EDF : 4,5 milliards de dollars pour 50% du nucléaire de CONSTELLATION

03/12/2008 - 08:16 - Option Finance

(AOF) - EDF a annoncé avoir adressé, par l'intermédiaire de sa filiale EDF International SA, une lettre au conseil d'administration de Constellation Energy proposant l'acquisition via une joint-venture de 50% des activités de production d'électricité d'origine nucléaire de Constellation pour 4,5 milliards de dollars. EDF souligne que sa proposition correspond à une offre d'environ 52 dollars par action ordinaire de Constellation, soit une prime d'environ 96% par rapport à la proposition de MidAmerican et un juste prix pour 50 % des activités nucléaires du groupe. "Cette proposition comporte également un apport en liquidités initial de 1 milliard de dollars qui sera imputé sur le prix d'achat, ainsi qu'une option permettant à Constellation de céder à EDF des actifs non nucléaires dans la limite d'un montant de 2 milliards de dollars", a précisé l'électricien. Cette opération est soumise à l'approbation des autorités américaines compétentes et EDF espère pouvoir la finaliser dans un délai de six à neuf mois, après résiliation de l'accord conclu par MidAmerican Energy Holdings Company avec Constellation et la signature des accords définitifs entre EDF et Constellation. Pierre Gadonneix, président-directeur général d'EDF a déclaré : "Nous considérons que les conditions de notre offre sont nettement meilleures que celles de MidAmerican. En plus d'offrir aux actionnaires de Constellation la possibilité de valoriser leur investissement dans ce groupe, nous fournissons à ce dernier suffisamment de liquidités pour lui permettre de garder son statut d'entreprise solide et indépendante." EDF estime que le contenu de son offre représente, au sens de l'accord conclu avec MidAmerican, une proposition de valeur supérieure ou qui devrait raisonnablement être considérée comme telle. "Même si le Conseil d'administration de Constellation ne parvenait pas à cette conclusion, EDF pense que le Conseil d'administration de Constellation, conformément à ses devoirs vis-à-vis de sa société et de ses actionnaires, sera d'accord pour considérer que l'offre d'EDF fournit une base solide pour modifier sa recommandation concernant l'opération avec MidAmerican", a ajouté la société. L'offre d'EDF n'est soumise à aucune condition de financement. Enfin, EDF précise que l'opération n'est pas soumise à l'approbation des actionnaires de Constellation. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Le groupe EDF est un énergéticien intégré, présent sur l'ensemble des métiers de l'électricité : production, transport, distribution, commercialisation, et négoce d'énergies. EDF peut se prévaloir du premier parc de production en Europe et du premier parc nucléaire au monde. L'électricien compte 40,2 millions de clients dans le monde (avec 36,7 millions de clients en Europe, dont plus de 28 millions en France). En France, EDF est le premier fournisseur d'électricité avec 488 TWh d'électricité commercialisés. EDF a également développé ces dernières années une gamme d'offres enrichie multi-énergies et multi-services, ainsi qu'une offre gaz aux entreprises. Hors de France, EDF est présent au travers de ses filiales dans 3 pays européens clés avec EDF Energy (filiale à 100%, 1er distributeur au Royaume-Uni), British Energy (en cours de rachat, 1er opérateur de centrales nucléaires en Grande-Bretagne), EnBW (filiale à 45%, 3ème énergéticien en Allemagne), et Edison (filiale à 51%, 2ème acteur de l'électricité en Italie). Le groupe est également présent en Amérique latine, notamment au Mexique et au Brésil, dans la zone Asie-Pacifique et plus particulièrement en Chine, au Moyen-Orient et en Afrique.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- EDF bénéficie d'une croissance liée à la forte dynamique du secteur de l'énergie, et en particulier à l'augmentation de la consommation d'électricité. - L'exposition d'EDF au prix du pétrole est très limitée car son parc de production est fortement axé sur le nucléaire et l'hydraulique. La filière nucléaire participe à la diversification des risques énergétiques et constitue un recours contre les fluctuations du prix du pétrole. - Pour le moment, EDF paraît bien protégé de l'ouverture du marché à la concurrence du fait de ses prix de revient très compétitifs grâce au nucléaire et de son énorme capacité de production. - EDF a réduit son écart face à ses concurrents européens en termes de rentabilité et de structure financière (EDF est le plus endetté des électriciens européens). Le groupe a promis une croissance régulière du dividende. Le programme de cessions a dépassé au 31 décembre 2007 de 14% la cible d'une réduction de cinq milliards d'euros de la dette nette. - En s'offrant British Energy, EDF a mis la main sur la plus grande partie du parc de centrales nucléaires britanniques ainsi que sur les meilleurs terrains pour en construire de nouvelles.

