BNP Paribas chute désormais de 17% à 34,25 euros ce mercredi après-midi, avec 1,5% du capital traité sur la séance, alors que la banque a annoncé hier soir que "du fait de conditions de marché extrêmement défavorables", la division CIB de l'établissement (banque de financement et d'investissement) était en lourde perte sur les 11 premiers mois de 2008. "Dans un contexte de dislocation et de volatilité extrêmes des marchés aggravé par la faillite de Lehman Brothers et ses violents contrecoups qui perdurent depuis fin septembre, la division CIB de BNP Paribas a enregistré des revenus négatifs en novembre comme en octobre".
Compte tenu d'un coût du risque élevé, le résultat avant impôts de la division CIB pour les onze premiers mois de l'année est négatif de 710 Millions d'euros (en y incluant l'impact de l'affaire Madoff pour 350 Millions d'euros).
Dans ce contexte devenu "durablement difficile", la division CIB de BNP Paribas a mis en oeuvre un ensemble de mesures :
-Réduction des risques de marché et des stocks d'obligations,
-Evolution de la gamme de produits en fonction des nouvelles attentes des clients (développement des produits de flux et de produits dérivés plus simples),
-Ajustement des plates-formes et des moyens alloués, notamment pour les produits de crédit du "fixed income" et les produits dérivés complexes,
-Mise à l'étude de mesures pouvant conduire à une réduction des effectifs de CIB de l'ordre de 5% au niveau mondial.
Par ailleurs, après les dernières décisions de la justice belge gelant le dossier Fortis, BNP Paribas a haussé le ton en estimant qu'elle renoncerait au dossier en cas de blocage durable... Une sorte de mise en garde aux autorités belges, laissant désormais planer le doute sur le rachat de Fortis. Vendredi dernier, suite à une plainte d'actionnaires, la Cour d'Appel de Bruxelles avait en effet décidé de geler jusqu'au 12 février la vente de Fortis au banquier français. Dans une interview accordée à la presse belge, le DG de BNP Paribas explique ne pas vouloir différer cette acquisition : "Nous commençons à nous poser des questions" a déclaré Baudouin Prot qui poursuit : "Si nous ne pouvons pas monter maintenant dans le capital de Fortis Banque, nous nous retirons".
Côté Brokers, Crédit Suisse est passé de "superformer" à "neutre" sur le dossier et a abaissé son objectif de cours de 54 à 42 Euros.
Plus serein, Dresdner Kleinwort garde le cap sur la valeur. L'analyste reste acheteur sur un dossier qu'il valorise 54 Euros par action, mais juge malgré tout que les déboires de l'établissement illustrent bien la difficulté du secteur à maintenir des positions de trading dans un environnement de volatilité extrêmement élevée. Le bureau d'études pense que la Belgique devrait finalement parvenir à céder la part de Fortis prévue à BNP Paribas, tout en soulignant qu'un échec en la matière "coûterait" 7 Euros de valorisation par action à la banque française (soit 47 Euros contre 54 Euros estimé par le spécialiste). DK reste cependant positif car le broker a calculé que le dossier se traite avec une forte décote sur sa valeur d'actifs attendue en 2009, tandis que la banque affiche la meilleure solidité financière intrinsèque parmi les banques françaises, avec un profil de risque moindre.
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