Que pense le marché de L'OREAL ?

02/05/2006 - 10:40 - Option Finance

(AOF) - La croissance après Owen-Jones

L'actualité

L'Oréal a annoncé le 20 avril un chiffre d'affaires au titre du premier trimestre 2006 de 3,938 milliards d'euros, en progression de 11,3 % grâce à une croissance organique de 6 %, à un effet périmètre positif de 0,5 % et à un effet de change favorable de 4,8 %, conforme aux attentes des analystes. Avec une progression de 4,2 % à données comparables, l'Europe de l'Ouest, où le groupe réalise plus de 45 % de ses ventes, a confirmé le redémarrage observé au quatrième trimestre 2005. Par contre, en Amérique du Nord, la progression du chiffre d'affaires de 2,9 %, a été contrariée par la fusion des distributeurs Federated et May et par la forte réduction des stocks dans la distribution professionnelle aux salons de coiffure. Le démarrage prometteur de l'année, ainsi que la perspective d'effets de change positifs permettent d'envisager 2006 avec confiance, a déclaré Lindsay Owen-Jones qui a laissé les commandes opérationnelles du numéro un mondial des cosmétiques à Jean-Paul Agon, à l'issue de l'assemblée générale du 25 avril 2006. Depuis février 2005, le marché connaît le nom du successeur de Lindsay Owen-Jones à la tête de L'Oréal, Jean-Paul Agon, "un pur produit L'Oréal" qui dirigeait les activités du groupe aux Etats-Unis jusque-là. Président-directeur général depuis 1988, Lindsay Owen-Jones reste président du conseil d'administration.

Que disent les analystes

Plutôt satisfaits du discours offensif tenu par Jean-Paul Agon en février dernier lors de la publication des résultats 2005 et du rachat de Body Shop quelques semaines plus tard, les analystes ont apprécié la confirmation du redressement de la croissance des ventes en Europe de l'Ouest au premier trimestre. Certains spécialistes attendent toutefois de nouvelles initiatives pour dynamiser la croissance avant d'adopter une recommandation positive sur le titre. "Notre forte conviction sur le modèle de développement à long terme de L'Oréal (renforcée par le fait que Jean-Paul Agon a fait de la croissance de l'activité une priorité), couplée à un début d'année très encourageant, nous conduit à maintenir notre recommandation d'achat sur le titre L'Oréal avec un objectif de cours de 87 euros", explique UBS qui considère que la légère prime dont bénéficie de nouveau le titre par rapport à son secteur est justifiée. Lehman Brothers qui a démarré le suivi des titres L'Oréal début avril avec une recommandation Pondérer en ligne et un objectif de cours de 80 euros, juge l'action correctement valorisée : " En tant que leader d'un marché fragmenté, L'Oréal est le mieux placé pour gagner des parts d'un marché dont la croissance devrait s'accélérer. Toutefois, la récente accélération du titre à la hausse nous indique ques les investisseurs ont déjà pris en compte ces bonnes nouvelles ".

Le secteur et la concurrence

Le marché mondial des produits de soin et des cosmétiques est encore très fragmenté, particulièrement dans les pays émergents. Alors que Procter & Gamble est occupé à intégrer Gillette, L'Oréal devrait se montrer moins timide que par le passé dans le domaine de la croissance externe. Le leader mondial des cosmétiques, avec 15 % de part de marché, pourrait bien chercher à se renforcer aux Etats-Unis mais aussi dans les régions émergentes qui serviront de relais de croissance à l'image de la Russie, de la Chine ou encore de l'Amérique du Sud. Le groupe a déjà mené une politique active de croissance externe visant à accélérer son internationalisation mais le marché attend dorénavant qu'il s'intéresse à des cibles de plus grande envergure. Une "mégafusion" paraît toutefois très peu probable.

Comportement boursier

L'Oréal, qui a touché un sommet historique à 95,30 euros en novembre 2000, a été une star de la Bourse française jusqu'au début de la décennie. Mais depuis plus de trois ans, la valeur a perdu de son aura auprès des investisseurs qui n'acceptent plus de payer une prime significative pour se la procurer. Depuis le début de l'année, on sent toutefois un regain d'intérêt. Le titre a bénéficié du discours volontariste de son nouveau président dont l'ambition est de revenir à un objectif de croissance de + 6 % à + 8 % par an, contre 4,8 % en 2005. En février, Jean-Paul Agon a déclaré que "la croissance externe n'est pas contradictoire avec la croissance interne : elles se complètent et se nourrissent l'une de l'autre". Un discours qui s'est accompagné d'actes avec le rachat du Britannique Body Shop annoncé en mars.

