Le Crédit Agricole a moins bien terminé l'année qu'il ne l'avait commencée, à l'image de tous ses homologues. Le quatrième trimestre de la banque verte s'est ainsi soldé par une perte nette de 309 Millions d'Euros, supérieure à ce que prévoyaient les analystes. Sur l'ensemble de l'exercice cependant, l'établissement dégage un bénéfice net de 1,02 Milliard d'Euros, qui s'il est nettement inférieur à celui de l'année précédente (4,04 Milliards d'Euros), n'en reste pas moins relativement confortable.
A y regarder de plus près, les chiffres du quatrième trimestre sont pourtant, à l'exception du bénéfice net, meilleurs qu'escompté. Le produit net bancaire, l'équivalent du chiffre d'affaires pour une banque, résiste bien, à 4,6 Milliards d'Euros, comme le résultat brut d'exploitation (1,45 Milliard d'Euros). C'est notamment le fort accroissement (+67%) du coût du risque (charges comptabilisées sur les clients défaillants) qui fait plonger les résultats dans le rouge, à l'image de la tendance constatée chez les concurrents de la banque. Par divisions, la banque de détail en France (Caisses régionales et LCL) offre une bonne résistance, tandis que les pôles services financiers et gestion d'actifs, assurance, banque privée quoique amputés d'une partie de leurs profits, sont encore largement bénéficiaires.
Le principal point noir provient de la banque de détail à l'international. Le Crédit Agricole a ainsi pris de lourdes dépréciations sur ses activités en Grèce, qui grèvent les comptes. La filiale Emporiki a beaucoup souffert de la crise et sa maison-mère a prévu d'accélérer sa transformation, tout en réaffirmant son attachement au marché grec qualifié de "stratégique" pour le groupe. Enfin la banque de financement et d'investissement livre une performance honorable. Si "facialement" elle accuse une perte trimestrielle de 47 Millions d'Euros, le poids des activités en cours d'arrêt est encore important. Sans ces actifs, la division aurait même engrangé plus de 500 Millions d'Euros de bénéfices, ce qui laisse augurer d'un recentrage payant.
Mais le plus rassurant de l'avis des analystes, c'est le maintien par la banque verte de ratios prudentiels élevés. Ainsi le fameux "ratio Tier 1", qui mesure les fonds propres principaux d'un établissement financier, se situait-il à 9,1% fin 2008, soit l'un des niveaux le plus élevé parmi les banques françaises. "Ces niveaux, bien adaptés aux nouveaux standards du marché et au profil de risque de Crédit Agricole SA, lui permettent de ne pas recourir à la deuxième tranche de fonds propres proposée par l'Etat", explique l'établissement. La direction confirme donc qu'elle n'utilisera pas la faculté offerte par le gouvernement français de renforcer ses fonds propres, à l'inverse par exemple de ce qu'a choisi la BNP Paribas. Plutôt rassurant dans le contexte actuel. Un signe en tout cas que le Crédit Agricole ne sent pas de grosses menaces sur sa solidité financière. Les investisseurs sont cependant quelque peu déçus par le dividende proposé par la banque : 0,45 Euro, contre 1,20 Euro il y a un an. Ils anticipaient une baisse, mais un peu moins marquée. Cependant compte tenu de la chute du cours des valeurs bancaires, ce coupon assure un rendement (le rapport entre le montant distribué et le cours de l'action) de 8%, assez nettement supérieur à la moyenne.
"Crédit Agricole SA voit son coût du risque augmenter de manière sensible. Cependant, les mesures prises sur sa banque de financement et d'investissement portent maintenant leurs fruits et CASA semble peu susceptible d'une augmentation de capital à court terme, ce qui dans le contexte actuel est la qualité numéro 1 d'une banque", explique Pierre Chédeville, analyste chez CM-CIC Securities. A l'instar des autres établissements Européens, le Crédit Agricole ne se risque pas à produire de prévisions chiffrées pour l'exercice en cours.
A Paris en matinée, le titre Crédit Agricole a retrouvé l'équilibre peu avant 11h00, après avoir connu une forte baisse de plus de 4% un peu plus tôt dans la séance.
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