Economie : Euler Hermes fait le point sur la crise économique

16/01/2009 - 09:37 - Boursier.com

L'économie mondiale traverse une crise inédite au tournant des années 2008 et 2009...

L'économie mondiale traverse une crise inédite au tournant des années 2008 et 2009. La dégradation de la conjoncture a été telle sur la dernière partie de 2008, en particulier après la chute de Lehman Brothers, que les points bas macroéconomiques du 3e trimestre 2008 seront largement dépassés non seulement au 4e trimestre de l'année, mais aussi en début d'année 2009, selon la dernière mouture du rapport Euler Hermes pour l'hiver 2008. Le choc subi par l'économie mondiale est exceptionnel, puisque tout à la fois de forte intensité et global. Il s'agit, de façon simultanée, d'une crise de l'économie réelle et d'une crise de la sphère financière, les deux s'auto-entretenant dangereusement dans une spirale récessive, explique le bureau d'études. C'est une crise globale aussi du fait de sa propagation à toutes les régions du monde (Amérique, Europe, Asie...) et de sa diffusion à tous les grands agents économiques (ménages, entreprises, banques, collectivités et États), touchant ainsi toutes les composantes de la demande (consommation, investissement des entreprises, investissement logement). Les pays développés, qui représentent 70% du PIB mondial, sont déjà passés du mode "ralentissement", qui était celui attendu, plus ou moins fortement, au mode "récession ou presque", pour tous, de façon brutale en cours d'année 2008. La baisse de régime s'était enclenchée dès la fin 2007, avec le retournement de l'immobilier dans plusieurs pays et la prolongation de la crise financière, puis elle s'était confortée au 2e trimestre 2008 avec l'envolée des prix énergétiques et de l'alimentaire. Elle s'est accélérée encore au 3e trimestre, jusqu'à aboutir à une nette contraction de la production de l'ensemble des pays développés, avec une croissance négative de -0,2%, pour la première fois depuis le 3e trimestre 2001, et avec déjà plusieurs pays de facto officiellement entrés en récession technique (Japon, Allemagne, Italie, Irlande, Suède). C'est le fléchissement très net de la demande interne, dans ses deux principales composantes, consommation privée et investissement, qui est à l'origine de la rupture dans les pays développés, avec d'autant plus d'impact que ces pays sont aussi respectivement tous les principaux partenaires commerciaux les uns des autres, poursuit Euler Hermes. La consommation des ménages, devrait connaître un repli inédit sur la décennie écoulée en 2009 (près de -1% au total pour les pays de l'OCDE), après une forte décélération en 2008 (+0,6%). Une nouvelle phase s'est en effet enclenchée depuis l'automne, avec l'accumulation de facteurs négatifs : l'aggravation du retournement des effets richesse (liés à l'immobilier et aux marchés boursiers), l'aggravation de la crise financière et bancaire, et le début de la dégradation des marchés de l'emploi. Ces derniers risquent désormais de se replier sensiblement en 2009 (-0,7% pour l'OCDE, -1,2% pour les Etats-Unis et -0,9% pour la zone euro), après plusieurs années d'expansion. A ce recul de la consommation privée devrait s'ajouter ceux de l'investissement logement et de l'investissement productif, ces derniers s'ajustant à la baisse de la demande, au besoin de déstockage et à la baisse des profits. Le repli serait important pour la construction (-5% en 2009 pour l'OCDE après -9% en 2008), avec un reflux en modération aux États-Unis (-8% en 2009 après -20 % en 2008 et -18 % en 2007) et avec une aggravation dans la zone euro (-4% en 2009). Le repli serait non négligeable aussi pour l'investissement productif, avec un net retrait pour l'OCDE (-3,3%). Dans le même temps, les pays émergents, ont aussi changé de braquet, alors qu'ils représentent 30 % du PIB mondial et surtout qu'ils sont les principaux contributeurs à sa progression depuis plusieurs années. La thèse du découplage n'a pas résisté à l'ampleur du décrochage des pays développés et à la propagation du tsunami financier aux pays émergents, lesquels n'ont pas tardé à se matérialiser dans la sphère réelle et dans la sphère financière, avec de forts replis sur les marchés boursiers et les marchés des changes locaux, et avec une remontée rapide des inquiétudes sur la situation extérieure de nombre d'entre eux. Le fléchissement de la croissance des pays émergents n'épargnera aucune des régions du monde, malgré des capacités de résistance plus élevées que lors des crises passées, avec une perte de 4 points de PIB en moyenne par rapport à 2007. Dans ce contexte, les ressorts de croissance sont limités, sévérité et globalité de la crise obligent, précise le département des études d'Euler Hermes. Il y a d'une part la désinflation dans le sillage de la chute des prix des matières premières, favorable au pouvoir d'achat des revenus des ménages et aux marges des entreprises consommatrices. Il y surtout l'ensemble des mesures prises par les gouvernements et les banquiers centraux, via une cascade de solutions de soutien des banques, une accélération de baisses de taux (y compris jusqu'à des politiques de taux zéro ou presque aux États-Unis et au Japon), et une débauche de plans de relance, avec des leviers divers, généralement ciblés sur les points faibles de leur croissance, et avec une ampleur différente selon les pays. Le total de ces mesures, qui représenterait 8 % du PIB mondial à mi-décembre (et 3,5% pour les seules mesures de relance), ne doit pas faire faire illusion, d'autant que de nombreuses incertitudes demeurent quant à leur délai de mise en oeuvre et à leur degré d'efficacité. L'effet sera davantage amortisseur de crise qu'accélérateur de croissance en 2009, sans empêcher l'économie mondiale d'encaisser un très sévère coup de frein: à nouveau plus de 1,8 point de croissance en moins en 2009 (après déjà plus d'un point en 2008), pour un total de moins de +1%, après+2,6% en 2008 et+3,8 % l'an en moyenne entre 2003 et 2007, selon Euler Hermes.



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