Air France-KLM : Alitalia ? Une histoire à l'italienne !

14/01/2009 - 09:39 - Boursier.com

Sans surprise, l'administrateur délégué d'Alitalia, Rocco Sabelli, a annoncé en début de semaine qu'Air France-KLM avait bien été choisi par le...

Sans surprise, l'administrateur délégué d'Alitalia, Rocco Sabelli, a annoncé en début de semaine qu'Air France-KLM avait bien été choisi par le Conseil d'Administration d'Alitalia pour devenir le futur partenaire étranger du groupe à hauteur de 25% du capital. La transaction a été conclue pour 323 Millions d'Euros, et octroie à Air France 3 des 19 sièges du Conseil d'Administration. Même si Air France est désormais l'actionnaire principal de la compagnie italienne, le groupe a cependant dû contractuellement abandonner la gestion d'Alitalia au consortium de patrons italiens à la tête de Compagnie Aérienne Italienne (CAI). Les participations prises par Air France au capital de la 'nouvelle Alitalia' restent incessibles pour une durée de 4 ans. Jusqu'au 12 janvier 2013, toute transaction ne pourra donc se faire qu'entre actionnaires. La compagnie aérienne franco-néerlandaise exploitera uniquement les lignes 'passager' d'Alitalia, les activités 'fret' et 'maintenance' devant être mises en vente pour éponger le lourd passif de la compagnie. Le nom d'exploitation demeurera Alitalia. Cet épilogue est la conclusion heureuse de longues tractations, et même d'une... capitulation de la part d'Air France-KLM en avril 2008. CAI, avait alors repris pour 1,052 Milliard d'Euros la faillitaire Alitalia. Aussitôt après l'avoir fusionné avec Air One, il restait à trouver le partenaire exploitant... Finalement, au terme de la deuxième phase de négociations entamée à l'été 2008, la compagnie française a été choisie en tant que partenaire étranger. Le grand rival du Français dans cette opération aura été Lufthansa. Toutefois, la candidature germanique souhaitait davantage entraver le positionnement commercial d'Air France sur de nouvelles lignes italiennes, plutôt que de réellement construire un projet économique autour d'Alitalia... D'ailleurs, bien que soutenu par Silvio Berlusconi, Lufthansa ne sera pas allée jusqu'au bout de sa démarche... La compagnie française a su s'imposer en mettant le prix, mais pas n'importe lequel, pour s'emparer de compagnie italienne : La dette de l'ordre de 3 Milliards d'Euros qui a tant effrayé les marchés lors de la première phase de négociations va en effet rester à la charge du contribuable italien... Le plan social retenu prévoit finalement davantage de licenciements que celui initialement proposé par Air France-KLM... Les synergies devraient être fortes puisque Air France attend dans ce domaine 720 Millions d'Euros sur 3 ans. Un Directeur des synergies va être nommé pour une durée de trois ans, renouvelable une fois. Il sera chargé "de mettre en oeuvre la stratégie de partenariat et de superviser la production des synergies". Air France-KLM s'attend en termes de résultat d'exploitation à un retour d'environ 90 Millions d'Euros, dès la troisième année. Le nouveau groupe est confié à la présidence de Roberto Colaninno, bien connu en Italie pour être le sauveur des causes perdues. Redresseur d'entreprises, l'homme épingle déjà sur sa carte de visite... Olivetti, Piago... mais aussi, à l'aube des années 2000, une OPA réussie de 60 Milliards d'Euros sur Telecom Italia... Les fées du capitalisme italien appuyées par le savoir-faire d'Air France -KLM sont donc autant d'atouts qui, normalement, devraient aider Alitalia à revenir au rang de grande compagnie aérienne européenne. Les premières semaines pourraient cependant être agitées... Sur le plan politique, l'entrée d'Air France au capital d'Alitalia passe en effet assez mal ! Le dossier social pourrait aussi se raviver, nourri notamment par la fronde du bouillonnant maire de Milan, Letizia Moratti. Celui-ci, cherchant à sauver l'aéroport milanais de Malpensa, n'a pas hésité à interpeller Silvio Berlusconi. Si l'homme manque quelque peu d'objectivité, il n'en pose pas moins des questions fondamentales qui localement pourraient trouver un écho social certain... Enjeu de la polémique, le 'redimensionnement' de l'aéroport de Milan au profit du site de Rome Fiumicino... Sur ce plan, pour parvenir à un accord -et ce fut la surprise de l'annonce-, Air France a dû faire quelques concessions : L'aéroport de Milan deviendra le 'hub' intercontinental d'Alitalia, tandis que le terminal de Rome sera tourné vers la Méditerranée et l'Amérique du Sud. Pour le reste, les longs courriers transiteront par Milan, Amsterdam et Paris... Symbole ou coïncidence, le premier vol de la 'nouvelle Alitalia' a décollé hier matin depuis... Milan pour Bangkok !



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