Stratégie : aux Etats-Unis, Geithner n'a pas le droit à l'erreur

23/03/2009 - 09:59 - Boursier.com

Aujourd'hui à 13h45 heure de Paris, le Secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner va détailler un nouveau plan destiné à alléger les bilans des...

Aujourd'hui à 13h45 heure de Paris, le Secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner va détailler un nouveau plan destiné à alléger les bilans des institutions financières du pays, dans l'espoir qu'elles pourront ainsi se concentrer sur l'irrigation de l'économie et ainsi relancer la croissance. Les attentes sont très élevées sur les marchés, qui ont choisi d'anticiper de bonnes nouvelles depuis quelques jours... Le "super plan" américain pour sauver le système financier du pays devrait voir officiellement le jour aujourd'hui. Les plus caustiques pourront souligner que ce n'est pas le premier et que les autres n'ont pas eu le succès escompté. Mais le Secrétaire au Trésor Timothy Geithner a prévu d'accroître encore les moyens disponibles pour alléger les bilans des banques, puisque cela semble être le nerf de la guerre de restauration de la confiance. Esquissé il y a un mois, le plan est très attendu des marchés, qui se sont offert de copieux rebonds dans l'attente de ses détails. Il faut dire que l'administration Obama a suscité beaucoup d'espoir, après avoir douché les investisseurs le mois dernier en retardant sa mise en place. Pour sauver le marché, quoi de mieux que de créer un nouveau marché ? C'est en tout cas l'idée de Geithner, qui entend faire en sorte que les investisseurs privés, soutenus par la Fed, la FDIC (le régulateur bancaire américaine) et le Trésor, interviennent sur les actifs illiquides ou toxiques des banques pour les soulager du poids de leurs participations. Une sorte de partenariat public privé, c'est à la mode, pour voler au secours de la patrie en danger. En créant un fonds de reprise des actifs douteux, le gouvernement fédéral espère que les banques, moins focalisées sur la gestion de leur bilan, recouvreront la capacité de financer l'économie dite "réelle", soit les entreprises et les consommateurs. "Les gens doivent comprendre que sans redonner de marge de manoeuvre aux banques, cette économie ne pourra se redresser", a expliqué en substance Barack Obama sur CBS News au cours du week-end. Les montants qui devraient être engagés sont toujours aussi astronomiques, puisque la presse financière américaine a évoqué 500 à 1.000 Milliards de Dollars d'actifs qui pourraient être "cantonnés". Pour financer ce total, l'administration injecterait 75 à 100 Milliards de Dollars, selon les déclarations du Secrétaire au Trésor dans une tribune publiée par le 'Wall Street Journal', et prévoirait de lever 500 à 1.000 Milliards de Dollars auprès d'investisseurs privés. Tim Geithner n'a pas hésité à expliquer que les banques ne pourront d'elles-mêmes purger ces actifs "avec le temps", sauf à risquer de "prolonger la crise et de répéter l'expérience japonaise", en référence à la "décennie perdue" de l'économie nipponne dans les années 90, qui avait payé au prix une réaction tardive. Pour les commentateurs, en dépit de la vague d'espoir qu'il suscite, ce plan reste hautement dépendant de la capacité des autorités à intéresser les investisseurs privés. Il semble assez naturel que ceux-ci renâclent à placer des fonds sur des actifs aussi risqués que les banques elles-mêmes sont incapables de valoriser, faute de demande. Accepter le transfert du risque lié à ces actifs depuis les banques affaiblies vers la sphère d'investissement privée nécessitera des dispositifs extrêmement attractifs pour surmonter la défiance légitime des professionnels, déjà échaudés par près de deux ans de crise financière. "La poursuite du rebond de la bourse américaine dépendra beaucoup de la crédibilité accordée au plan Geithner d'achat des actifs toxiques des banques", estime l'équipe de recherche d'Aurel ETC Pollak dans une note publiée ce matin, en rappelant que le plan avait été annoncé en février mais que cette annonce avait alors été mal accueillie, "en l'absence de précisions sur ses modalités, et surtout sur les moyens d'attirer des investisseurs privés". La stratège du CM CIC Securities Valérie Plagnol estime pour sa part que l'enjeu sera de mettre en place une structure qui proposera des prêts à taux faibles aux investisseurs privés pour investir dans ces actifs dits toxiques, notamment les crédits immobiliers à risque, "avec l'idée de dégager à terme un profit". Outre ce projet, Geithner devrait chercher à accroître la sphère d'influence du plan "TALF" (offre financière de la Fed pour racheter des actifs de bonne qualité mais gelés) à des actifs de moindre qualité. Le Secrétaire au Trésor devrait de surcroît demander plus tard dans la semaine au Congrès d'accepter une extension des pouvoirs de l'administration si une institution financière jugée stratégique venait à vaciller. Selon les rumeurs, ces pouvoirs pourraient inclure des possibilités de geler des remboursements, de sécuriser des dettes ou de casser des contrats de rémunérations de dirigeants. L'affaire Bear Stearns et celle plus récente autour d'AIG sont toujours très présentes dans les têtes à Washington...



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