Une semaine de Bourse - Les marchés font une rechute

05/12/2008 - 19:15 - Option Finance

(AOF) - Les Bourses mondiales ont replongé la semaine dernière. A New York, vendredi soir, l'indice Dow Jones s'apprêtait à terminer la semaine en recul de 8 %. A Paris, l'indice CAC 40 a clôturé sur une perte hebdomadaire de 8,42 % à 2 988 points, sous les 3 000 points pour la première fois depuis le 21 novembre. Rien ne semble aujourd'hui être en mesure de restaurer le début de confiance nécessaire au rétablissement des marchés. Face à l'aggravation de la crise financière et économique, la Banque centrale européenne (BCE) a réduit jeudi 4 décembre ses taux d'intérêt directeurs de 0,75 point, pour les ramener à 2,50 %. Ce geste d'une ampleur sans précédent de la BCE n'a eu aucun effet sur les marchés. De la même manière, les efforts des gouvernements européens et américains pour présenter des plans de relance de plusieurs centaines de milliards de dollars semblent vains. Deux raisons expliquent cette absence de réaction des marchés. D'une part, la situation économique des deux côtés de l'Atlantique ne montre aucun signe d'amélioration, au contraire. L'économie américaine a supprimé 533 000 emplois au mois de novembre, du jamais vu depuis trente-quatre ans. Preuve que la récession débutée il y a un an touche désormais tous les secteurs de l'économie. Le taux de chômage est passé de 6,5 % en octobre à 6,7 % en novembre, son niveau le plus haut depuis octobre 1993. En Europe, la conjoncture n'est guère plus réjouissante. La BCE anticipe désormais une baisse du PIB comprise entre -1 % et 0 % en 2009, soit une prévision moyenne de - 0,5 % contre + 1,2 % attendu en septembre. D'autre part, les investisseurs font preuve de la plus grande prudence à trois semaines de la clôture des comptes de leurs portefeuilles. "Le marché est quasiment fermé, les volumes sont divisés par deux. Aujourd'hui, il n'y a plus rien, et surtout pas d'acheteurs", confiait ainsi un analyste à l'agence Reuters. "Depuis le 15 septembre, date de la chute de Lehman Brothers, les investisseurs ont perdu tous leurs repères", renchérit Marc Touati, économiste chez Global Equities. Dès lors, les plus courageux naviguent à vue, "en espérant ne pas tomber sur un récif inattendu", écrit-il. L'hypothèse d'une déflation des économies occidentales a précipité la chute du marché pétrolier. Le cours du pétrole est tombé vendredi à Londres sous les 40 dollars le baril, au plus bas depuis près de quatre ans. Le baril de WTI s'échangeait lui sous les 42 dollars. A ce niveau, le prix du baril a perdu plus de 106 dollars depuis son record historique de plus de 147 dollars le 11 juillet dernier. Ce nouvel accès de faiblesse de l'or noir s'est répercuté sur les secteurs de l'énergie et des matières premières, tandis que les valeurs industrielles ont poursuivi leur déclin. Les valeurs liées à l'énergie dans la tourmente. - 6,5 % jeudi, - 9,5 % vendredi. La fin de la semaine est particulièrement rude pour EDF (- 17,7 % en cinq séances). Outre le reflux de l'or noir, qui limite la capacité du groupe à augmenter ses tarifs – le gouvernement français a d'ailleurs déclaré qu'une hausse des tarifs de l'électricité n'était pas d'actualité –, le titre a été pénalisé par le relèvement du coût de son programme nucléaire. EDF a confirmé que le coût de l'EPR de Flamanville serait de 4 milliards d'euros, contre une estimation de 3,3 milliards en 2005. L'électricien a également surpris le marché en revenant à la charge dans le dossier Constellation Energy. Soucieux de ne pas abandonner à Warren Buffet le groupe nucléaire américain qu'il juge manifestement stratégique, EDF a formulé une offre de 4,5 milliards de dollars pour racheter 50 % des activités nucléaires de Constellation. L'offre représente une prime de 96 % par rapport à celle présentée en septembre par MidAmerican, la filiale de Berkshire Hathaway, le fonds de l'homme d'affaires américain. En conséquence, Cheuvreux a abaissé son opinion sur EDF de Surperformance à Sous-performance, avec un objectif de cours de 47 euros, contre 61 euros auparavant. Le broker a intégré des coûts opérationnels supplémentaires liés à la centrale nucléaire de nouvelle génération EPR, ainsi que des coûts financiers liés notamment à la proposition de rachat de Constellation. De son côté, GDF Suez a reculé de 13 %. Les valeurs pétrolières ont été à particulièrement sanctionnées. Dans le sillage du repli du brut, Total a plongé de 8,8 %. En une semaine, la quatrième compagnie pétrolière mondiale a vu sa capitalisation boursière fondre de près de 13 %. Mercredi, les marchés avaient accueilli sans enthousiasme une rumeur selon laquelle la major envisageait de lancer une offre amicale de plus de 16 milliards de dollars canadiens sur le groupe canadien Nexen. Les investisseurs ont jugé le prix de l'offre évoqué par la presse trop élevé, alors que le baril de pétrole n'en finit plus de chuter. Du côté des valeurs parapétrolières, CGG Veritas a cédé 24,8 % sur la semaine, Technip 23,5 % et Vallourec 11,4 %. Au-delà de la baisse actuelle du brut, le secteur des services pétroliers est pénalisé par le profit warning lancé mercredi dernier par Schlumberger, le numéro un mondial du secteur. Les cycliques n'ont pas été épargnées. Bouygues (- 14,7 %) a accusé la deuxième plus forte baisse hebdomadaire du CAC 40 derrière EDF (- 17,7 %) et devant ArcelorMittal (- 14,8 %). Le groupe a publié des résultats sur neuf mois décevants. Sur la période, le résultat opérationnel courant a progressé de seulement 3 % alors qu'il avait progressé de 6 % au premier semestre. Les analystes ont profité de cette publication pour ajuster leurs recommandations : Oddo Securities est passé d'Acheter à Accumuler, tandis que Citigroup a abaissé son objectif de cours de 9 euros, passant de 45 à 36 euros. (P-J.L)