La Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé, hier, de réduire son principal taux directeur de 50 points de base, à 3,25%. Une initiative qui était attendue par les marchés et par plusieurs Etats européens afin de tenter de remettre de l'huile dans les rouages du système financier, réactiver l'investissement des entreprises, mais aussi relancer une certaine forme d'accès au crédit pour les particulier... Paradoxalement, au lieu de se réjouir d'avoir eu gain de cause, les marchés financiers ont vécu hier une nouvelle séance noire après cette décision d'assouplissement monétaire de la BCE : Paris a ainsi décroché de -6,3%, à l'image de la plupart des autres places boursières du vieux continent, en chute de 5 à 7% en moyenne.
Pourtant, le discours du Gouverneur de la Banque Centrale Européenne n'était pas forcément rigide... Jean-Claude Trichet a en effet laissé la porte ouverte à une poursuite de l'inflexion de la politique de la BCE : "Je n'exclus pas que nous puissions réduire de nouveau les taux, mais nous ne sommes engagés d'avance à rien, et nous ferons ce qui est nécessaire, tenant compte de la situation telle qu'elle se développera et se présentera à nous progressivement" a déclaré le Gouverneur de la BCE.
Reste que le marché avait besoin de signes forts, d'autant que, dans le même temps, la Bank Of England (BOE) a baissé de façon spectaculaire son taux directeur de 150 points de base, histoire de bien marquer les esprits face à une situation économique qui se dégrade à vue d'oeil outre-Manche... Une mesure inédite pour un coût du crédit revenu désormais au plus bas depuis... 1955 sur le territoire britannique.
Certes, il n'est pas dans la nature de la BCE de se laisser aller à des décisions 'spectacle', mais il est clair que le marché aurait aimé être surpris hier... Au contraire, face à ce geste largement anticipé, les boursiers ont "vendu la nouvelle". La forte dégradation des prévisions de croissance du Fonds Monétaire International (FMI) a aussi contribué à peser sur la tendance, comme les nouveaux débouclages de positions spéculatives de certains fonds qui ont appuyé sans discernement sur les grandes valeurs de la cote... Ces mouvements de 'hedge funds' ont largement contribué à alimenter une volatilité qui est remontée en flèche en cette fin de semaine, de quoi désorienter plus d'un investisseur... Du coup, ce matin, les 'warnings' de Ciments Français et de Lafarge se traduisent par des réactions... à la hausse sur ces deux titres qui venaient de chuter de façon vertigineuse. Le rebond de 4% de Lafarge est ainsi à remettre en ligne avec une correction de la valeur de 40% en deux mois, Ciments Français ayant perdu dans le même temps pas moins de 50%.
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