Le groupe Carrefour et son nouveau directeur général, Lars Olofsson, ont présenté la performance du distributeur au cours du premier trimestre 2009, marqué par un contexte de crise économique a priori peu favorable au secteur, même si la consommation est restée l'un des moteurs de l'économie française ces derniers mois. Globalement, le numéro deux mondial du secteur derrière l'américain Wal-Mart a vu ses ventes reculer légèrement de 2,8% par rapport à la même période de 2008, à 22,7 Milliards d'Euros. Lissées des fluctuations du prix du carburant et des effets calendaires (décalage des fêtes de Pâques notamment), le groupe estime que ses ventes ont crû de 1,5%. "Nous observons la poursuite des tendances de consommation enregistrées au quatrième trimestre 2008, baisse des achats non-alimentaires et report des consommateurs sur les produits à marque Carrefour en alimentaire. La baisse de l'inflation alimentaire s'est accentuée par rapport au trimestre précédent, dans la quasi-totalité de nos marchés", commente le groupe.
En termes géographiques, la morosité domine à peu près partout, à une exception près. En Europe, les marchés espagnol, italien et belge, trois des bastions de l'enseigne, sont en net recul, principalement à cause de contre-performances des hypermarchés, confrontés au ralentissement économique. La principale source de croissance de Carrefour reste l'Amérique Latine, avec une forte progression en Argentine et des hausses conséquentes au Brésil et en Colombie. L'Asie confirme son essoufflement : le chiffre d'affaires a certes progressé sous l'effet des ouvertures de magasins, mais il marque nettement le pas sur une base comparable (-6,7%), notamment en Chine, le plus gros marché du groupe dans la région. En Europe de l'Est, la baisse est également généralisée du fait que la crise qui frappe là-bas encore plus durement.
Pour les spécialistes, le nerf de la guerre reste le marché français, qui représente plus de 40% de l'activité de Carrefour. Sur ce point, les analystes trouvent quelques motifs de satisfaction dans la tendance actuelle, même si le chiffre d'affaires réalisé dans l'hexagone recule de 5,1% à 9,59 Milliards d'Euros. Si les ventes en hypermarchés baissent de 2,5% (hors impact du carburant), la tendance s'améliore par rapport à la fin 2008. Même constat sur les supermarchés, stables sur une base identique. Le pôle "hard discount" (Ed) continue en revanche de décevoir avec une contraction de 8% des ventes sur le trimestre. Carrefour a mené une politique agressive de promotions sur la période, qui lui a permis de gagner des parts de marché sur ses principaux formats, explique la direction, qui précise que ces gains sont les plus importants depuis le 3ème trimestre 2008, sans toutefois les chiffrer. "Nous pensons que les performances relativement satisfaisantes des hypermarchés en France s'expliquent principalement par une base de comparaison particulièrement favorable dans le non alimentaire ainsi que par une activité promotionnelle particulièrement soutenue au premier trimestre 2009", explique ce matin Nicolas Champ, un analyste du bureau d'études Oddo Securities, qui s'interroge cependant sur l'impact de ces efforts sur les résultats du groupe, qui ne seront connus que plus tard.
Côté perspectives, Lars Olofsson est resté très sobre, austère diront certains. "Nous continuerons en 2009 à être au service de nos clients pour gagner des parts de marché. Les mesures que nous avons initiées pour transformer notre fonctionnement et réduire nos coûts produiront leurs effets principalement dans la seconde partie de l'année", a-t-il indiqué, en ajoutant que carrefour se focalise sur la génération de liquidités. Le groupe "n'attend pas d'amélioration significative dans les tendances économiques constatées depuis le 4ème trimestre 2008" et prévoit que le trimestre en cours sera encore difficile. Il n'en a pas moins poursuivi son programme de développement, principal moteur actuel de sa croissance, avec 210 magasins ouverts ou acquis sur le trimestre écoulé, plus de deux par jour en moyenne, pour une surface de vente additionnelle de 170.000 mètres carrés. Au 31 mars, carrefour comptait 15.420 magasins dans le monde, dont plus du tiers en France. L'un des gros chantiers du moment est l'harmonisation de l'enseigne dans l'hexagone, avec le passage de "Champion" sous bannière "Carrefour Market", selon un plan accéléré. A ce jour, 385 magasins ont opéré la mutation, soit 40% du parc "Champion". Le groupe affirme que les magasins qui ont changé d'enseigne bénéficient d'un accroissement de trafic, ce qui "valide la pertinence" de capitaliser sur la marque "Carrefour", selon le management, dont l'ambition est d'avoir achevé l'harmonisation en octobre prochain.
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