Haro sur les hedge funds

21/04/2009 - 18:50 - Option Finance

(AOF / Funds) - L'aura qui entourait la gestion alternative, placement fétiche, "must have" des années de surliquidité, a brutalement fait la place en quelques mois à une désaffection suspicieuse, voire à un rejet complet. Ne sommes-nous pas passés trop vite d'un excès à l'autre ? Pour beaucoup d'investisseurs, les déceptions sont réelles : performances d'environ - 20 % en 2008 en très forte sympathie avec les autres marchés, de quoi mettre à mal les illusions de décorrélation et de performance absolue. Sur le plan de la réglementation, le Président Obama n'a pas oublié les hedge funds dans la liste des acteurs des marchés financiers devant être assujettis aux règles de surveillance et de transparence. La baisse des encours depuis un an est spectaculaire, plus de la moitié du pic atteint début 2008, et le nombre de disparitions n'est pas moins considérable. L'industrie des hedge funds entre dans une phase de concentration et de turbulences exceptionnelles. Saura-t-elle se reconstruire ou va-t-elle disparaître ? Les techniques des gestions alternatives restent leur principal atout. Les gérants mettent en oeuvre des savoir-faire ou des connaissances spécifiques, difficiles ou coûteux à reproduire. Il y a une dizaine d'années, nombre d'entre eux géraient la capacité de surperformance avec beaucoup d'attention. On ne saurait en effet surexploiter un avantage sans quelques risques d'épuisement, d'autant plus rapides que l'effet de levier était gracieusement fourni, crédit et liquidité, par une industrie bancaire intéressée par les volumes de transactions. La multiplication de l'offre, sa concentration sur des thèmes comme les "commodities" a précipité la chute dans un contexte de crise bancaire. Mais la disparition de nombreux compétiteurs et les ventes forcées régénèrent évidemment les opportunités. En corrigeant ses excès, en mettant en place un cadre adapté, comme cela a été fait en France avec succès, la gestion alternative peut apporter un complément utile aux investisseurs et contribuer à la stabilisation des marchés. Jean-François Boulier, directeur général, Aviva Gestion d'Actifs