Les points faibles de la valeur

- Les spécialistes s'interrogent sur la manière dont EDF pourra augmenter ses tarifs (les démêlés de Gaz de France avec l'Etat sur le sujet ont marqué les investisseurs). Les tarifs de vente aux clients restent en effet réglementés, ce qui restreint la liberté d'EDF d'agir sur ses tarifs de vente. - Il existe une incertitude sur les choix d'investissement du groupe. L'Etat a exigé que la moitié soit investie en France, or le groupe doit aussi se développer à l'international. De plus, il existe peu de cibles dans ce secteur déjà très concentré. Le risque de surpayer est donc très important. - Les analystes s'interrogent sur la décision prise par EDF d'accélérer ses investissements alors que les perspectives pour 2008 semblent incertaines. Cette décision s'explique en partie par une hausse des coûts d'équipement, ont expliqué des bureaux d'études. - Les spécialistes craignent que le démantèlement des installations nucléaires ne coûte plus cher que prévu et vienne amputer les fonds qui auraient du être dédiés à de nouveaux investissements. - EDF sera sans doute amené un jour à reconsidérer les prérogatives et le financement de son comité d'entreprise auquel est alloué chaque année 1 % des ventes réalisées dans l'Hexagone.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- EDF appartient au secteur des "utilities" (les sociétés d'eau, de gaz et d'électricité), des valeurs défensives achetées pour leur rendement quand les taux d'intérêt sont bas sur le marché obligataire. - L'électricien développe progressivement des interconnexions et des convergences de marché en plus de sa forte présence sur les principaux marchés européens. - EDF se diversifie peu à peu dans le gaz. - EDF a procédé en janvier 2008 à une émission obligataire d'un montant de 1,5 milliard d'euros. L'émission a été placée auprès d'investisseurs institutionnels français et internationaux. L'Etat détenait toujours à cette date un peu plus de 80% du capital. Les salariés contrôlant 1,9% du capital, le flottant demeure donc très réduit. - Le prix de l'électricité et du gaz sont nettement corrélés aux prix du brut. La hausse de l'or noir stimule par conséquent le chiffre d'affaires d'EDF.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), un an après l'ouverture du marché de l'énergie, seulement 300000 particuliers et petits professionnels ont changé d'opérateur. Ce chiffre est très faible comparé aux 29,5 millions de consommateurs d'énergie. Le maintien des tarifs réglementés et la possibilité de revenir à ces tarifs pour les Français qui ont testé d'autres opérateurs, permettent à EDF de limiter la concurrence. Gaz de France doit, en revanche, affronter des nouveaux entrants, fournisseurs alternatifs dans le gaz. L'entreprise a mené une politique commerciale dynamique visant à fidéliser ses 11 millions de clients. Il s'agit de leur garantir un service de qualité et une offre duale électricité-gaz qui soit intéressante. Cette politique lui a permis de gagner 290000 clients dans l'électricité selon ses dirigeants. Néanmoins la nouvelle entité, GDF-Suez, dispose encore de capacités de production limitées dans l'électricité. Détenir ses propres capacités de production dans l'électricité de pointe (avec les centrales à gaz ou hydrauliques par exemple) est pourtant un atout non négligeable pour pouvoir procéder à des échanges contre de l'électricité de base (nucléaire). Les nouveaux entrants, comme l'opérateur Poweo, qui a conforté sa place de troisième opérateur français à fin juillet, mènent déjà cette politique.