Economie : le plan Geithner ? un "cambriolage du peuple américain" !

25/03/2009 - 07:56 - Boursier.com

Intervenant hier lors d'une conférence à Hong Kong, le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a estimé que le plan de rachat des actifs toxiques des...

Intervenant hier lors d'une conférence à Hong Kong, le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a estimé que le plan de rachat des actifs toxiques des banques américaines, annoncé lundi par Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor, faisait peser tous les risques sur le budget de l'Etat et aucun sur le secteur privé. Ce plan a "beaucoup de défauts (...) Très franchement, il aboutit à un cambriolage du peuple américain ! Je ne crois pas que cela va marcher parce que je pense qu'il y aura trop de fureur à l'idée de faire peser autant les risques de pertes sur les contribuables américains". En effet, selon le schéma retenu, si les actifs repris aux banques perdent de la valeur, la facture sera pour le contribuable, mais s'ils en prennent, les bénéfices iront en grande majorité dans les poches des institutions privées (fonds d'investissement, assureurs...) qui participeront à ce programme pouvant atteindre 1.000 Mds$. Depuis lundi, Joseph Stiglitz est loin d'être le seul à avoir critiqué ce plan, qui, dans un premier temps, avait été accueilli par une flambeé de Wall Street (+7% lundi pour les principaux indices). Un autre Prix Nobel d'économie, Paul Krugman, a aussi estimé qu'il allait "très certainement" échouer, tandis qu'Arthur Levitt, le président de la SEC, et Bill Gross, le gérant du fonds obligataire Pimco, ont émis des doutes sur son efficacité à résoudre la crise bancaire... Ainsi, certains analystes craignent que les banques qui cèderont leurs portefeuilles de crédits hypothécaires et commerciaux soient forcées de le faire à des prix inférieurs à leur valeur initiale. En effet, si les banques ont largement déprécié les produits dérivés de crédit (CDS, CDO, etc...), les normes comptables les autorisent à conserver les crédits eux-mêmes à leur valeur initiale, jusqu'à leur échéance... Or, un certain nombre de crédits étant devenus "toxiques" en raison des risques croissants de défaut de paiements, leur prix de vente sera sans doute inférieur à leur valeur initiale, ce qui forcerait les banques à procéder à de nouvelles dépréciations et à lever de nouveaux capitaux. Avec en filigrane, le spectre de la montée en puissance de l'Etat dans le capital de certaines d'entre elles, comme Citigroup et Bank of America... Et dans le cas d'une vente de ces actifs au prix initial, les banques seraient épargnées, mais c'est le contribuable américain qui paierait la facture lorsqu'une partie de ces crédits feront défaut, puisque l'Etat s'est engagé à couvrir les pertes éventuelles subies par les investisseurs privés participant au programme.



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