Les points forts

- Depuis vingt et un ans, l'Oréal affiche une croissance à deux chiffres de son résultat net opérationnel par action. - L'Oréal bénéficie de la forte notoriété attachée à ses marques mondiales. En outre, le leader mondial des cosmétiques dispose d'une expertise marketing et de capacités d'innovation reconnues. L'Oréal est arrivé juste derrière Renault dans le palmarès des brevets déposés en France en 2005. - L'Oréal ne dépend pas d'une zone géographique ou d'un type de réseau de distribution en particulier, ce qui lui confère des qualités défensives. - La structure financière du groupe, très peu endetté, lui laisse une large marge de manoeuvre pour réaliser des opérations de croissance externe. De plus, la participation non stratégique de 10 % dans Sanofi-Aventis constitue une réserve de fonds de plus de 10 milliards d'euros. - Le titre bénéficie d'un important programme de rachat d'actions.

Les points faibles

- L'atonie de la croissance en Europe et la pression des distributeurs sur les prix pèsent sur la dynamique des ventes du groupe. n Les mouvements de concentration dans le secteur, avec notamment la fusion Procter & Gamble - Gillette, entraînent une intensification de la concurrence. - On a souvent reproché à L'Oréal son manque d'ambition en termes de croissance externe. Le rachat de Body Shop et le discours volontariste de Jean-Paul Agon en matière d'acquisitions semblent aller dans la bonne direction. - La structure de l'actionnariat du groupe suscite des interrogations à moyen terme. Depuis la fusion de L'Oréal et son holding de contrôle Gesparal en 2004, la famille Bettencourt et Nestlé détiennent respectivement en direct 27,5 % et 26,4 % du capital. S'ils sont liés pour quelques années encore, ils recouvreront à terme leur liberté. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITES DE LA SOCIETE

L'Oréal, leader mondial des cosmétiques, intervient notamment dans les produits capillaires, les soins pour la peau, la protection solaire, le maquillage, le parfums et les produits de toilette. Dans la branche cosmétiques (98 % du chiffre d'affaires du groupe), les ventes se répartissent entre l'Europe de l'Ouest (plus de 51 %), l'Amérique du Nord (un peu plus de 25 %) et le reste du monde. Cette branche est divisée en quatre divisions : les produits grand public (54,5 % du chiffre d'affaires en 2004), les produits de luxe (24,8 %) vendus en parfumeries, en grands magasins et en boutiques duty free, les produits professionnels (14 %), et enfin la cosmétique active (6 %), dont le chiffre d'affaires provient des ventes en pharmacies et espaces beautés spécialisés. PDG depuis seize ans, Lindsay Owen-Jones a laissé en avril 2006 les commandes opérationnelles du numéro un mondial des cosmétiques, tout en restant président du conseil d'administration. La direction générale, elle, a été confiée à Jean-Paul Agon, qui a dirigeait L'Oréal USA jusque là.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Depuis vingt et un ans, l'Oréal affiche une croissance à deux chiffres de son résultat net opérationnel par action. - L'Oréal bénéficie de la forte notoriété attachée à ses marques mondiales. En outre, le leader mondial des cosmétiques dispose d'une expertise marketing et de capacités d'innovation reconnues. L'Oréal est arrivé juste derrière Renault dans le palmarès des brevets déposés en France en 2005. - L'Oréal ne dépend pas d'une zone géographique ou d'un type de réseau de distribution en particulier, ce qui lui confère des qualités défensives. - La structure financière du groupe, très peu endetté, lui laisse une large marge de manoeuvre pour réaliser des opérations de croissance externe. De plus, la participation non stratégique de 10 % dans Sanofi-Aventis constitue une réserve de fonds de plus de 10 milliards d'euros. - Le titre bénéficie d'un important programme de rachat d'actions.

Les points faibles de la valeur

- L'atonie de la croissance en Europe et la pression des distributeurs sur les prix pèsent sur la dynamique des ventes du groupe. n Les mouvements de concentration dans le secteur, avec notamment la fusion Procter & Gamble - Gillette, entraînent une intensification de la concurrence. - On a souvent reproché à L'Oréal son manque d'ambition en termes de croissance externe. Le rachat de Body Shop et le discours volontariste de Jean-Paul Agon en matière d'acquisitions semblent aller dans la bonne direction. - La structure de l'actionnariat du groupe suscite des interrogations à moyen terme. Depuis la fusion de L'Oréal et son holding de contrôle Gesparal en 2004, la famille Bettencourt et Nestlé détiennent respectivement en direct 27,5 % et 26,4 % du capital. S'ils sont liés pour quelques années encore, ils recouvreront à terme leur liberté.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Le secteur des produits de soin est généralement considéré comme relativement défensif et bénéficie d'une prime par rapport aux autres biens de consommation. - Le groupe est sensible à l'évolution du dollar. Toutefois, pour limiter sa dépendance, L'Oréal a mis en place des stratégies de couverture. - L'Oréal pourrait envisager la cession d'une partie de sa participation de 10 % dans Sanofi-Aventis à partir de 2007.