EXCLUSIF AOF : Nicolas Dufourcq, DG adjoint Finances de CAPGEMINI

13/11/2008 - 11:58 - Option Finance

(AOF) - Capgemini a publié ce matin un chiffre d'affaires de 2,098 milliards d'euros et une croissance organique de 6,1% au titre du troisième trimestre. Le spécialiste des services informatiques et du conseil a également confirmé ses objectifs 2008. Nicolas Dufourcq, directeur général adjoint en charge des Finances de Capgemini, a commenté pour AOF la performance de la société sur cette période et évoqué ses perspectives.

L'AGENCE OPTION FINANCE: Quels sont vos commentaires sur le chiffre d'affaires que vous venez de publier et sur l'environnement dans lequel il a été réalisé ?

Nicolas Dufourcq :

Nous avons réalisé au troisième trimestre une croissance soutenue de 6,1% à taux et périmètre constants, malgré un environnement incertain. L'ensemble des métiers du groupe ont poursuivi leur progression : le Conseil et l'Intégration de Systèmes ont enregistré une croissance modérée (+1,6% et +3,0% respectivement), l'Infogérance a connu une progression soutenue de 8,6% et les services de proximité ont réalisé la meilleure performance avec +10,0%.

AOF: Comment voyez-vous les prochains trimestres dans vos secteurs d'activité ?

Nicolas Dufourcq :

Pour résumer la manière dont nous abordons les mois à venir, je dirais que nous sommes à la fois vigilants, confiants et conquérants, au service de nos clients. Vigilants parce que les conditions de marché se sont durcies. Confiants parce que le groupe dispose de solides atouts, notamment un fort levier offshore et des revenus récurrents importants issus de ses contrats en infogérance et dans le secteur public. Et conquérants car nous pensons que ceux qui sauront s'adapter au mieux aux attentes des clients gagneront des parts de marché.

AOF: Quelles sont vos marges de manoeuvre pour amortir l'impact du ralentissement économique sur vos comptes ?

Nicolas Dufourcq :

Je voudrais d'abord souligner que le contexte économique actuel est différent de celui de la précédente crise : les investissements en informatique ont progressé de manière raisonnable au cours des quatre dernières années et les prix sont restés stables. Nos clients, quel que soit leur secteur d'activité, ont plus que jamais besoin d'informatique et de conseil pour mener à bien leur transformation. Certaines zones géographiques à la périphérie du groupe ont cependant été touchées par les effets du ralentissement économique, mais nous avons d'ores et déjà pris des mesures pour en limiter l'impact, comme la limitation des recrutements ou la baisse du recours à la sous-traitance. Cela dit, nous avons considérablement amélioré notre résilience, c'est-à-dire notre capacité à mieux encaisser un retournement du marché.

AOF: Comptez vous mettre à profit cette période pour renforcer certaines de vos activités par des opérations de croissance externe ?

Nicolas Dufourcq :

Notre priorité n°1 est de poursuivre notre transformation autour du plan i3 (pour industrialisation, innovation, intimité). Nous allons ainsi continuer de développer nos effectifs offshore qui représentent aujourd'hui 27% des collaborateurs du groupe, avec 24 000 collaborateurs. Nous avons aussi décidé de renforcer notre activité Conseil en créant une unité " Capgemini Consulting ". En outre, nous pensons que par temps de crise économique le cash est un atout précieux que nous entendons conserver. Propos recueillis par Christophe Jégu. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Le groupe, qui a pris le nom de Capgemini le 15 avril 2004, est aujourd'hui l'un des leaders mondiaux du conseil en management et des services informatiques. Présent dans plus de 30 pays, Capgemini propose à ses clients une gamme complète de prestations organisées autour de quatre métiers : le conseil en management, l'intégration de systèmes et applications informatiques, l'infogérance et les services informatiques de proximité. Le groupe a pris le contrôle de Ernst & Young Consulting en 2000, de Transiciel en 2003 et de Kanbay en 2006.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Le rachat de l'indien Kanbay a permis à Capgemini de prendre une longueur d'avance sur ses concurrents européens dans le domaine de l'offshore. Grâce à cette opération, le groupe a renforcé ses effectifs dans les pays à bas coûts. - La montée en puissance de l'activité Infogérance aux revenus récurrents devrait protéger Capgemini des retournements de cycle. - Les investisseurs disposent d'une bonne visibilité sur l'amélioration des marges. En 2008, la marge opérationnelle devrait atteindre 8,5%. - En Europe, le groupe bénéficie d'une exposition plus diversifiée que ses pairs tant en termes de métiers que géographiques.

Les points faibles de la valeur

- L'acquisition de Kanbay a accru l'exposition de Capgemini au secteur financier américain, qui est affecté par la crise du "subprime ". - L'activité d'Infogérance monte certes en puissance, mais sa rentabilité n'est pas encore à la hauteur. - La faiblesse de livre sterling par rapport à l'euro pourrait impacter ses résultats car le groupe réalise environ un quart de ses ventes outre-Manche.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Comme toute SSII, les budgets informatiques consacrés par les entreprises, l'effectif et les taux d'intercontrats sont des indicateurs importants. - Capgemini a procédé fin 2006 à l'acquisition de la société indienne Kanbay aux Etats-Unis. Si cette société est indienne de par ses effectifs, elle est surtout américaine par son chiffre d'affaires. Ce rachat augmente donc son exposition à la conjoncture américaine. - Dans un contexte de pénurie d'informaticiens, l'inflation salariale est à surveiller.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Informatique - SSII

Les avis divergent sur les perspectives des SSII françaises. Certains analystes annoncent une détérioration prochaine des performances. Cette tendance est confirmée par l'étude menée par l'institut américain Forrester Research, selon laquelle 43% des grands clients nord-américains et européens ont déjà réduit leurs budgets en technologies de l'information cette année. Le cabinet d'études ne prévoit plus que 2,8% de croissance pour le marché cette année, contre 4,6% précédemment. Par contre, selon le président du Syntec Informatique (le syndicat professionnel de la branche), il n'y aura pas de ralentissement cette année. La croissance du secteur devrait être comprise entre 5% et 7%. Sur 2009, le premier trimestre devrait être actif grâce aux facturations des commandes de 2008.