La demande des entreprises s'accélère sur le marché obligataire

01/12/2008 - 11:22 - Option Finance

(AOF) - Le groupe agroalimentaire Danone a, parmi les premiers, testé le marché primaire la semaine dernière, en émettant mardi pour 1 milliard d'euros d'obligations à 5 ans. Initialement estimée à 300 points de base (pbs) au-dessus des taux mid-swap, la marge s'est finalement établie à 285 pbs, correspondant à un coupon de 6,375 %. "L'émission a été sursouscrite plus de cinq fois, avec une demande atteignant 5,2 milliards d'euros à la clôture du carnet d'ordres", explique Karim Mezani, responsable de la syndication corporate et financière chez Natixis, chef de file de l'opération aux côtés de Barclays, Calyon et HSBC. Alors que l'iTraxx Crossover est revenu à un niveau proche de 875 pbs la semaine dernière, après avoir atteint des plus hauts historiques la semaine précédente, le contexte actuel semble favorable à de nouvelles émissions. "Si les investisseurs restent sélectifs quant à la qualité des signatures et des spreads exigés, ils n'en demeurent pas moins très actifs, comme l'atteste le succès des nombreuses transactions lancées ces derniers jours, explique Franck Hergault, originateur Corporates chez Natixis. Pour la seule journée de jeudi dernier, cinq émissions en euros ont été lancées par des entreprises pour un total de 4,2 milliards d'euros. En l'absence d'événement de crédit majeur, nous anticipons également une première semaine de décembre chargée." BASF, Centrica (filiale de British Gas), British Petroleum, Vodafone et GDF Suez ont à leur tour profité de la fenêtre de marché. Cependant, les entreprises qui souhaitent se financer sur le marché obligataire doivent désormais accepter de payer un prix nettement supérieur par rapport à avant la crise. Pour Danone, par exemple, une émission similaire mi-2007 aurait affiché un spread plus resserré de l'ordre de 250 pbs, même si le taux de swap à 5 ans a depuis baissé (- 150 pbs environ). (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Danone est l'un des leaders mondiaux de l'industrie agroalimentaire. Il occupe des positions de premier rang sur ses trois principaux métiers : les produits laitiers (numéro 1 mondial), les boissons avec principalement l'eau conditionnée (numéro 2 mondial) et les biscuits et produits céréaliers (numéro 2 mondial). Présent dans environ 120 pays, le groupe compte près de 90 000 salariés. En 2007, le groupe a vendu son activité biscuits et produits céréaliers à l'américain Kraft Foods. Dans le même temps, il a racheté le groupe néerlandais de nutrition clinique et d'alimentation pour bébés, Numico. Les marques les plus connues de Danone sont : - Produits Laitiers Frais : Danone, Actimel, Activia (Bio en France), Danonino (Petit Gervais aux Fruits), et Vitalinéa (Taillefine, Vitasnella ou Ser dans certains pays). - Eaux en bouteille : Evian, Volvic, Bonafont, Aqua. - Produits infantiles : Blédina, Gallia.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Danone, qui bénéficie d'une excellente maîtrise de ses métiers, dispose à la fois d'un portefeuille de marques internationales dynamiques et de très solides positions locales. Le groupe réalise notamment 40% de ses ventes sur les marchés émergents. - Sur un marché mature, le groupe dispose de deux atouts fondamentaux : une excellente capacité d'innovation et d'adaptation aux tendances de consommation. Sa stratégie vise également à se renforcer sur des marchés porteurs. - Danone profite d'une image forte en tant que spécialiste des aliments cosmétique ou à connotation " santé ". Le groupe ne cesse de renforcer la crédibilité scientifique de ses produits en augmentant les études cliniques. - Potentiellement opéable (flottant de plus de 85 %, sans noyau dur), le titre présente un intérêt spéculatif, dans la perspective d'une consolidation du secteur.

Les points faibles de la valeur

- Le pôle eau conditionné souffre de l'envolée des cours du pétrole, qui augmente les coûts de fabrication et de transport des bouteilles en plastique et pèse sur les marges. -Danone affronte également une concurrence affûtée dans l'eau aux Etats-Unis face à Pepsi (Aquafina) et Nestlé (Perrier). - Les grandes marques sont de plus en plus soumises à la concurrence du hard discount et des marques distributeurs. -L'issue du conflit de Danone avec le fabricant de boissons chinois Wahaha est incertaine.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Danone est considéré comme une valeur défensive, son domaine d'activité et ses positions fortes le mettant à l'abri de lourdes difficultés. En effet, même en période de crise, les besoins de base des consommateurs demeurent. Toutefois, le titre n'est pas entièrement décorrélé de la situation économique générale, et en particulier du niveau de consommation des ménages. - Selon certains analystes, un retrait de Wahaha ferait de Danone un acteur focalisé sur les segments les plus rentables et les moins concurrencés de l'agroalimentaire, grâce à un recentrage dans les Boissons. - On sera attentif aux rumeurs d'OPA sur le groupe.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

Les grands groupes agroalimentaires continuent à afficher de bonnes performances pour le premier semestre 2008, malgré la hausse des coûts des matières premières. Nestlé a bénéficié d'une progression de 8,9% de son activité au premier semestre pour un bénéfice net en croissance de 6%. Face à des résultats supérieurs à ses attentes au second trimestre 2008, Kraft a relevé ses objectifs pour l'année. Il s'attend désormais à une croissance organique de 6% au lieu des 5% précédemment estimés. Même constat pour Danone, dont l'activité semestrielle, en croissance organique de 9,6% a dépassé les prévisions des analystes. Néanmoins ces résultats proviennent souvent de hausses de prix. Chez Nestlé celles-ci représentent 5,4% des 8,9% de croissance organique. Pour Danone, l'évolution des ventes en valeur s'établit à 7,1%, alors qu'elle n'est que de 2,5% pour les volumes. Les analystes s'inquiètent donc de la capacité de certains groupes à poursuivre cette stratégie à l'avenir. D'autant que la progression des volumes vendus n'atteint pas les niveaux escomptés. Ainsi, au premier semestre, les volumes commercialisés par Nestlé dans les domaines de la nutrition et des eaux embouteillées ont été inférieurs à ses prévisions. Danone, qui a pratiqué des hausses de prix dans les produits laitiers, a subi un recul de ses parts de marché (de 33% en 2007 à 31% en 2008) au profit des marques de distributeurs.