Société Générale : des révélations qui méritent une réponse précise

27/04/2009 - 10:55 - Boursier.com

'Libération' a-t-il débusqué une nouvelle "affaire" au sein de la Société Générale, ou bien la banque rouge et noire est-elle sûre de son fait en...

'Libération' a-t-il débusqué une nouvelle "affaire" au sein de la Société Générale, ou bien la banque rouge et noire est-elle sûre de son fait en affirmant que le quotidien est dans le faux quand il évoque des pertes de plusieurs Milliard s d'Euro s chez la filiale SGAM AI ? Une chose est certaine, les révélations ne contribueront pas à apaiser le climat tendu qui règne dans le secteur bancaire... La Société Générale va sans doute devoir gérer une nouvelle tempête médiatique concernant ses comptes, après les révélations de 'Libération', qui affirme que la banque "reconnaît un fiasco" de 5 Milliard s d'Euro s, voire le double, imputable à la Société Générale Asset Management Alternative Investments, plus connue sous le nom de SGAM AI. Contrairement à ce qui s'était passé pour l'affaire Kerviel "tout était pourtant écrit dans les comptes de la banque. Certes pas de manière visible, puisqu'il fallait aller chercher dans les annexes pour faire une estimation de l'ampleur des dégâts", explique le journaliste à l'origine des révélations, en préambule à son enquête, qui figure sur quatre pages ce matin. Concrètement, la Société Générale aurait réintégré début 2008 un montant de 10,4 Milliard s d'Euro s d'actifs de mauvaise qualité (on utilise plus généralement ces derniers mois le qualificatif "pourris", dans le milieu) depuis SGAM AI dans la SG CIB, sa banque d'investissement interne, devant l'ampleur des pertes de sa filiale. Une décision prise afin de préserver ses relations commerciales, qui lui permettait de piloter plus facilement le remboursement des clients et la fermeture des fonds. Malgré leur valorisation théorique, explique 'Libération', ces actifs étaient invendables et le sont toujours. Jusque-là, rien de bien répréhensible, du moins comptablement. Mais le quotidien explique que l'encours des actifs récupérés passe de 10,4 Milliard s au premier trimestre à 5,3 Milliard s d'Euro s à la fin de l'automne 2008. Or le journaliste estime que c'est là que le bât blesse : malgré ces 5,1 Milliard s d'Euro s évaporés, la banque n'a enregistré que 1,2 Milliard de pertes et au maximum 500 millions d'Euro s de cessions. Il manque donc quelque 3,4 Milliard s d'Euro s. "Où sont donc passés les Milliard s manquants ?", s'interroge 'Libération' avant d'ajouter "peu importe", en citant un analyste anonyme qui martèle "Au final, le bilan sera catastrophique. Tout le monde sait bien que les 5,3 Milliard s d'Euro s qui restent ne valent rien"... Rappelons que SGAM AI doit être rapprochée de Lyxor, l'autre branche de gestion alternative de la banque rouge et noire, alors que le reste de la SGAM doit fusionner avec CAAM, son homologue du Crédit Agricole, qui gagne dans l'affaire le contrôle de la coentreprise. Pour 'Libération', cette fusion entre les deux branches n'est qu'une dissolution déguisée de SGAM AI, pour éviter la mauvaise publicité de voir une telle structure disparaître brutalement. Le quotidien explique que les deux hommes forts de la filiale ont été débarqués discrètement, tandis que les organes centraux de la banque cherchaient à faire table rase du passé après l'arrivée aux commandes de Frédéric Oudéa, suite à la disgrâce de Daniel Bouton, dans le sillage de l'affaire Kerviel. Une opération compliquée par les craintes des salariés de la SGAM, qui redoutent un vaste plan social lors de l'absorption par CAAM. Pour les apaiser, la Société Générale aurait proposé de réintégrer ailleurs dans la banque les employés qui ne bénéficieraient pas de possibilités de reclassement dans la nouvelle entité, rapporte 'Libération', mais l'affaire suit son cours. La Société Générale, de son côté, "dément formellement les affirmations de Libération", estimant que le quotidien fait une confusion entre des pertes et le montant d'actifs transférés en 2008 des OPCVM de SGAM vers SG. "Le montant des actifs transférés, pour assurer la liquidité des fonds dans le respect des porteurs de part, s'est élevé à 11,2 Milliard s d'Euro s et a fait par la suite l'objet d'une gestion active visant à réduire cette exposition. Les pertes de SGAM au titre de l'exercice 2008 se sont élevées à 258 Millions d'Euro s après impôt, et sans aucun rapport avec ce que prétend le journaliste". La banque rappelle qu'elle a dégagé 2 MdsE de profits en 2008, et souligne que "tous ces éléments ont été rendus public dans la cadre des publications financières trimestrielles du groupe". Elle ne commente en revanche pas les informations selon lesquelles un "grand ménage" a eu lieu au sein de l'unité, ni la perspective d'un vaste plan social évoquée par le quotidien, dans le cadre de la fusion avec CAAM. En bourse ce matin, le titre Société Générale réagit négativement à cette annonce, en perdant plus de 3% dans un marché assez fortement baissier. Les informations de 'Libération' sont accueillies avec méfiance, mais le dossier n'est pas beaucoup plus affecté que d'autres valeurs bancaires. Un grand bureau d'études de la place estime que l'article de nos confrères entretient une certaine confusion entre des actifs transférés en interne et des dépréciations, mais juge également que la banque se doit de faire un point précis sur la situation, plus précis en tout cas que ce qu'elle a indiqué ce matin. Selon les calculs de cet analyste, les dépréciations sur ces actifs pourraient en effet s'accroître, mais il a calculé qu'elles pourraient atteindre 0,5 Milliard d'Euro s sur le 1er semestre 2009, assez loin des Milliard s d'Euro s évoqués. Mais le sentiment qui domine ce matin sur les marchés est que la Société Générale n'est pas vraiment à l'aise avec ce dossier. "Il n'y a pas de fumée sans feu", estime ainsi Arnaud Scarpaci, gérant de portefeuilles chez Agilis Gestion, cité par l'Agence Reuters...



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