Accablant. Il n'y a pas d'autre mot pour qualifier le projet de rapport de la Commission bancaire, suite à son enquête auprès d'Europe Finance et Industrie. La mission, qui devait dresser un nouveau bilan après le premier blâme de la mi-juillet (assorti d'une sanction de 100 KE), " s'est déroulée dans des conditions très difficiles " note l'organe de contrôle, en guise de préambule, " notamment en raison de délais de réponse anormalement élevés de la part de l'établissement ".
Dans le document, que Boursier.com s'est procuré, la Commission bancaire pointe du doigt le bilan de Louis Thannberger en matière d'organisation et de gestion, jugé " pas satisfaisant ". " Les désordres sont toujours très nombreux (...) et 80% des anomalies constatées par la précédente mission sont toujours présentes ", ajoute l'Inspection qui cite pêle-mêle : " anomalies comptables, absence de contrôle interne, absence de suivi formalisé des dossiers, instabilité du personnel, non communication des états réglementaires... " Plus loin dans le document, il est aussi fait état de l'aggravation des faiblesses de la structure administrative. Et ce, malgré l'arrivée au sein de l'établissement de Monsieur Hodel, ancien préfet. L'Inspection note l'absence totale d'expérience en matière de contrôle bancaire de ce dernier.
Les difficultés financières d'EFI, qui s'est, rappelons-le, déclaré en cessation de paiement fin décembre 2008, sont soulignées, avec, au passif, 3,3 ME, pour un actif disponible de 0,7 ME " et la différence est telle que même des hypothèses d'estimation plus favorables à l'établissement ne pourraient pas inverser la tendance ", tranche la Commission bancaire qui ajoute, si besoin était : "Etant donnée l'ampleur du passif net (2,6 ME) en progression de plus de 1,2 ME depuis la dernière mission, rien ne permet de penser que l'établissement puisse redresser la situation ".
Plus grave, l'Inspection met en doute les écrits de l'actionnaire majoritaire d'EFI, dans le paragraphe portant sur l'actionnariat. A propos du réseau d'experts chinois en stratégie financière auquel Louis Thannberger aurait cédé des titres selon son communiqué du 23 octobre 2008, l'organisme de tutelle note que " rien n'indique dans les informations fournies par CACEIS (établissement mandataire pour la gestion du service des titres d'EFI) que cette cession ait véritablement eu lieu. " Les soupçons à l'encontre de la bonne gestion d'EFI montent même d'un cran lorsque la Commission bancaire parle du " dernier apporteur d'affaires " employé par l'établissement. EFI n'aurait en effet pas été en mesure d'apporter aux inspecteurs les éléments quant au travail réellement réalisé par cette employée.
Pour ce qui est de la gestion comptable, si elle n'est pas qualifiée de " calamiteuse ", c'est que les rapporteurs se doivent de conserver un langage administratif objectif dans leur rapport... Mais ce qu'ils décrivent est en tout cas accablant : " La rotation des effectifs est particulièrement inquiétante en matière comptable : en 16 mois, trois responsables comptables, une consultante et deux assistants se sont succédés dans le poste " Conséquence : il est reproché à EFI de ne disposer ni de procédures, ni de schémas comptables. En outre, de nombreuses anomalies comptables ont été mises en évidence. Par exemple, EFI n'a pas pu fournir les inventaires des créances clients. 36 fournisseurs présentaient un solde débiteur et aucune explication n'a pu être apportée sur le fonctionnement de deux comptes de cartes bancaires et du compte courant EFI SAS.
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