Une semaine de Bourse - Les Bourses déstabilisées par la récession

14/11/2008 - 19:07 - Option Finance

(AOF) - Les Bourses mondiales ont enregistré leur deuxième semaine consécutive de baisse, alors que le scénario de récession se dessine de plus en plus nettement. Vendredi dernier à mi-séance, l'indice Dow Jones s'apprêtait à clore la semaine sur une perte hebdomadaire de près de 3,7%, et l'indice Nasdaq sur un recul de 7,25%. En Europe, la Bourse de Paris a clôturé sur une baisse hebdomadaire de 5,12%. La place de Tokyo a terminé la semaine sur un repli de 1,41%, après avoir perdu près de 10% de sa capitalisation en trois séances. Les marchés mondiaux ont suivi des mouvements de montagnes russes, entre craintes de récession mondiale et rachats à bon compte. Mercredi, la volte-face du secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson a provoqué la panique sur les marchés. L'ancien patron de Goldman Sachs a annoncé que l'Etat ne rachèterait pas les actifs toxiques des banques, estimant qu'il était plus efficace d'investir directement dans le capital de ces établissements. En outre, les signaux alarmants sur les entreprises et le moral des consommateurs se sont multipliés de part et d'autre de l'Atlantique. Aux Etats-Unis, le nombre des inscriptions au chômage a grimpé à 516.000 pour la semaine du 8 novembre, un chiffre largement supérieur au consensus des économistes qui anticipait 484.000. Ce chiffre est le plus élevé depuis la semaine du 15 janvier 1983. De son côté, la zone euro est officiellement entrée en récession avec le recul du PIB au troisième trimestre. Selon les premières estimations chiffrées par Eurostat, l'économie des quinze pays concernés l'euro s'est contractée de 0,2% par rapport au deuxième trimestre. Dans ce contexte, certains économistes plaident pour une nouvelle baisse des taux de 50 points de base en décembre. Cette conjoncture en berne a accentué la chute du marché pétrolier. A Londres, le brent de la mer du Nord a retrouvé jeudi 13 novembre, son niveau de mai 2005, en touchant 50,60 dollars en séance. L'Opep a prévu de se réunir en urgence le 29 novembre au Caire pour tenter d'éviter une chute du baril de pétrole sous les 50 dollars, comme l'anticipent désormais plusieurs experts du secteur. A Paris, dans un marché toujours marqué par le doute, les banques françaises ont trébuché malgré des résultats trimestriels globalement honorables. Les valeurs du luxe ont également souffert tandis que les valeurs liées à l'énergie ont tiré leur épingle du jeu. Le secteur bancaire a été une nouvelle fois malmené sur le marché parisien. Dexia accuse une baisse hebdomadaire de 11,1% après avoir annoncé des pertes de 1,5 milliard d'euros au troisième trimestre. Sa filiale américaine de garantie de crédit, FSA, source d'une partie de ses déboires, devrait être partiellement cédée à l'assureur obligataire américain Assured Guaranty. Les mauvais résultats de la banque des collectivités territoriales, sauvée de la faillite par les Etats français et belge fin septembre, a fait oublier les résultats trimestriels honorables publiés par les banques françaises. Au total, les cinq plus grandes françaises BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Caisse d'épargne et Banques populaires, ont dégagé des bénéfices cumulés de 10,5 milliards d'euros quand la plupart des banques dans le monde affichent des pertes. Sur la semaine, la Société Générale a pourtant perdu 19,5% de sa valeur, BNP Paribas 14,9%, Crédit Agricole 17% et Natixis, 19,3%. Le luxe dans la tourmente. PPR enregistre la plus mauvaise performance de la semaine (-21%), talonné par LVMH (-17%). Selon une étude du cabinet de conseil en stratégie Bain & Company, le secteur pourrait rentrer en récession en 2009. La croissance des ventes de produits de luxe dans le monde pourrait ralentir sévèrement : +3% à 175 milliards d'euros. Selon l'étude, les marques considérées comme plus accessibles (Ralph Loren) ou plus " tendances " (Gucci, Vuitton) pâtiront de la crise. En revanche, les marques " super haut de gamme " comme Hermès (+2,1% en cinq séances), devraient se distinguer. Par ailleurs, le secteur a été affecté par les déclarations du responsable de la branche chinoise de LVMH, Andrew Wu. Ce dernier a déclaré qu'il était "raisonnable d'être prudent pour l'année prochaine ". " Dire que les marques du luxe ne sont pas affectées, c'est très naïf ", a-t-il ajouté. Les groupes de services aux collectivités ne connaissent pas la crise. A l'image de leurs homologues européens E.ON, RWE ou Iberdrola, EDF puis GDF Suez ont fait état de perspectives solides. Ignorant les coups de froid liés à la crise financière, EDF (+1,3%) a réalisé un chiffre d'affaires trimestriel en ligne avec les attentes et confirmé ses prévisions pour le reste de l'année. Certes, la progression du chiffre d'affaires en France n'est que 6,1%, mais la hausse probable des tarifs réglementés et le développement du nucléaire sont autant de facteurs de soutien. Les solides résultats dévoilés par GDF Suez (-2,5%), né fin juillet du rapprochement entre GDF et Suez, ont définitivement fait oublier les deux ans d'atermoiements qui ont précédé le mariage. GDF Suez a réalisé sur les neuf premiers mois de son exercice 2008 un chiffre d'affaires de 58,8 milliards d'euros en progression de 18%. L'activité du groupe a bénéficié d'un temps plus froid, des prix élevés de l'énergie et de l'augmentation de sa production d'hydrocarbures. En conséquence, GDF Suez a confirmé son objectif d'une croissance de l'Ebitda supérieure à 10% sur l'exercice 2008.