Une semaine de Bourse - L'emploi brise l'élan des marchés

09/01/2009 - 19:57 - Option Finance

(AOF) - Les Bourses mondiales ont débuté la nouvelle année dans l'inquiétude et la nervosité sur fond d'indicateurs médiocres et d'avertissements sur résultats. Vendredi au soir, à New York, l'indice Dow Jones s'apprêtait à terminer la semaine en recul de 4,4 %. A Paris, l'indice CAC 40 a clôturé sur une perte hebdomadaire de 1,50 % à 3 299,50 points. Le début d'année avait pourtant bien commencé, avec trois séances de hausses consécutives, mais la tendance baissière a repris le dessus avec la succession de statistiques économiques inquiétantes. L'économie américaine a supprimé 524 000 emplois au mois de décembre et le taux de chômage est monté à 7,2%, du jamais vu depuis seize ans. L'état de santé de l'économie mondiale apparaît donc plus que jamais comme le thème central des marchés en 2009. A cet égard, le plan de relance de Barack Obama cristallise l'essentiel des espoirs d'un rebond durable des Bourses. Selon le président élu, ce plan axé sur une révolution verte, des réductions d'impôts et des investissements publics, est le seul susceptible d'éviter un taux de chômage à deux chiffres. Il reconnaît que son plan creusera le déficit à court terme. Celui-ci pourrait ainsi atteindre 2 000 milliards de dollars, un peu plus de 10 % du PIB américain, la Maison-Blanche préférant un déficit budgétaire à un déficit d'emploi et de richesse. L'ampleur du ralentissement devient chaque jour plus évident, une mauvaise nouvelle chassant l'autre. Confrontées à une économie en déliquescence, les autorités multiplient les interventions : aux annonces de plans de relance, comme en Allemagne en début de semaine, a succédé la baisse de taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre à 1,50 %, un niveau jamais atteint. Selon le consensus, la Banque centrale européenne s'apprête à suivre l'exemple de sa consoeur britannique en portant à 2 % son principal taux directeur. Dans l'attente de jours meilleurs, le pétrole a poursuivi sa chute. Le baril de brut américain est de nouveau revenu autour du seuil symbolique de 40 dollars, malgré les tensions géopolitiques – Gaza et crise du gaz – et la politique agressive de réduction de production promise par l'Opep. Sur le front des entreprises, les avertissements sur résultats se sont enchaînés dans pratiquement tous les secteurs, preuve de la gravité de la récession. Aux Etats-Unis, après l'annonce par Alcoa de la suppression de 13 % de ses effectifs à travers le monde, Intel, Chevron, et surtout Wal-Mart, ont ravivé l'inquiétude des marchés en révisant à la baisse leurs prévisions de résultats. A Paris, les valeurs de la distribution, du luxe, des services financiers (Axa) et des médias (Vivendi) ont été malmenées. A contrario, certaines valeurs parmi les plus massacrées en 2008 ont rebondi sur des rachats à bon compte. La distribution a été affectée par le profit warning du géant américain Wal-Mart. PPR a terminé la semaine à la dernière place du CAC 40. Le titre du groupe dirigé par François Pinault a cédé 8,4 % à 45,87 euros en cinq séances. Carrefour a abandonné 5,7 % à 27,80 euros. Oddo Securities a abaissé sa recommandation sur le titre d'Accumuler à Alléger, avec un objectif de cours réduit de 30 à 27 euros. "L'ampleur du ralentissement des performances du quatrième trimestre en Europe et en Asie, ainsi que le manque de visibilité sur les retombées à attendre des chantiers lancés en France, nous conduisent à prévoir de nouvelles déceptions", a estimé le broker. Dans son sillage, Casino a reculé de 5,5 % à 51 euros. Le luxe commence à susciter l'inquiétude. Hermès, seule valeur du SBF 120 à terminer l'année 2008 avec un cours en hausse, a mal débuté 2009. Le maroquinier accuse un repli de 7,1 % à 94,75 euros en cinq séances. Deutsche Bank a réitéré sa recommandation Vendre et son objectif de cours de 63 euros sur le titre. Le broker estime que la valeur n'est pas immunisée contre la crise. Il juge que les nouvelles concernant le secteur du luxe se sont dégradées, en particulier aux Etats-Unis, ce qui devrait entraîner un ralentissement rapide de la croissance. Les valeurs liées aux matières premières ont achevé la semaine de façon contrastée. Eramet, en forte hausse au début de l'année, dans le sillage de l'envolée des métaux, a finalement terminé la semaine sur une perte de 4 % à 169,8 euros. ArcelorMittal, dont le titre avait perdu plus de 80 % de sa valeur en 2008, s'est offert près de 7 % à 20,10 euros. Depuis le premier janvier, le titre du premier sidérurgiste mondial affiche une hausse de plus de 17 %. Les valeurs pétrolières ont réagi de manières diverses à la chute des prix du pétrole. Total a reculé de 2,50 % à 39,98 euros, mais Vallourec a pris 7,6 % à 92,90 euros. Le secteur automobile a poursuivi son rebond, porté par des rachats à bon compte et l'espoir suscité par les plans de relance. Peugeot (+ 10,7 % à 13,81 euros) a réalisé la semaine dernière la meilleure performance du CAC 40. Malgré l'annonce de ventes mondiales en baisse de 4,2 % en 2008, Renault ne semble pas inquiéter de façon démesurée les investisseurs. Le titre a progressé de 7,51 % à 21,76 euros. Les chiffres du mois de décembre sont pourtant particulièrement catastrophiques, avec des ventes mondiales de voitures particulières et d'utilitaires légers en recul de 28,5 % à 146 758 véhicules. La part de marché de Renault est quant à elle restée stable à 3,6 % l'an dernier. Mais la marque au losange semble déterminée à redresser la barre. (P-J.L)