Une semaine de Bourse - Obama laisse les marchés sur leur faim

13/02/2009 - 19:49 - Option Finance

(AOF) - "Acheter la rumeur, vendre la nouvelle" : ce vieil adage boursier aura encore montré pleinement sa pertinence. Convalescents dans l'attente des initiatives américaines pour relancer l'économie, les marchés ont brutalement chuté mardi 10 février après l'annonce par le Trésor américain des modalités du nouveau plan de soutien au secteur financier de 2 000 milliards de dollars et de l'adoption par le Sénat du plan de relance économique de 789 milliards de dollars de la Maison-Blanche. Au terme de la semaine, l'indice CAC 40 a enregistré un recul hebdomadaire de 4 % à 2 997,86 points, sous le seuil symbolique des 3 000 points A Wall Street, l'indice Dow Jones s'apprêtait vendredi soir à terminer sur une perte hebdomadaire de 4,9 %. Le bilan aurait pu être plus mauvais sans le redressement des marchés américains jeudi soir, après une rumeur selon laquelle le gouvernement apporterait une aide au remboursement des prêts immobiliers. La stabilisation du marché immobilier est considérée par les observateurs comme une étape essentielle du redressement économique. Les indices ont pâti du manque de clarté reproché au plan de soutien des banques et d'indicateurs économiques décevants. Washington envisage de décharger les comptes des banques de 500 à 1 000 milliards de dollars d'actifs à risque et de débloquer 1 000 milliards de dollars de prêts aux entreprises et aux ménages. "Les investisseurs veulent de la clarté, de la simplicité et de la détermination. Ce plan est considéré comme alambiqué, brouillon et brumeux", a commenté à Reuters le président de Seacliff Capital, une importante société de gestion californienne. Dans ce climat morose, le pétrole a abandonné plus de cinq dollars pour fluctuer autour des 35 dollars le baril à New York. A la Bourse de Paris, mis à part les financières, affectées par la situation aux Etats-Unis, aucune tendance sectorielle ne s'est réellement dégagée. Les valeurs ont évolué au gré des publications de résultats. Si la majorité des poids lourds de la cote (Total, Sanofi, ArcelorMittal, Danone, Pernod Ricard) ont prouvé leur résistance à la crise, d'autres, comme EDF ou Capgemini, ont montré des signes de faiblesses. 2008 : année historique pour Total. 13,9 milliards d'euros, soit 20,5 milliards de dollars : jamais un groupe français n'avait amassé, en une seule année, un tel profit. Total a bénéficié de la flambée du pétrole survenue au premier semestre et de la bonne tenue des marges de raffinage. Cette performance a été possible en dépit de la baisse de 8 % du résultat net ajusté du quatrième trimestre à 2,87 milliards d'euros, supérieur aux attentes. Les profits records réalisés par Total sont "une bonne nouvelle", mais ils risquent de ne pas se répéter avant "un certain temps" en raison du retournement du marché pétrolier et de la crise, a tempéré le directeur général du groupe, Christophe de Margerie. "La clarté de la société sur les perspectives à long terme et la profondeur de son portefeuille de croissance restent impressionnantes", a estimé le bureau d'études Collins Stewart. Le titre a cependant terminé la semaine sur une perte de 2,4 %, pénalisé par la baisse du prix du brut. Sanofi-Aventis fait sa révolution. Le quatrième laboratoire pharmaceutique mondial a signé la meilleure performance hebdomadaire du CAC 40 (+ 5,35 % à 47 euros) après la publication de résultats annuels solides et la présentation de son programme de transformation. Le nouveau patron, Chris Viehbacher, compte dynamiser sa recherche par des partenariats et des acquisitions ciblées dans la biotechnologie, plus rentable et moins exposée aux génériques. Les analystes ont accueilli avec bienveillance ces résultats et perspectives. Oddo Securities a noté le "grand nettoyage dans le pipeline", tandis que Natixis Securities a souligné la motivation du nouveau management, "qui veut avancer vite, comme en témoignent les mesures prises dans la recherche". EDF pris à son tour dans la tempête. L'électricien a perdu près de 16 % en cinq séances, soit la deuxième moins bonne performance du CAC 40. Le marché a réagi négativement aux résultats annuels et aux perspectives présentées par le groupe. Pénalisé par l'effet de la prolongation en France de certains tarifs réglementés, le résultat net part du groupe accuse une chute de 39,5 %. Pour 2009, EDF se contente de tabler sur une hausse organique "modérée" de son Ebitda. Pas de quoi satisfaire des investisseurs par ailleurs déçus par le montant du dividende 2008, identique à celui de 2007. "La faiblesse des résultats, avec des perspectives encore plus faibles, pas de soutien du côté du rendement du dividende et le risque lié à la qualité de l'intégration des acquisitions, sont autant de facteurs qui pourraient continuer de peser sur le titre à court terme", a commenté Citigroup. Capgemini touchée par la crise. La SSII affiche la plus forte baisse de l'indice CAC 40 (- 17 % à 27,8 euros), après avoir annoncé que son chiffre d'affaires du premier semestre, à taux de change et périmètre constants, pourrait reculer jusqu'à 2 %. Facteur aggravant, le spécialiste des services et du conseil a précisé qu'il ne disposait pas d'une visibilité suffisante au-delà de cet horizon, en raison d'un niveau d'incertitude "particulièrement élevé". (P-J.L)