"La Banque Centrale Européenne a abaissé ses taux de 50 points de base, par une décision unanime, conformément aux anticipations conservatrices du marché échaudé par l'attitude rétive de la banque il y a un mois", explique le chef économiste d'Unicredit, Marco Annunziata, dans une note écrite après la décision de la banque centrale hier. Le spécialiste n'est donc pas surpris que la réaction du marché ait été sans relief : "les investisseurs ont eu ce qu'ils attendaient, mais ils savent que ce qu'ils attendaient était insuffisant par rapport aux besoins de l'économie", précise-t-il.
On l'aura compris, plutôt neutre jusqu'à la moitié de l'année 2008 sur la stratégie de la BCE, Marco Annunziata est désormais passé dans le camp de ceux qui comprennent mal les réticences de Jean-Claude Trichet et des autres gouverneurs nationaux européens à assouplir la politique monétaire. Cependant, la BCE a envoyé un message très clair, en particulier en ce que le niveau de Refi à 2% n'est pas forcément un plancher, et que la réunion de février n'aboutira pas à une baisse des taux. Trichet ne veut pas se laisser prendre dans la "trappe à liquidités", si bien que le taux de Refi devrait ne pas trop se rapprocher de zéro, mais le Gouverneur n'a pas exclu non plus de mesures exceptionnelles.
Annunziata craint que la BCE, ou certains de ses membres, ne sous-estime la profondeur de la crise et ne freine la poursuite de la baisse des taux. Il tire cependant un coup de chapeau à Jean-Claude Trichet et à sa manière "élégante" de s'être affranchi de la tendance dure entrevue en décembre (la BCE a indiqué qu'elle ne baisserait pas les taux avant d'avoir vu l'impact de ses premiers assouplissements, or sa doctrine indique que les actions monétaires se transmettent à 2 à 4 trimestres de décalage, ce qui aurait renvoyé au Calendes la baisse des taux suivante). Le Gouverneur a expliqué que la chute significative des taux à 3 mois constitue la preuve que la transmission des baisses de taux à l'économie se mettait en place, plus rapidement que prévu, donc...
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