Plaisance : le secteur tire toutes ses fusées de détresse

02/04/2009 - 11:11 - Boursier.com

Si la situation de l'industrie automobile suscite de grandes craintes en France et dans le monde, d'autres compartiments paient un lourd tribut à la...

Si la situation de l'industrie automobile suscite de grandes craintes en France et dans le monde, d'autres compartiments paient un lourd tribut à la crise actuelle. C'est le cas de la plaisance, un secteur sur lequel les entreprises hexagonales occupent les premiers rangs mondiaux, et qui connaît l'une des passes les plus difficiles de son histoire, si ce n'est la pire. Le leader mondial des voiliers, le vendéen Bénéteau, n'avait sans doute jamais connu pire tempête que celle qu'il traverse actuellement. Le groupe, qui emploie plus de 7.000 personnes, avait pourtant tenu un Salon de Paris prometteur, avant de constater sur la suite des salons d'automne (Londres et Düsseldorf) que son marché se détériorait à vue d'oeil. Mais depuis, la crise a accru son emprise sur l'activité et le groupe craint une baisse globale du marché de l'ordre de 40% cette année. Dans ce contexte, il s'apprêterait à supprimer 700 à 800 postes chez Janneau et Bénéteau, selon les informations obtenues par 'Le Figaro', qui vont dans le sens de ce qu'avait laissé entendre 'Ouest-France' une semaine auparavant. La CGT de l'entreprise redoute même davantage de coupes sombres. Ces réductions d'effectifs, qui représenteraient 20% des salariés des chantiers navals des deux marques, seraient présentées courant avril dans le cadre d'un vaste plan social. Jusqu'ici, le fabricant de yachts vendéen avait eu recours au chômage partiel, qui affecte depuis janvier 2.000 salariés de Bénéteau et 1.500 de sa filiale Jeanneau. Mais, depuis le début de l'année, le marché n'a cessé de se dégrader : au premier trimestre, les ventes seraient en chute de 50% en France par rapport à la même période de 2008 et la baisse serait encore plus brutale en Espagne et en Grande-Bretagne, où le groupe est aussi très présent. Fin janvier, Bénéteau, cotée en bourse, avait lancé une alerte sur ses résultats, prévenant que son activité chuterait de 30 à 40% et que son résultat opérationnel pourrait varier dans la fourchette 1 à 29 Millions d'Euros, contre 150,2 ME lors du précédent exercice. Mais la division Bateaux serait à coup sûr déficitaire si le scenario le plus noir se profile. Les dirigeants espéraient encore il y a deux mois retrouver le chemin d'une croissance de plus de 10% en 2010, mais rien ne dit que la donne n'a pas changé depuis. Bénéteau n'est pas le seul acteur à souffrir de la situation, ni le moins bien armé. "Bénéteau supportera ce choc en raison de son excellente structure financière ce qui ne sera certainement pas le cas de nombreux autres acteurs. Bavaria, déjà en grande difficulté, pourrait ne pas résister financièrement à cet environnement. Dufour, le No2 mondial, avec un volume de production deux fois moins élevé que Bénéteau, entrerait certainement dans une période très délicate sur le plan financier, la structure de son bilan devenant plus que tendue", explique dans une note publiée ce matin le spécialiste du secteur chez CM-CIC Securities, Francis Prêtre. En France, le paysage commence malheureusement à ressembler à un champ de ruines. Hier, Couach, l'entreprise plus que centenaire, a été placée en redressement judiciaire assorti d'une période d'observation de 6 mois, après avoir déposé son bilan le 30 mars. Le fabricant de yachts de luxe a pourtant un carnet de commandes bien garni, mais l'insolvabilité de certains de ses clients aurait mis en péril la trésorerie du groupe. Si l'on avait parlé un temps d'un rachat par Bénéteau, la piste semble s'être évanouie avec la dégradation de la conjoncture. Couach n'est pas la seule entreprise française en difficultés. Poncin Yachts, un autre fabricant coté en bourse, est sous la protection d'une procédure de Sauvegarde de Justice depuis juin 2008 et jusqu'au 31 mai prochain, après reconduction du délai d'observation. Le groupe basé à La Rochelle a lui aussi abondamment réduit ses effectifs pour tenter de sortir de l'ornière. Quant au groupe Rodriguez, le numéro un mondial des yachts de plus de 20 mètres, il négocie pied à pied avec ses banques depuis le mois de décembre pour rééchelonner sa dette, car il doit lui aussi composer avec l'effondrement de son marché (le chiffre d'affaires de l'exercice 2007/2008 clos au 30 septembre dernier a chuté de plus d'un tiers à 307,6 ME). L'entreprise cannoise semblait sur la bonne voie avec ses financiers, qui avaient renoncé à exiger le remboursement d'un gros crédit malgré le non-respect de certaines clauses par le groupe, mais les discussions qui s'éternisent depuis sur la restructuration de la dette poussent à la prudence. La diversité de ces acteurs montre que la crise ne fait pas de différence entre bateaux à voile et bateaux à moteurs, navires de luxe ou plus grand-public. L'état d'urgence est d'ores et déjà décrété, mais les acteurs les plus fragiles trouveront les mois à venir interminables, car personne n'entrevoit le bout du tunnel cette année. Comme c'est souvent le cas en pareille situation, les difficultés devraient provoquer un nivellement par le haut et une vague de rapprochements dans l'industrie de la plaisance. C'est l'avis de Francis Prêtre, quand il affirme "Indéniablement le paysage sectoriel va se modifier dans les mois à venir avec la disparation probable de quelques grands acteurs". Compte-tenu de la multiplication de mauvaises nouvelles récentes, le gouvernement pourra difficilement résister aux appels de détresse d'un secteur dont la France est l'un des industriels-phare.



(c) Boursier.com - Les informations rédigées par la rédaction de Boursier.com sont réalisés à partir des meilleures sources, même si la société Boursier.com ne peut en garantir l'exhaustivité ni la fiabilité. Ces contenus n'ont aucune valeur contractuelle et ne constituent en aucun cas une offre de vente ou une sollicitation d'achat de valeurs mobilières ou d'instruments financiers. La responsabilité de la société Boursier.com et/ou de ses dirigeants et salariés ne saurait être engagée en cas d'erreur, d'omission ou d'investissement inopportun.