François Pérol rejette tout conflit d'intérêt devant les députés

25/03/2009 - 16:24 - Option Finance

(AOF) - Le titre Natixis progressait de 0,99% à 1,424 euro dans l'après-midi, après les déclarations de François Pérol devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Le nouveau président de la future banque issue du rapprochement des Caisses d'Epargnes et des Banques Populaires a écarté tout conflit d'intérêt lors de son intervention. "Je ne suis pas en situation de prise illégale d'intérêt", a affirmé l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée. Déclarant ne pas avoir outrepassé ses fonctions, il a ajouté que la fusion des deux banques n'était pas le fruit de son initiative, mais qu'il s'agissait d'un "projet qui est venu des entreprises". M. Pérol a toutefois reconnu avoir rencontré les dirigeants des deux groupes lorsqu'il était conseiller de Nicolas Sarkozy. Les députés ont également interrogé M. Pérol sur les raisons de son choix de ne pas avoir saisi la commission de déontologie de la fonction publique, dont le rôle est de statuer sur le passage de fonctionnaires dans des secteurs d'activités qu'ils ont eu à traiter. Le président de la future deuxième banque française a déclaré avoir estime "en conscience" qu'il pouvait ne pas saisir la commission. Il a justifié cette décision par l'"urgence" de la situation, notamment concernant Natixis, la filiale commune des deux banques. La banque d'affaires représentait un risque "de nature systémique", a-t-il estimé devant les députés. En 2008, Natixis a enregistré une perte nette de près de 2,8 milliards d'euros et a procédé à l'isolement de 31 milliards d'euros d'actifs financiers risqués. M. Pérol a toutefois refusé de s'exprimer sur le sujet de la plainte déposée contre Natixis pour présentation de comptes inexacts.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Activité de la société

Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%. Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.

Les points forts de la valeur

-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques. -Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros. -Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.

Les points faibles de la valeur

- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%). - Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque. - La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.

Comment suivre la valeur

- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement). - Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts. - En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

Le paysage bancaire mondial est en pleine reconfiguration. Les banques qui résistent le mieux à la crise, sont à l'affût d'opportunités pour consolider leur position. En Angleterre, très affectée par la crise financière, la banque HBOS, numéro un du crédit immobilier, a été reprise par Lloyds TSB, cinquième banque du pays pour 12,2 milliards de livres (environ 15,5 milliards d'euros). Cette opération devrait créer un géant national du crédit immobilier et de l'épargne, détenant près de 28% du marché britannique des prêts immobiliers. En Allemagne également le marché bancaire se consolide. Deutsche Bank a annoncé son entrée au capital de Postbank à hauteur de 29,75%. Auparavant, Commerzbank avait racheté Dresdner Bank. La deuxième banque privée du pays double ainsi de taille. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Merrill Lynch a été reprise par la première banque américaine, Bank of America. Quant à JPMorgan Chase, elle devient la deuxième banque commerciale américaine grâce à l'acquisition de Washington Mutual.