(AOF) - Les places mondiales ont enregistré leur sixième séance de hausse consécutive, rassurées par les résultats supérieurs aux attentes des banques américaines, de General Electric et par une majorité d'indicateurs économiques moins mauvais que prévu. Vendredi soir, l'indice Dow Jones s'apprêtait à terminer la semaine sur une hausse hebdomadaire de 0,56 %, malgré le repli de 1,71 % causé mardi par la chute inattendue des ventes au détail aux Etats-Unis en mars (- 1,1 %, contre un consensus de + 0,3 %). A Paris, l'indice CAC 40 a clôturé la semaine, raccourcie d'une séance en raison du lundi de Pâques, sur un gain hebdomadaire de 3,96 % à 3 091,96 points. En début de semaine, le mauvais chiffre des ventes au détail aux Etats-Unis a pourtant bien failli mettre un terme au rally boursier entamé mi-mars et soutenu par l'espoir d'une amorce de reprise début 2010. Heureusement, les résultats, supérieurs aux attentes, de Goldman Sachs puis de JPMorgan et Citigroup ont redonné de l'élan aux indices. Ce dernier a réalisé ses meilleurs résultats depuis le deuxième trimestre 2007, c'est-à-dire avant que la crise des subprimes n'éclate. Mais les marchés ont été aussi réconfortés par la Chine. Alors que la croissance chinoise est tombée à 6,1 % au premier trimestre, son plus bas niveau depuis quinze ans, de nombreux économistes parient sur le retour d'une vive reprise dès le second semestre 2009. Credit Suisse anticipe ainsi une croissance du PIB chinois de 8 % en 2009, suffisante pour aider à la reprise de l'économie mondiale. Pour autant, le rebond de plus de 20 % des marchés actions mondiaux entamé mi-mars est-il durable ? Avant de l'affirmer, les économistes de Citigroup attendent de constater un ralentissement effectif du rythme de recul des résultats des entreprises, une amélioration des conditions sur les marchés du crédit, de meilleures nouvelles en provenance des marchés immobiliers et une stabilisation des taux d'épargne mondiaux. Les valeurs bancaires poursuivent leur reconquête. Les investisseurs ont salué les résultats bien supérieurs aux attentes présentés par Goldman Sachs, JPMorgan et Citigroup en poursuivant leur rally sur les valeurs bancaires. A Paris, BNP Paribas a ainsi bondi de 14,5 %, tandis que Société Générale et Crédit Agricole ont progressé respectivement de 12,2 % et 11,8 %. Les trois premières banques de la place affichent désormais des gains respectifs de 96,4 %, 117 % et 85,7 % par rapport à leurs points bas du mois de mars. La performance de Dexia est encore plus spectaculaire. Le titre de la banque franco-belge, sauvée in extremis de la faillite l'an dernier, enregistre une hausse de 277 % depuis son plus bas de 1,10 euro touché début mars. Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des dépôts, premier actionnaire de Dexia, s'est dit jeudi "très confiant dans les perspectives" de la banque. Hors CAC 40, Natixis a terminé la semaine sur une hausse 20 %. L'engouement pour les cycliques ne se dément pas. Vouées aux gémonies en 2008, les valeurs dont l'activité est liée au cycle économique profitent de l'appétit retrouvé des investisseurs pour le risque. ArcelorMittal s'est offert 14,8 % en une semaine, soutenu par une note de Credit Suisse. Le broker a relevé sa recommandation sur le secteur de l'acier de Neutre à Surpondérer en raison de la reprise de la croissance en Chine attendue au second semestre. Le secteur des matériaux de construction bénéficie également des faveurs du marché. Le titre Saint-Gobain s'est adjugé 10,8 % en une semaine. Vendredi, Oddo Securities a relevé son objectif de cours sur le titre de 26 à 32 euros, tout en confirmant sa recommandation d'Accumuler. "La période de défiance et d'incertitude maximale, suite à l'augmentation de capital, semble révolue", a indiqué le broker. La veille, Morgan Stanley avait confirmé son conseil de Surpondérer le titre. Dans le sillage de Saint-Gobain, Lafarge a terminé la semaine sur un gain hebdomadaire de 12,5 %. La chimie avec Rhodia (+ 13,7 % en une semaine), l'automobile avec Renault (+ 6 %) et Michelin (+7 %) et les services pétroliers, avec CCG Veritas (+ 17,8 %) ou Vallourec (+ 7,8 %) ont également profité du retour à la une des cycliques. Quand les défensives jouent les utilités. Traditionnellement moins réactives lors des phases de reprise de l'économie, les actions du secteur de la santé souffrent de la relative désaffection des investisseurs. Ainsi, Sanofi-Aventis n'a progressé que de 1,3 % en une semaine après le rachat de la société biopharmaceutique américaine BiPar Sciences. En avril, le secteur de la santé a d'ailleurs perdu son statut de secteur préféré des gérants européens, selon la dernière enquête Bank of America Merrill Lynch. Le secteur des télécoms, dont les revenus sont relativement stables, a lui aussi sous-performé le marché. France Télécom a terminé la semaine sur un gain de 1 %. Alors que le CAC 40 a repris plus de 25 % depuis son plus bas annuel touché mi-mars, le titre de l'opérateur télécoms n'affiche qu'une hausse de 4 % sur la période. Les secteurs de l'énergie et des "utilities" ont vécu une évolution contrastée. Total a perdu 2,1 % en une semaine. Son directeur général, Christophe de Margerie, a prévenu que le résultat du groupe allait baisser "de façon significative en 2009 par rapport à 2008". A l'inverse, Veolia Environnement a grimpé de 14,7 % en une semaine, porté par le placement réussi d'un emprunt de deux milliards d'euros. Pour la Société Générale, cette opération, qui n'était pas nécessaire d'un point de financier, a permis de repousser les rumeurs d'une éventuelle augmentation de capital. Vendredi, Exane BNP Paribas a relevé son opinion sur le titre à Surpeformance. (P-J.L)