Faut-il une nouvelle monnaie de réserve mondiale ?

14/04/2009 - 18:16 - Option Finance

(AOF / Funds) - Le gouverneur de la Banque centrale de Chine a récemment relancé le débat sur la question de la monnaie de réserve mondiale. Le système en vigueur, au sein duquel la monnaie d'une seule nation - le dollar américain - assume ce rôle, a clairement des défauts et a vraisemblablement contribué aux déséquilibres mondiaux à l'origine de la crise actuelle. De fait, l'Administration américaine tend logiquement à privilégier des objectifs internes par rapport à la stabilité internationale, comme on le voit encore aujourd'hui avec la monétisation de la dette publique. Cela ne peut qu'inquiéter la Chine, dont la plus grosse partie des énormes réserves de change est détenue sous la forme d'actifs en dollars. Toutefois, la proposition du gouverneur Zhou visant à transformer les DTS (droits de tirage spéciaux) du FMI en une nouvelle monnaie de réserve supranationale n'est guère applicable. Tout d'abord, les agents économiques seraient réticents à utiliser un panier de devises pour leurs transactions internationales. Ensuite, la gestion de la liquidité mondiale par le FMI entraînerait inévitablement des conflits politiques de gouvernance. Enfin, il faudrait beaucoup de temps pour qu'un marché des DTS se développe suffisamment afin d'assurer le niveau de liquidité requis. D'autres économistes préconisent le retour à un nouvel étalon-or. Mais un tel système contraindrait excessivement les politiques monétaires et serait vulnérable aux attaques spéculatives. Il n'y a donc aujourd'hui guère d'alternative au dollar et lui retirer brutalement son statut de monnaie de réserve serait dévastateur, non seulement pour les Etats-Unis, mais aussi pour le reste du monde. A plus long terme, le rééquilibrage de l'économie mondiale entraînera probablement une moindre dominance du billet vert, ouvrant sur un système à plusieurs monnaies de réserve. Au cours de la prochaine décennie, l'euro semble le candidat le plus naturel pour ce rôle, mais nul doute qu'à l'horizon de plusieurs décennies le renminbi chinois occupera une place importante. Par Michala Marcussen, directeur de la stratégie et de la recherche économique, Société Générale Asset Management