La Société Générale a avancé à ce matin la publication de ses résultats trimestriels, pour couper court aux multiples rumeurs qui circulaient sur le marché depuis quelques semaines, notamment les soupçons de pertes importantes dans certaines activités. Contrairement à plusieurs de ses homologues Européennes qui ont déjà publié leurs comptes sur la période, l'établissement désormais dirigé par Frédéric Oudéa reste bénéficiaire, avec un profit de 183 Millions d'Euros. Ces bénéfices marquent cependant un recul de 84% sur ce qui avait été réalisé un an avant. En période difficile, la Société Générale est parvenue à dégager 1,9 Milliard d'Euros sur les neuf premiers mois de l'exercice, signe que les établissements bancaires, secoués dans leurs bilans, sont toujours en mesure de réaliser de gros profits.
Pourtant les chiffres publiés ce matin démontrent que la période faste est terminée pour le secteur. En 2007, la banque avait réalisé un bénéfice net de 4,16 Milliards d'Euros hors la perte record essuyée sur les positions du désormais fameux "trader" Jérôme Kerviel. En 2006, le profit annuel ressortait à 5,22 Milliards d'Euros. Désormais, il faut compter avec la récession et la montée du coût du risque, resté pendant plusieurs années anormalement bas. La Société Générale est de surcroît poursuivie par ses positions perdantes issues du grand chamboulement sur les marchés financiers. Ainsi sur le trimestre courant de juillet à septembre, l'établissement a encore enregistré 1,2 Milliard d'Euros de dépréciations sur les actifs détenus en portefeuille, ce qui porte à 7,1 Milliards d'Euros les dépréciations et pertes de crédit comptabilisées depuis le début de la crise. Avoir laissé couler Lehman Brothers, une erreur stratégique des autorités américaines selon de nombreux spécialistes, aura coûté sur le trimestre 447 Millions d'Euros à la SG. Au total, le niveau des dépréciations n'est sans doute ni pire, ni meilleur que ce à quoi sont confrontées les autres banques, mais cela démontre que les remous ne sont pas terminés dans le compartiment financier.
Pour le reste, les analystes auront noté le triplement du "coût du risque", c'est-à-dire les réserves comptables constituées pour compenser l'impact présumé des clients défaillants. Les résultats sont au final en-deçà de ce qu'espéraient les bureaux d'études, mais force est de constater que tout le monde est soulagé par l'absence des lourdes pertes que d'insistantes rumeurs prédisaient. Nulle trace, par exemple, d'un gouffre de trading sur les actions Volkswagen (la branche trading est d'ailleurs, c'est une surprise, bénéficiaire) alors que cette "affaire" avait largement été médiatisée. Pourtant pas d'euphorie. "Ces résultats témoignent de l'entrée de la banque dans la récession", commente ainsi l'analyste Pierre Chédeville, du CM-CIC Securities, qui conserve cependant une opinion positive sur le dossier, "car la banque a montré sa capacité de manoeuvre, en trading notamment et le cours actuel reflétait selon nous la crainte d'une catastrophe qui n'est pas avérée".
La Société Générale estime pour sa part que son niveau actuel de solvabilité "lui permet de poursuivre sa stratégie en dépit d'un environnement difficile". La direction promet qu'elle va continuer à réduire son exposition aux segments les plus risqués du marché. Elle s'est également engagée, en échange du soutien public au secteur, à faire croître de 4% ses encours de crédit à l'économie française en 2009, contre "3 à 4% pour l'ensemble des banques".
A Paris en fin de matinée, l'action s'adjuge 1,9% non loin des 43 Euros.
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