Point de vue - Les hedge funds ont-ils encore de la valeur ajoutée ?

12/03/2009 - 17:18 - Option Finance

(AOF / Funds) - La crise financière ne remet pas en question la valeur ajoutée des fonds alternatifs dans un portefeuille traditionnel passif, même si l'industrie des hedge funds a souffert de l'évolution récente des marchés financiers. Dans ces conditions extrêmes, les hedge funds ont connu pour la première fois des performances annuelles négatives. Malgré des pertes clairement inférieures aux marchés des actions, certains observateurs ont été amenés à s'interroger sur la valeur ajoutée des hedge funds au sein d'un portefeuille traditionnel constitué en majorité d'actions et d'obligations. Ces préoccupations sont principalement motivées par les développements récents et tendent à oublier les caractéristiques fondamentales des fonds alternatifs. Les hedge funds se définissent comme des véhicules d'investissement dynamiques tirant profit de l'expérience et du savoir-faire de leurs gérants. Toutefois, étant donné leur spécialisation poussée, les hedge funds ne forment en aucun cas un ensemble homogène. L'année 2008 en a été la parfaite illustration : les styles liés aux achats/ventes d'actions ("equity hedged") ou tournés vers l'arbitrage ("relative value" et "event driven") ont souffert à la suite de la chute des marchés d'actions et de la très forte réduction de la liquidité. A l'opposé, les styles comme les "managed futures" ou encore "global macro" ont généré des performances positives voire même excellentes exploitant ainsi les nouvelles tendances observées sur les marchés. En conséquence, une allocation d'actifs appropriée entre les différents styles de hedge funds s'avère déterminante si l'on souhaite contrôler le risque dans un portefeuille de fonds alternatifs. Comme l'ont montré de nombreuses études académiques, les rendements des hedge funds proviennent de trois sources distinctes : les facteurs de risque traditionnels, les facteurs de risque alternatifs et l'alpha. Les facteurs de risque traditionnels correspondent à une exposition statique des hedge funds aux marchés des actions, des obligations, ou encore des matières premières. Les facteurs alternatifs sont liés aux stratégies mises en place par les gérants de fonds alternatifs afin d'extraire des rendements en fonction des opportunités de marchés. Ils sont très variables d'un style à l'autre : risque de liquidité, risque lié à la volatilité entre autres pour les styles d'arbitrage, risque lié aux tendances sur les marchés de futures pour le style "managed futures". Enfin, l'alpha constitue la valeur supplémentaire générée par le gestionnaire après déduction des expositions systématiques du rendement total. L'alpha peut être interprété comme une mesure du talent du gestionnaire à mettre en place et exécuter sa stratégie. L'accès aux facteurs alternatifs ainsi qu'à l'alpha des hedge funds constitue la valeur ajoutée principale pour un investisseur désireux d'inclure ces fonds dans un portefeuille traditionnel. En effet, sur le long terme, les facteurs de risque alternatifs sont très faiblement corrélés avec les facteurs de risque traditionnels. L'ajout de hedge funds apporte donc de la diversification et contribue à réduire le risque d'un portefeuille traditionnel. Ponctuellement, les facteurs de risque alternatifs et traditionnels sont susceptibles d'exhiber une corrélation plus importante. La dynamique des stratégies des hedge funds induit une dynamique dans les corrélations avec les facteurs de risque traditionnels. Une corrélation positive et forte n'est donc pas une indication d'un potentiel de diversification réduit mais l'expression d'une coïncidence passée et ponctuelle entre les positions définies par une stratégie active et des opportunités dans les primes de risque traditionnelles. En conclusion, la crise financière ne remet pas en question la valeur ajoutée des fonds alternatifs dans un portefeuille traditionnel passif, même si l'industrie des hedge funds a souffert de l'évolution récente des marchés financiers. De plus, la réduction probable du nombre de hedge funds rendra vraisemblablement l'extraction des primes de risque alternatives et la création de l'alpha plus aisée. Enfin, la flexibilité et la capacité d'adaptation des hedge funds leur permettront vraisemblablement d'exploiter au mieux les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter à l'issue de la crise. Par Pierre Jeanneret, analyste quantitatif chez RMF Investment Management, membre de Man Group