Une semaine de Bourse - Les marchés s'accrochent au plan Obama

06/02/2009 - 19:30 - Option Finance

(AOF) - Les Bourses mondiales ont trouvé dans le plan de relance de Barack Obama des raisons d'espérer. A Wall Street, l'indice Dow Jones s'apprêtait vendredi soir à terminer sur un gain hebdomadaire de 2,82 %. A Paris, l'indice CAC 40 a clôturé la semaine sur une progression de 5,01 % à 3 122,79 points. En repli sous les 2 900 points lundi, l'indice phare de la Bourse de Paris est repassé mercredi au-dessus des 3 000 points, à la faveur d'un indice d'activité des services aux Etats-Unis bien meilleur qu'attendu pour le mois de janvier. L'ISM des services est ressorti à 42,9 en janvier contre 40,1 en décembre, alors que le consensus le donnait à 39. "Je ne dirais pas que c'est de l'optimisme, je dirais que c'est moins de pessimisme", a estimé Neil Parker, stratège à la Royal Bank of Scotland. Ce constat résume parfaitement la tendance de la semaine, durant laquelle les marchés ont globalement préféré voir le côté positif des événements. Ainsi, vendredi, les investisseurs ont ignoré la nouvelle et spectaculaire dégradation de l'emploi aux Etats-Unis au motif qu'elle était en ligne avec les attentes, pour se concentrer sur les espoirs entourant le vaste plan de relance de 825 milliards de dollars de Barack Obama et le soutien au secteur financier via la création d'une "bad bank", qui regrouperait certains actifs toxiques. Pourtant, la conjoncture ne s'est guère améliorée : l'économie américaine a supprimé 598 000 emplois en janvier, un chiffre sans précédent depuis trente-quatre ans. Et, sur le front des entreprises, les motifs de réjouissance sont rares. Si le géant de la distribution Wal-Mart a vendu plus que prévu en janvier, le premier équipementier mondial de réseaux, Cisco, a annoncé son intention de supprimer 2 000 emplois. Selon Standard & Poors, le montant global des dividendes versés par les sociétés du S&P 500 devrait baisser de 13,3 % cette année, soit le plus important recul depuis 1942. De son côté, le pétrole a fluctué aux environs des 40 dollars le baril, pris en tenailles entre les risques sur la demande et les réductions de l'offre de l'Opep. Morgan Stanley a attiré l'attention du marché en annonçant un baril à 25 dollars au deuxième trimestre, bien loin des 75 dollars promis par le cartel. Le luxe en vedette : LVMH et Hermès ont brillé vendredi, après des résultats annuels jugés rassurants par le marché. Hermès a grimpé de 6,6 %, tandis que LVMH s'est offert 12,7 %. Christian Dior, la maison mère de LVMH, a progressé de 9 %. Entraîné dans leur sillage, PPR, qui dévoilera le 19 février prochain ses résultats annuels, est monté de 11,1 %. LVMH, numéro un mondial du luxe, a fait état d'un chiffre d'affaires stable au quatrième trimestre, tandis qu'Hermès a annoncé une hausse de 1,7 % de ses ventes à taux de change constant sur les trois derniers mois de l'exercice. Surtout, les analystes se sont dits heureusement surpris par la prévision du maroquinier de luxe d'une stabilité du chiffre d'affaires pour l'année en cours, malgré la dégradation de l'environnement économique et le manque de visibilité. Concernant LVMH, le marché a souligné la belle performance de la marque phare du groupe, Louis Vuitton, qui contribue pour moitié au résultat opérationnel. Vent d'espoir sur les cycliques : les valeurs liées aux matières premières ont fortement rebondi, portées par l'espoir de l'adoption rapide du plan de relance américain. ArcelorMittal a signé la meilleure performance du CAC 40 avec un gain hebdomadaire de 24,7 %. Le premier sidérurgiste du monde a également bénéficié de l'abandon par le Sénat américain de la disposition protectionniste "Buy American" sur l'acier, que les parlementaires avaient incluse dans le vaste de plan de relance de l'économie de Barack Obama. Les deux spécialistes des matériaux de construction, Saint-Gobain et Lafarge, ont progressé respectivement de 20,9 % et 15 %. Soutenu par les résultats robustes du premier groupe minier mondial, BHP Billiton, le spécialiste français du nickel Eramet s'est offert 18,8 %. Enfin, Vallourec a pris 12 % et Total, première capitalisation boursière du CAC 40, a progressé de 7 % alors que le pétrole a fluctué toute la semaine aux environs des 40 dollars le baril. Hors CAC 40, Technip et Bourbon ont terminé sur des gains hebdomadaires de 16,1 % et 12,3 %. Bilan rassurant pour les SSII : Atos Origin (+ 13 % sur la semaine) et Alten (+ 15,5 %) ont surperformé le marché après des chiffres d'affaires du quatrième trimestre conformes aux attentes. Atos Origin a fait état d'une croissance organique de 3,6 % au dernier trimestre et de 5,6 % sur l'ensemble de l'année. Le courtier Aurel a réitéré sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 24,3 euros sur la valeur, soulignant qu'en dépit du ralentissement des activités cycliques - conseil et intégration de systèmes -, la SSII avait réussi à maintenir une bonne dynamique de croissance du chiffre d'affaires récurrent, qui représente 69 % des ventes. De son côté, Alten a dégagé une croissance organique de 16,2 % en 2008 et de 8,3 % au quatrième trimestre. Le groupe réfléchit au versement d'un dividende en raison de la baisse de l'action a déclaré son directeur financier, Bruno Benoliel. Il s'agirait d'une première depuis l'introduction en Bourse en 1999. Alcatel-Lucent ne parvient pas à convaincre. L'équipementier télécoms accuse le plus important recul hebdomadaire du SBF 120, avec une perte de 7,6 %, à 1,43 euro malgré une marge opérationnelle supérieure aux attentes en 2008 et la confirmation de ses perspectives 2009, faisant état d'une baisse du marché des équipements de télécommunications et des services de déploiement associés de 8 % à 12 % à taux de change constant. Selon CA Cheuvreux, la baisse du cours s'explique par l'annonce d'un déficit de 429 millions d'euros de la couverture financière des retraites et des régimes de prévoyance du groupe, liée à la chute des taux de rendement des obligations servant à calculer la valeur actualisée des engagements. (P-J.L)