un effet de change négatif (pour les groupes européens). Ainsi Holcim, numéro deux mondial du ciment, a affiché, au cours du premier semestre, un bénéfice d'exploitation en retrait de 15,7% et un chiffre d'affaires en baisse de 4,4%. Les intervenants qui tirent leur épingle du jeu, dans un contexte déprimé, sont ceux qui ont misé sur les pays émergents, et qui ont mené des réductions de coûts drastiques, à l'instar de Lafarge. Le leader mondial des matériaux de construction a publié un résultat net hors éléments exceptionnels en hausse de 15% pour le premier semestre. Les performances du groupe sont tirées par les marchés émergents, qui ont bénéficié d'un bond de 53% de leurs résultats d'exploitation au premier semestre, et représentent désormais 67% des résultats de la branche ciment. Le groupe, qui est parvenu à accroître son objectif initial de 340 millions d'euros de réduction des coûts en 2008, annoncera un nouveau plan de restructuration en fin d'année. Quant à Ciments Français, moins présent dans les pays émergents, et donc plus exposé aux difficultés des marchés matures, son résultat net part du groupe a fléchi de 20,1% à 181 millions, sur la première partie de l'année.