Le risque de déflation

17/04/2009 - 10:48 - Option Finance

(AOF / Funds) - A 0,3 % sur un an en mars, l'inflation française est au plus bas depuis dix ans. Mais la France n'est pas une exception. Dans la zone euro, l'inflation est tombée à 0,6 % : le taux le plus faible que l'on ait vu depuis que l'on dispose d'un historique fiable, c'est-à-dire 1991. Quelques pays, le Japon ou la Suisse, affichent déjà des taux d'inflation négatifs. Pour l'Europe et les Etats-Unis, ce n'est qu'une question de temps. Bien sûr, ces chiffres sont dus aux effets de base sur les produits énergétiques et alimentaires. Mais l'inflation tend aussi à baisser pour l'ensemble des autres biens et services. L'ampleur de la récession a d'abord frappé les prix les plus volatiles, ceux des matières premières, notamment le pétrole. Mais on voit que les producteurs, de plus en plus souvent, sont obligés de faire des rabais pour vendre leur production. Cela a commencé avec les voitures, aujourd'hui cela touche les vacances, ou même le plat du jour - en quatre mois, le taux d'inflation dans les cafés-restaurants en France a reculé de 3,3 % à 2,4 %. La BCE nous dit que ce risque est négligeable et elle argue des anticipations de marché ou des prévisions des économistes. Mais, si elle est aussi crédible qu'elle l'affirme, alors chacun anticipera qu'elle fera le nécessaire pour atteindre son objectif d'inflation, "moins de 2 %, mais proche de 2 % ". Dès lors, ces anticipations ne sont plus un bon indicateur et il lui faut quand même se lancer dans une politique monétaire antidéflationniste. Ce sera sans doute le cas au mois de mai. Par Dominique Barbet, senior economist BNP Paribas