Automobile : Volkswagen / Porsche, la saga continue

23/04/2009 - 12:08 - Boursier.com

L'Allemagne se préparerait-elle à un remake de l'arroseur-arrosé ? Possible, à en croire les informations du 'Financial Times', qui pense que...

L'Allemagne se préparerait-elle à un remake de l'arroseur-arrosé ? Possible, à en croire les informations du 'Financial Times', qui pense que Volkswagen préparerait un coup de Trafalgar à son actionnaire majoritaire récent Porsche, en étudiant une offre de rachat de son compatriote... La saga Volkswagen / Porsche a été relancée voilà trois ans et demi par l'offensive du spécialiste des voitures de sports sur le grand constructeur généraliste allemand, dont il avait acquis 20% du capital. Elle a pris une tournure encore plus décisive lorsque Porsche, il y a quelques semaines, est montée au-delà des 50% du capital de Volkswagen en évoquant la possibilité d'atteindre rapidement 75%. Mais si en théorie la détention de plus de 50% du capital d'une société doit en offrir le contrôle, il n'en va pas de même dans ce cas précis, la faute à une loi allemande remontant à 1960 et dite "Loi Volkswagen", qui empêche un actionnaire privé de détenir plus de 20% du capital de l'entreprise. En octobre dernier, la Cour de Justice des Communautés Européennes a bien déclaré la loi incompatible avec le droit communautaire, le texte n'a pas été modifié et reste donc en vigueur. A priori pourtant, la messe était dite. Dès la loi de 1960 disparue, Porsche et Volkswagen ne feraient plus qu'un. Mais voilà que des rumeurs ont commencé à circuler. Le magazine allemand 'Manager' a laissé entendre que Porsche ne serait pas aussi en fonds qu'il le faudrait pour faire face aux échéances de remboursement des prêts consentis pour grignoter des parts de Volkswagen, et qu'une augmentation de capital, voire la recherche d'un actionnaire fort, seraient au nombre des options à l'étude. "Spéculation", a répliqué Porsche. Des analystes se sont pourtant engouffrés dans la brèche en rappelant que l'opération pour le "petit" Porsche est extrêmement lourde à gérer pour s'emparer du "colosse" Volkswagen, dont le chiffre d'affaires est 15 fois supérieur et qui ferraille désormais contre Toyota pour s'arroger le titre de plus gros constructeur mondial. Hier soir, le 'Financial Times', le grand quotidien des affaires britannique, est allé encore plus loin, en sortant de son chapeau des informations en provenance de sources haut placées chez Volkswagen, selon lesquelles le constructeur réfléchirait tout simplement à lancer sa propre offre sur Porsche, afin de l'intégrer dans un portefeuille de marques déjà riche d'Audi, Seat, Skoda, ou encore Man. L'arroseur-arrosé en somme. Sauf que la situation est un peu plus complexe que cela. Porsche est détenue par un holding appartenant aux héritiers de la famille fondatrice, dont le copropriétaire n'est autre que Ferdinand Piëch, petit-fils du fondateur de Porsche et... président de Volkswagen. C'est, logiquement, lui qui tirerait les ficelles depuis l'intrusion de Porsche dans le capital de Volkswagen. Une façon de reconstruire ce que grand-père avait créé (Ferdinand Porsche est, entre autre, le créateur de la "Coccinelle"). Le dirigeant de 72 ans souffre-t-il de schizophrénie ? Un projet de contre-offre de Volkswagen sur Porsche irait a priori à l'encontre du scenario initial qu'il avait concocté, et risquerait de provoquer la fureur des autres membres de la famille Porsche, dont on dit qu'ils sont déjà passablement ulcérés par le comportement de leur cousin dont la double casquette fait, évidemment, débat. Mais c'est peut-être la nécessité qui dicte le comportement du dirigeant. Le holding de Porsche AG (le constructeur), Porsche SE, s'est lourdement endetté pour monter au capital de Volkswagen, en contractant d'importants emprunts. La violence de la crise économique qui s'est abattue sur le secteur automobile a réduit les profits de Porsche et les perspectives sont encore sombres pour les mois à venir. Les analystes estiment que le constructeur de voitures de sports va devoir honorer quelque 500 millions d'euros d'intérêts cette année, alors que ses bénéfices se réduisent. D'où l'idée émise par certains que le service de sa dette pourrait être compliqué pour l'entreprise. Faux, selon un porte-parole du groupe, qui a expliqué au 'Financial Times' que les résultats opérationnels de Porsche, ajoutés aux dividendes perçus au titre de la part dans Volkswagen, suffiront à couvrir les échéances. Faux également selon plusieurs analystes, qui estiment que Porsche dispose de suffisamment de ressources pour faire face sans difficultés. Mais la machine à rumeurs est lancée et certains spécialistes adhèrent au schéma renversé d'une prise de contrôle de Porsche par Volkswagen. Arndt Ellinghorst, du Crédit Suisse, juge ainsi que compte-tenu de la structure financière des deux groupes, il serait plus judicieux d'utiliser le trésor de guerre de VW (10,7 milliards d'euros) pour le rachat de Porsche. La direction de Volkswagen s'est faite discrète depuis hier sur le sujet, alors qu'elle était occupée à commenter ses résultats du premier trimestre, marqués par un recul prononcé, mais une résistance plutôt meilleure que celle de ses concurrents. Dans un texte préliminaire comprenant le discours qu'il doit prononcer lors de l'assemblée générale annuelle du constructeur qui se tient aujourd'hui, le directeur général Martin Winterkorn se contente d'affirmer que son groupe s'en tient à l'alliance nouée avec Porsche et qu'il est satisfait de la montée au capital, qui "répond à une logique industrielle claire qui profite aux deux entreprises". Reste à savoir laquelle dominera effectivement l'autre...



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