Une semaine de Bourse - Les marchés rongés par la peur

21/11/2008 - 18:53 - Option Finance

(AOF) - Les Bourses mondiales ont poursuivi leur chute sur fond de récession mondiale et malgré l'annonce de plans de relance massifs de centaines de milliards de dollars aux Etats-Unis, en Europe et même en Chine. Vendredi à mi-séance, l'indice Dow Jones s'apprêtait à terminer la semaine sur une perte hebdomadaire de 10% et l'indice Nasdaq sur une perte de 13%. En Europe, la Bourse de Paris a clôturé sur une baisse hebdomadaire de 12,46% à 2881,26 points, au plus bas depuis mars 2003. A Tokyo, l'indice Nikkei a abandonné 6,52%. Jeudi 20 novembre, les Bourses ont traversé une nouvelle journée noire. Après avoir plongé mercredi de 4,03%, le CAC 40 est passé sous la barre symbolique des 3000 points pour terminer en repli de 3,48%. Depuis le début de l'année, l'indice vedette parisien a cédé 49%. Même tendance à Wall Street où le S&P 500 a perdu 6,1% à 752,44 points, au plus bas depuis 1997. Ce climat morose a repoussé les cours du pétrole au-dessous du seuil des 50 dollars pour toucher en séance 48,33 dollars pour le baril de WTI et 47,82 dollars pour le Brent, leur niveau le plus bas depuis près de quatre ans. Les investisseurs continuent de redouter une récession économique profonde et les derniers indicateurs économiques publiés sur les deux rives de l'Atlantique n'incitent pas à l'optimisme. Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage n'ont jamais été aussi élevées depuis 16 ans, tandis que l'indice des prix à la consommation en octobre a reculé de 1% en octobre, du jamais vu depuis la création de la statistique en 1947 faisant ressurgir le spectre de la déflation. Dans la zone euro, le recul de l'activité dans le secteur manufacturier et les services s'est accéléré en novembre, tombant à des plus bas sans précédent. Selon le Fonds monétaire international (FMI), à l'exception du Canada, tous les pays du G7 seront en récession en 2009. Au marasme macroéconomique s'est ajoutée une litanie de mauvaises nouvelles du côté des entreprises, comme les déboires du chimiste BASF en Allemagne, du fabricant de portables Nokia en Finlande, ou les menaces de faillite des géants de l'automobile, General Motors, Ford et Chrysler aux Etats-Unis. Dans un marché rongé par la peur, aucune des valeur du CAC 40 n'a réussi à préserver ses gains sur la semaine. Comme en écho à l'évolution de la Bourse américaine, ce sont une fois de plus les secteurs financier et automobile qui ont été les plus malmenés. Le secteur financier n'en finit plus de chuter. Dexia, en baisse de 27,8%, affiche la plus mauvaise performance du CAC 40. La banque franco-belge est talonnée par Société Générale (27,3%), le Crédit Agricole (27%) et BNP Paribas (23%). Les valeurs bancaires ont été affectées par les graves problèmes rencontrés par Citigroup. Confrontée au plongeon de son action (-60% en une semaine), la première banque du monde a annoncé la suppression de 50 000 postes, soit 20% de ses effectifs et affirmé qu'elle étudiait plusieurs options, y compris une fusion, pour sortir de l'ornière. A Paris, BNP Paribas a été victime d'une rumeur selon laquelle la banque envisageait de faire appel au marché pour se refinancer. La banque a rapidement démenti, déclarant qu'aucune augmentation de capital, autre que celle permettant "de faire l'acquisition relutive des activités de Fortis Banque", n'était à l'étude. Le secteur automobile, une grande victime de la crise financière. Alors que le Congrès américain se refuse à aider les " Big Three " américains, à savoir General Motors, Ford et Chrysler au bord de la faillite, les mauvaises nouvelles délivrées par Peugeot et Renault confirment la brutalité et la rapidité avec laquelle le secteur automobile européen est touché par la crise. PSA Peugeot-Citroën a annoncé un nouveau plan de suppression d'emploi concernant 3 550 postes. Confrontée à une chute de la demande, la production du groupe sera 30% inférieure à ce que prévoyait la direction et 20 % inférieure à la même période de 2007. Il n'a pas encore chiffré la baisse de production prévue pour 2009. PSA n'est pas le seul constructeur affecté par la crise. Cet été, Renault a annoncé 6 000 suppressions d'emploi en Europe et a prévu de réduire de 25 % sa production au quatrième trimestre. Les deux groupes feront tourner leurs usines au ralenti ces prochaines semaines. En Bourse, ces mesures drastiques ne semblent pas suffire. Le titre PSA a clôturé la semaine sur une perte de 21% et Renault sur une perte 21,4%. Les énergies nouvelles n'ont plus le vent en poupe. Theolia s'est effondré de plus de 43% en cinq séances. Depuis le début de l'année, la capitalisation du producteur d'énergies renouvelables a fondu de plus de 85%. Cinquante jours après sa nomination, la nouvelle direction a reconnu manquer de liquidités pour se développer. Résultat, le groupe a dû renoncer à ses objectifs. Évoquant la difficulté de l'environnement financier actuel, Theolia a annoncé une réduction significative de la moitié des effectifs du siège du groupe, son recentrage sur l'activité éolienne et l'accélération de la cession de ses actifs non éoliens. Plus globalement, le secteur est gêné par le débat sur l'éolien en France, accusé d'enlaidir les paysages, et par la chute du brut, qui rend moins rentable son développement. (P-J.L)