Le secteur de l'automobile français est en crise

24/10/2008 - 18:46 - Option Finance

(AOF) - Rien ne va décidément plus pour l'industrie automobile française. Renault et PSA ont lancé tous deux un profit warning. Peugeot prévoit désormais un recul de 3,5% de ses ventes mondiales et une marge opérationnelle consolidée autour de 1,3 % cette année, alors qu'il tablait auparavant sur une marge de 3,5%. De son côté Renault a reconnu qu'il n'atteindrait pas 4,5% de marge en 2008. " La crise est là ", a concédé Patrick Pélata, le directeur général de Renault. A la Bourse de Paris, l'action Peugeot a chuté de près de 11% en une semaine, Renault de 22%. Au troisième trimestre, PSA a vu ses ventes chuter de 5,2% à 13,3 milliards d'euros. A elle seule, la division automobile de PSA a enregistré une baisse de 7,1% à 10,2 milliards d'euros. Rien d'étonnant à ce que la crise financière ait particulièrement impacté le secteur, quand on sait qu'en France, deux voitures sur trois sont achetées à crédit. La flambée des matières premières entraînant la hausse des coûts de production n'a évidemment rien arrangé. En Europe occidentale, le marché a reculé de 10,7%, alors que Peugeot y réalise l'essentiel de ses ventes. Parallèlement, la croissance s'est ralentie dans les zones de développement. Pour faire face à cette débâcle, le groupe a décidé de réduire sa production, expliquant que la gestion du cash était "une priorité essentielle". "Nous avons réagi très rapidement en prenant des mesures exceptionnelles pour réduire la production, même si cela se fera logiquement au détriment de la marge opérationnelle de 2008. Les réductions de production seront ainsi massives au 4ème trimestre, car il est essentiel que le groupe soit en bonne position pour aborder l'année 2009", a indiqué Christian Streiff, président de PSA Peugeot Citroën. Le dirigeant entend également mettre en place des augmentations de tarifs et procéder au "renforcement et développement du programme CAP 2010". Les perspectives du constructeur n'ont guère de quoi rassurer les investisseurs. Peugeot anticipe en effet "un très fort recul du marché automobile d'Europe occidentale de l'ordre de 17 % au quatrième trimestre 2008 et de 8 % sur l'ensemble de l'année 2008". La croissance des marchés dans les zones prioritaires de développement du groupe devrait quant à elle ralentir significativement pour se situer autour de 10 % en 2008. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

PSA Peugeot Citroën est le deuxième constructeur automobile européen et le premier constructeur français devant Renault. Outre ses deux marques généralistes Peugeot et Citroën, le groupe comprend également : - un équipementier, Faurecia, leader européen et numéro 2 mondial dans la plupart de ses métiers (sièges, échappements,…) - Gefco, entreprise de transport et de logistique, 2ème en France dans son domaine - des sociétés de financement fédérées par la Banque PSA Finance - Peugeot Motocycles (scooters et cyclomoteurs de 50 à 125 cm3), 3ème constructeur européen - Peugeot Citroën Moteurs (PCM) pour la vente de moteurs et de boîtes de vitesses à des clients extérieurs au Groupe - Process Conception Ingénierie (PCI) pour la conception et la réalisation d'équipements industriels pour le Groupe et d'autres constructeurs mondiaux. Attachée à son indépendance, la société est l'une des dernières où la famille fondatrice est restée aux commandes. La marque au lion emploie 211 750 personnes.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Avec le plan Cap 2010, le nouveau président Christian Streiff mène une politique volontariste de réductions des coûts et des effectifs qui devrait améliorer la rentabilité du groupe . - PSA a renoué avec la croissance en 2007. Il a profité du rebond des ventes en Europe grâce à l'impact en année pleine de la 207, qui a enregistré 521000 ventes contre 308 000 en 2006, du monospace C4 Picasso vendu à plus de 200 000 unités et des nouveaux 4x4 (4007 et C-Croser). - Le groupe est peu exposé au marché américain et au dollar, ce qui en fait une valeur défensive. -La tendance des consommateurs à privilégier des véhicules respectueux de l'environnement devrait aussi jouer en faveur de Peugeot.

Les points faibles de la valeur

- Environ 66% du chiffre d'affaires est réalisé en Europe de l'Ouest, qui souffre actuellement d'un ralentissement économique. Le groupe investit cependant sur les marchés d'Europe centrale, d'Amérique du Sud et en Chine, où le style européen est bien reçu. -Peugeot n'est que le huitième constructeur mondial. Certains analystes estiment qu'il doit encore atteindre une taille critique, dans une industrie où les volumes d'achats et l'amortissement des coûts fixes sont essentiels. - Le groupe, comme ses concurrents, souffre de la hausse du prix des matières premières.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Pour suivre PSA, il est bien sûr indispensable de suivre l'évolution du marché automobile, qui connaît une concurrence sévère, notamment des constructeurs asiatiques qui gagnent régulièrement des parts de marché. - Les taux d'intérêt jouent aussi leur rôle dans l'évolution des ventes d'automobiles. Quand ils baissent, le coût du crédit pour les particuliers se bonifie, ce qui relance leur capacité d'emprunt, et donc la consommation. - Le secteur doit faire face à une importante rupture technologique, avec les nouvelles motorisations électriques et hybrides, ce qui devrait modifier le paysage concurrentiel dans les prochaines années. - Dans une activité fortement consommatrice de main d'oeuvre, les évolutions sociales doivent être observées avec attention. - Enfin, dans un contexte de guerre des prix, il convient de suivre la politique commerciale des différents constructeurs, notamment en matière de remises.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobiles - Constructeurs

Les trois grands groupes américains (GM, Ford et Chrysler) se sont tournés vers le Congrès et la Maison-Blanche pour obtenir un soutien financier sous forme de prêts à taux préférentiel. Cela permettrait aux " big three " de transformer et moderniser leurs usines pour développer la fabrication de véhicules économes en carburant. L'évolution de leur offre est aujourd'hui nécessaire pour ces constructeurs. Trop dépendants du marché américain, sur lequel ils réalisent la moitié de leur activité, ils sont frappés de plein fouet par un recul de la demande. Certains analystes anticipent cette année des ventes d'automobiles aux Etats-Unis comprises entre 14 et 14,5 millions d'exemplaires contre 16,1 millions en 2007. GM a déjà annoncé la prochaine commercialisation aux États-Unis de nouveaux véhicules consommant moins. Quant à Ford, il mise sur les petits modèles pour assurer son développement.