Banques Dexia, Natixis, si près, si loin

26/02/2009 - 10:49 - Boursier.com

A priori, les banques Natixis et Dexia n'ont pas grand-chose en commun...

A priori, les banques Natixis et Dexia n'ont pas grand-chose en commun. L'une est la banque d'affaires créée par le rapprochement des entités dédiées des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires. L'autre est un établissement tourné vers les collectivités publiques, officiant également dans la banque de détail. Ce matin pourtant, les deux banques sont dans le même bateau. Elles ont publié ce matin leurs résultats 2008, nettement plus dégradés que ceux des grandes banques diversifiées françaises, et légèrement inférieurs à ce que redoutaient les marchés financiers. Natixis, dont on attend incessamment le sort dans le cadre du rapprochement entre ses deux maison-mères, Caisse d'Epargne et Banque Populaire, a donc connu une année très difficile. Le produit net bancaire, l'équivalent du chiffre d'affaires pour une banque, s'est effondré de moitié à 2,93 Milliards d'Euros, tandis que la perte se creusait donc à -2,8 Milliards d'Euros, dont -1,61 Milliard sur le seul dernier trimestre 2008. La banque assure que son produit net bancaire aurait été stable et qu'elle aurait été bénéficiaire hors impact des "actifs cantonnés", c'est-à-dire 31 Milliards de dollars d'actifs plus ou moins risqués intégrés dans une structure gérée indépendamment pour éviter de "contaminer" le reste des activités. Il n'empêche, ce bénéfice virtuel ne permettra pas à la banque de rémunérer ses actionnaires, puisqu'elle a sans surprise annoncé qu'elle ne distribuerait pas de dividende cette année. Pas de dividende non plus chez Dexia. La banque franco-belge a donc fait encore pire que sa rivale, en dévoilant 3,32 Milliards d'Euros de pertes, davantage que sa prévision récente de 3 Milliards d'Euros du fait de dépréciations supplémentaires sur le portefeuille de RMBS (les obligations adossées à des emprunts immobiliers américains). L'établissement a connu un tel quatrième trimestre que son produit net bancaire est négatif ! Le coût du risque a été multiplié par 20 entre 2007 et 2008, pour atteindre 3,29 Milliards d'Euros. Le nouvel homme fort de Dexia, Pierre Mariani, n'a pas mâché ses mots contre l'ancienne gestion. "Les résultats de l'exercice 2008 témoignent de l'ampleur d'une crise tout à fait exceptionnelle et de fragilités structurelles accumulées par Dexia au cours des dernières années. Ils portent en eux le coût de développements hasardeux, mal financés et tentés loin des bases et des métiers qui ont fait la force historique de la société", a-t-il martelé, en rappelant que sa stratégie vise au recentrage "sur des métiers de base qui ont prouvé leur résistance, même au plus fort de la crise". Les deux banques ont également en commun d'avoir été copieusement soutenues financièrement, l'une par les gouvernements français, belge et luxembourgeois, l'autre par ses deux actionnaires et l'Etat. Cela leur permet d'afficher des ratios prudentiels, scrutés par les régulateurs pour s'assurer que les établissements financiers ont une gestion équilibrée, élevés, surtout par rapport aux autres établissements hexagonaux pourtant bénéficiaires. Un paradoxe qui n'a pas fini d'alimenter les débats, puisque les deux banques, sans doute les plus fragilisés par la crise en France, ont aussi des ratios parmi les meilleurs du secteur. Le "ratio Tier one" de Natixis ressortait ainsi à 8,2% au 31 décembre 2008, et dépasserait 9% si elle avait recours à la seconde tranche du plan de soutien du gouvernement français. Dexia émarge de son côté à 10,6%. BNP Paribas, par exemple, a dégagé un ratio Tier One de 7,8% fin 2008 (8,4% avec la seconde tranche d'aide de l'Etat), alors que la Société Générale a annoncé 8,8%, les deux banques ayant été bénéficiaires en 2008 et semblant avoir mieux tenu le choc depuis l'arrivée de la crise. Derniers points communs entre Dexia et Natixis : un plan sévère de recentrage et la promesse qu'on ne les y reprendrait plus. Mais ces engagements se retrouvent à peu près chez tous les banquiers à l'heure actuelle, comme l'absence de prévisions chiffrées pour l'exercice 2009. Aucune banque ne s'est en effet risquée à faire des pronostics, la visibilité étant toujours exécrable plus d'un an et demi après le début de la débâcle financière née de la crise des "subprimes". A Paris en matinée, Dexia perd 4,5% à 1,63 Euro. Natixis, hésitante en début de parcours, s'adjuge désormais 4,9% à 1,09 Euro.



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