Point de vue - Les CTA ont le vent en poupe

13/03/2009 - 10:16 - Option Finance

(AOF / Funds) - Malgré les violentes turbulences de ces derniers mois, plusieurs sociétés de gestion alternative sont parvenues à enregistrer d'excellentes performances en 2008, notamment les CTA (Commodity Trading Advisors). Les CTA interviennent sur les marchés de futures selon des méthodologies de gestion quantitative systématique en tirant parti des tendances de marché, qu'elles soient haussières ou baissières. L'indice Barclay CTA Index, qui retrace l'évolution de 20 des principaux CTA mondiaux, a progressé de 14,11 % entre le 1er janvier et le 31 décembre 2008, soit plus de 6 points de plus que l'année précédente et une surperformance de plus de 60 points avec l'indice actions Eurostoxx 50 ! Mais pourquoi un tel écart avec les marchés financiers et les autres stratégies alternatives ? Tout d'abord, de nombreux gérants alternatifs ont été affectés par le brutal assèchement de la liquidité des marchés sur lesquels ils étaient exposés. En créant de fortes décotes, voire en empêchant les gérants de déboucler leurs positions, ce risque de liquidité a amené plusieurs sociétés de gestion de renom à fermer provisoirement certains fonds, voire à procéder à des liquidations forcées. Dans ce contexte, les CTA figurent parmi les rares stratégies à offrir une liquidité réellement quotidienne. Pour une raison simple : les CTA sont intégralement investis sur les marchés à terme, dont la profondeur limite par construction l'emprise de chaque fonds. La conjoncture très difficile de ces derniers mois a d'ailleurs prouvé que les marchés à terme restaient très liquides, même en cas de chute brutale des cours. Résultat, la liquidité quotidienne promise par les CTA n'est pas de pure façade, les gérants étant effectivement en mesure de faire face à des mouvements de rachat massifs sans affecter les cours et, donc, en préservant l'égalité des porteurs de parts. La fragilité du système financier de la place pose aussi un risque de contrepartie jusqu'alors sous-estimé. La faillite de Lehman Brothers, prestataire de nombreux hedge funds en matière de négociation, de support opérationnel ou encore de financement des leviers, a en effet rappelé aux investisseurs que les sociétés de gestion alternative étaient exposées à des prime brokers qu'on sait désormais vulnérables. Rien de tel pour les CTA, toutefois, dont la contrepartie sur les marchés à terme est la chambre de compensation de ce même marché, et non un prime broker ou encore un quelconque intervenant tiers. Par ailleurs, les sommes effectivement versées auprès de chaque chambre sont limitées aux seuls appels de marge, qui correspondent à une fraction des engagements réels. Dans ce contexte, même dans l'hypothèse extrême et hautement improbable de la faillite d'une chambre de compensation, la somme maximum qu'est susceptible de perdre un CTA est circonscrite à son appel de marge. Le reste, qui correspond à la majeure partie du fonds, est investi sur des placements hautement sécuritaires de type BTF. Dans ce contexte, la principale contrepartie d'un CTA est... l'Etat. Un risque de crédit particulièrement confortable en ces temps d'instabilité du système financier. Restent enfin les risques de marché. L'envol de la volatilité et les récents mouvements de deleveraging ont désorganisé les marchés, invalidant a posteriori les modèles sur lesquels certaines stratégies alternatives, notamment long short, étaient bâties. Or les CTA, destinés à suivre des tendances à court terme, sont justement construits pour intervenir selon des considérations purement techniques, et notamment dans des environnements de marché particulièrement erratiques, comme aujourd'hui. Enfin, les CTA se répartissent sur de nombreuses sous-stratégies, sous-jacents et horizons. Leur portefeuille est donc diversifié en plusieurs centaines de stratégies, limitant le risque inhérent à chacune d'entre elles. Pour toutes ces raisons, les sociétés de gestion quantitative systématique attirent de plus en plus l'attention d'investisseurs en quête à la fois de performance et de sécurité. Le ratio rendement/risques (risque de liquidité, risque opérationnel, risque de marché et risque de contrepartie) des CTA illustre leur pertinence dans une optique de diversification ou de décorrélation à long terme. Depuis vingt-huit ans qu'il existe, le Barclay CTA Index a d'ailleurs progressé de 13,6 % en moyenne annuelle et n'a été négatif que trois années. Et encore, il n'a jamais baissé de plus de 1,19 % sur une année calendaire ! 2009 n'a aucune raison de déroger à la règle. François Bonnin, fondateur, P-DG, gérant associé de John Locke Investments