LAFARGE : les modalités de son augmentation de capital

01/04/2009 - 08:22 - Option Finance

(AOF) - Lafarge a annoncé aujourd'hui les modalités de son augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros destinée à renforcer sa structure financière. Le prix de souscription a été fixé à 16,65 euros par action, soit un nominal de 4 euros et une prime d'émission de 12,65 euro. Chaque actionnaire du spécialiste des matériaux de construction recevra un droit préférentiel de souscription par action détenue à la clôture de la séance de bourse du 1er avril 2009. 13 droits préférentiels de souscription donneront droit de souscrire à 6 actions nouvelles. 90 109 164 actions nouvelles seront émises. Lafarge précise que le prix de souscription fait apparaître une décote de 46,2 % par rapport au cours de clôture de l'action Lafarge au 30 mars 2009 corrigé du dividende envisagé de 2 euros par action au titre de l'exercice 2008, auquel les actions nouvelles n'ouvrent pas droit. La période de souscription commencera le 2 avril 2009 et se terminera le 15 avril 2009 inclus. Durant cette période, les droits préférentiels de souscription seront cotés et négociés sur Euronext. Les deux principaux actionnaires du groupe, le groupe Bruxelles Lambert et NNS Holding Sàrl, se sont engagés à souscrire au prorata de leurs participations respectives, soit un montant total d'environ 500 millions d'euros. Le solde du montant de l'augmentation de capital est garanti par un syndicat de banques. Le spécialiste des matériaux de construction rappelle que cette augmentation de capital est un élément clé de la plateforme de 4,5 milliards d'euros de mesures annoncées le 20 février 2009. " Ces mesures visent à réduire la dette du groupe, renforcer sa structure financière et positionner idéalement Lafarge en prévision de la reprise ", a précisé Lafarge.

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LEXIQUE

Prime d'émission : Différence entre le prix d'émission d'un titre lors d'une émission obligataire ou d'une augmentation de capital et sa valeur nominale. Cela permet, en particulier, de corriger l'effet dilutif lié à une augmentation de capital. Augmentation de capital : Action qui consiste à augmenter le capital social d'une entreprise en émettant de nouvelles actions. Généralement utilisée en dernier recours pour assurer le financement de l'entreprise (après l'autofinancement et l'endettement). Ce type d'opération est dilutif à court terme pour l'actionnaire. La société propose généralement aux anciens actionnaires de souscrire de nouveaux titres un prix en principe inférieur au dernier cours de bourse. DPS (Droit Préférentiel de : Droit négociable attaché aux actions anciennes qui permet à leur titulaire de souscrire des actions nouvelles au prorata des actions qu'il détient déjà, lors d'une augmentation de capital. La justification de ce droit provient de l'effet dilutif. Par ce droit, on donne la possibilité aux anciens actionnaires de conserver le même pourcentage de contrôle. Cela permet également d'ajuster le prix d'émission et la valeur marchande des titres, puisque les actionnaires ont également le droit de vendre ce droit pendant toute la durée de l'opération. Le cours des droits de souscription est publié chaque jour de Bourse, dans la cote officielle, à la rubrique "cote des droits".

Activité de la société

Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, plâtre. Il est ainsi le numéro un mondial dans le ciment (principale activité du groupe, avec près de la moitié du chiffre d'affaires total), numéro deux mondial dans les granulats et béton et enfin numéro trois mondial dans le plâtre. En décembre 2007, Lafarge a racheté l'égyptien Orascom Cement pour 8,8 milliards d'euros. Le groupe devient le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. Présente dans le capital du cimentier français depuis février 2006 à hauteur de 6,5%, la holding d'Albert Frère a franchi en avril 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge pour détenir 18,60% du capital et 20,88% des droits de vote de cette société. En février 2008, Albert Frère a déclaré viser "les 25% du capital dans un délai plus ou moins long".

Les points forts de la valeur

- Leader mondial des matériaux de construction, Lafarge occupe des positions de premier plan dans chacune de ses trois branches : ciment, granulats et béton, et plâtre. Le groupe bénéficie également de sa présence géographique sur tous les continents, ce qui lui permet de lisser les à-coups conjoncturels. - Compte tenu de ses fortes positions, Lafarge peut tenter de répercuter auprès de ses clients ses hausses de coûts. - Le groupe peut se prévaloir d'une trésorerie solide lui permettant d'envisager des acquisitions de petite et moyenne taille. - Albert Frère (GBL), un actionnaire réputé exigeant, a franchi en 2008 le seuil de 20% des droits de vote de Lafarge. - Le dossier Lafarge présente un aspect spéculatif en raison de l'émiettement du capital du groupe dans une optique de consolidation du secteur. - Lafarge a changé de dimension en rachetant l'égyptien Orascom Cement. Il est devenu le leader cimentier au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. En conséquence, le groupe a relevé ses objectifs de résultats pour 2010.

Les points faibles de la valeur

- La hausse du prix de l'énergie, ainsi que celle des prix du transport, pèsent sur la rentabilité du groupe.

Comment suivre la valeur

- Les groupes de matériaux sont dépendants de l'activité de la construction, fortement cyclique. A ce titre, leur activité est soumise à l'évolution du nombre des permis de construire et des mises en chantiers, qui sont eux-mêmes influencés par la conjoncture économique, le niveau des taux d'intérêts (coût du crédit) ou encore le climat. - Il faut également porter une attention particulière à l'évolution du prix de l'énergie, qui compte pour 25 à 30% des coûts de production du ciment. - L'appréciation de l'euro face au dollar est pénalisante même si les recettes en dollars sont adossées à des coûts en dollars.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Les entreprises de matériaux de construction souffrent d'un environnement dégradé dans les pays développés mais aussi d'un ralentissement de la demande émanant des pays émergents. La plupart des acteurs émettent donc des avertissements sur leurs résultats. Lafarge, qui a subi un renchérissement du coût de ses matières premières, a indiqué qu'il ne pouvait confirmer ses objectifs pour 2010. Le groupe pourrait fermer des sites de production si la situation se détériore. Il a également annoncé un nouveau plan de réduction des coûts de 400 millions d'euros sur 2009-2011. Quant à Ciments Français, la hausse du coût de l'énergie a pesé sur ses performances au troisième trimestre. Sur la période, les volumes vendus sont en retrait dans les trois métiers que sont le ciment, les granulats, et le béton prêt à l'emploi. Ces facteurs ont pesé sur le résultat d'exploitation qui a chuté de 21,5%, à 200 millions d'euros, et sur le résultat net part du groupe qui a reculé de 12,6%, à 109 millions. Le cimentier a prévu un résultat opérationnel en retrait pour cette année par rapport à celui de 2007. Saint-Gobain a également annoncé que ses résultats seraient finalement inférieurs à ses objectifs fixés pendant l'été. L'environnement économique, qui s'est encore dégradé sur les dernières semaines, pèsera sur son volume d'activité au quatrième trimestre.