EULER HERMES : forte baisse des résultats en 2008

17/02/2009 - 18:55 - Option Finance

(AOF) - Euler Hermes a réalisé un résultat net 2008 de 83,6 millions d'euros, en baisse de 79,5%, et un résultat d'exploitation de 168,5 millions d'euros, en repli de 70,8%. " Cette évolution s'explique par la hausse du ratio combiné à 97,2% en 2008, en augmentation de 29,3 points par rapport à 2007 (67,9%) ", a souligné le spécialiste de l'assurance-crédit. Le groupe a précisé que le taux de sinistralité et le ratio des coûts, les deux composantes du ratio combiné, ont connu des évolutions opposées en 2008. Le taux de sinistralité net a affiché une forte dégradation et s'est élevé à 78,1%, contre 48,1% en 2007. Le ratio des coûts net a, lui, continué à s'améliorer, passant de 19,9% en 2007 à 19,1% en 2008, traduisant, selon le groupe, la stricte maîtrise des coûts mise en place. Selon le groupe, la détérioration du taux de sinistralité s'explique en grande partie par la profonde crise qui a frappé l'ensemble des économies mondiales en 2008 et qui s'est traduite par une forte croissance de la fréquence des sinistres, tant en nombre qu'en montant. Le chiffre d'affaires de l'exercice 2008 s'est élevé à 2,1665 milliards d'euros en progression de 3,2%. hors variations de périmètre de consolidation et des effets de variations de change, le chiffre d'affaires a progressé de 5,2%, croissance à peine inférieure à celle affichée en 2007 (5,6%) et en ligne avec les objectifs de croissance à long terme de 5%. Commentant ces résultats, Clemens von Weichs, président du directoire a déclaré : " La crise économique sévère que nous vivons actuellement augmente les défauts de paiement et les défaillances d'entreprises, impliquant une hausse en nombre et en montant des sinistres à payer par Euler Hermes à ses assurés. Cette hausse de la sinistralité pèse sur la profitabilité du Groupe à travers un fort recul de son résultat technique ". Euler Hermes proposera à l'assemblée générale du 15 mai 2009 le paiement d'un dividende de 1,50 euro par action. Au sujet de ses perspectives, le spécialiste de l'assurance-crédit a déclaré ne pas s'attendre à une amélioration de l'environnement macroéconomique à court terme. Il prévoit ainsi pour les deux prochains trimestres une sinistralité qui restera élevée. Euler Hermes entend poursuivre une politique de gestion prudente de son portefeuille financier. Le groupe compte sur son portefeuille obligataire pour soutenir ses revenus financiers en 2009 et maintenir une contribution importante des résultats financiers au résultat avant impôts. Le groupe a maintenu son objectif d'un ratio combiné inférieur à 100%, sous condition de ne pas être confronté à des sinistres majeurs. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Ratio combiné : Le ratio combiné est une composante essentielle pour appréhender la performance des assureurs, puisqu'il mesure la rentabilité technique des activités d'assurance. Le ratio combiné s'obtient en calculant le rapport des prestations versées pour sinistres, des dotations et des frais généraux sur le chiffre d'affaires total. C'est donc le rapport entre les décaissements et les encaissements, uniquement au titre des opérations d'assurance. Si le ratio combiné dépasse 100 %, les dépenses sont supérieures aux recettes. L'assureur peut toutefois compenser ses pertes techniques par ses bénéfices financiers (produit de la gestion des capitaux disponibles entre le moment où sont encaissées les primes et celui où les éventuels sinistres sont indemnisés).

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Euler Hermes, issu de la fusion, en juillet 2002, des deux filiales d'assurance-crédit d'Allianz, est devenu le leader mondial de l'assurance-crédit (qui consiste à couvrir les risques d'impayés des entreprises) avec 42% de part de marché et l'un des leaders de la caution. Euler est une filiale des AGF employant actuellement plus de 5500 collaborateurs à travers le monde.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Le groupe a effectué un développement à l'international efficace et maîtrisé contribuant à renforcer fortement à son chiffre d'affaires. En 2007, il s'est implanté à Dubai, en Argentine ainsi qu'en Israël et entrepris de réorganiser son réseau allemand, qui représente 25% de son chiffre d'affaires, contre 20% pour le marché français. - Euler Hermes est adossé au premier groupe mondial d'assurance Allianz/AGF, ce qui lui confère une solidité financière importante. - La politique de sélection des risques menée par le groupe lui permet d'améliorer son ratio combiné (rapport entre les décaissements, c'est-à-dire les indemnisations, et les encaissements, c'est-à-dire les primes collectées, uniquement au titre des opérations d'assurance). - Le groupe a pour politique de verser à ses actionnaires la moitié de son résultat net. - 80% du risque du groupe est concentré sur l'Europe, dont l'économie est moins volatile qu'outre-Atlantique

Les points faibles de la valeur

- L'assurance crédit est un métier particulièrement cyclique. Euler Hermès est très sensible à l'évolution de la conjoncture mondiale qui détermine pour une large part les défaillances d'entreprises. Le groupe avertit ainsi que le niveau faible de la sinistralité ne peut être garanti. - Le flottant du groupe est limité à 27,75 % du capital, AGF détenant une participation de 68,40 % dans le capital de la société. - La taille, moyenne, d'Euler Hermès peut représenter un frein pour les investisseurs qui estiment le titre moins armé pour faire face aux turbulences du marché. - Euler Hermes a ramené son exposition au marché actions à 9%, contre 16% début 2007, ce qui devrait entraîner une baisse de ses gains enregistrés sur ce marché.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Le titre est sensible à l'évolution de la conjoncture mondiale, dans la mesure où les primes versées par les entreprises sont indexées sur leur chiffre d'affaires. Compte tenu de l'exposition du groupe à l'Allemagne, l'évolution économique de cette zone est à suivre de près. - Enfin, le titre est dépendant de l'évolution des marchés financiers et des taux d'intérêt, dans la mesure où les primes versées par les assurés, réserves déduites, sont réinvesties sur les marchés financiers.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Assurance

L'assurance-crédit protège les entreprises du risque de défaillance de leurs clients. Elle couvre environ le quart du crédit inter-entreprise domestique, soit à peu près 320 milliards d'euros. La crise actuelle provoque le développement des défaillances d'entreprises, ce qui incite les assureurs-crédit, tels que la Coface, à réduire leurs engagements sur les sociétés jugées risquées. Or l'impact sur la santé des PME est négatif, voire fatal. Le gouvernement a donc adopté un plan de soutien à l'assurance-crédit à travers la création de la Caisse centrale de réassurance (CCR), dont il est l'unique actionnaire. Cette société anonyme va intervenir pour maintenir la couverture des risques. Les encours garantis seraient maintenus, l'Etat prenant à sa charge la part refusée par l'assureur. Néanmoins la limite de ce plan réside dans le coût supplémentaire pour les plus petites entreprises puisque qu'elles devront d'abord payer un taux de surprime, lié à la garantie de l'Etat, de 1,2% des encours couverts, soit 0,4% du chiffre d'affaires. Cela correspond au double en moyenne du coût d'une assurance-crédit normale.