BNP : l'assemblée générale de Fortis approuve le rachat à 73%

28/04/2009 - 17:34 - Option Finance

(AOF) - Les actionnaires de Fortis se sont exprimés à 72,99% en faveur du projet de rachat par BNP Paribas lors de l'assemblée générale qui se déroulait aujourd'hui à Gand. Le vote devra être confirmé demain lors d'une seconde assemblée générale prévue à Utrecht, aux Pays-Bas. C'est au terme d'une séance particulièrement houleuse que BNP a obtenu le feu vert à cet accord, qui prévoit la reprise de 75% de Fortis Banque et de 25% de Fortis Insurance Belgium par le français. De nombreux partisans du "non" avaient quitté la salle avant le vote, expliquant le suffrage élevé recueilli en faveur de l'accord. Ils souhaitaient manifester leur opposition au fait que des investisseurs entrés très récemment au capital de Fortis aient pu s'exprimer lors du vote. Sur ce sujet, l'avocat belge Mischael Modrikamen a déclaré que ces votes étaient illégaux et qu'il comptait saisir la justice. L'assureur chinois Ping An, premier actionnaire de Fortis Holding avec 4,81% des parts, avait annoncé récemment sa décision de s'opposer au rachat. Ce ralliement de dernière minute n'a toutefois pas été suffisant pour faire basculer l'issue du scrutin. En début d'après-midi, le président de Fortis Holding Karel de Boeck et le président du conseil d'administration Sosef de Mey ont dû quitter la salle en pleine séance sous les huées des actionnaires, entraînant une suspension temporaire de l'AG. Cette interruption de l'assemblée générale a été provoquée par des actionnaires qui réclamaient que l'assemblée générale se prononce sur la participation ou non de Fortis Holding au vote concernant le projet de rachat. Le 11 février dernier, les actionnaires avaient rejeté un premier plan proposant également le rachat de certaines activités de Fortis par BNP Paribas.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Activité de la société

Présent dans plus de 85 pays, BNP Paribas compte 161 000 collaborateurs, dont 126 000 en Europe. Le groupe exerce son activité dans trois grands domaines : la banque de détail qui représente 50% de l'activité du groupe, la banque de financement et d'investissement (28%) et enfin la gestion d'actifs (18%), la banque privée et les assurances. En juillet 2006, BNP Paribas a pris le contrôle de la sixième banque italienne, Banca Nazionale del Lavoro (BNL), dans le cadre d'une offre amicale de près de 9 milliards d'euros. BNP Paribas compte sur un total de 480 millions d'euros de synergies. La banque a racheté Dexia banque privée France afin d'asseoir sa position de leader. Elle poursuit par ailleurs sa politique de développement dans les pays émergents avec la signature de plusieurs accords.

Les points forts de la valeur

- BNP Paribas présente une allocation de fonds propres relativement équilibrée et diversifiée. - Les pôles de banque de financement et d'investissement et la gestion d'actifs, qui représentent - BNL compris - 41 % de l'activité, restent à une place satisfaisante dans les revenus du groupe : leur croissance organique est plus rapide que celle de la banque de détail. - Les services financiers et la banque de détail à l'international, en particulier en Asie, un marché plus épargné par la crise actuelle des liquidités, sont devenus le principal moteur de croissance des revenus du groupe et le deuxième contributeur au résultat derrière la Banque de Financement et d'Investissement. - BNP Paribas est le leader européen du crédit à la consommation, une activité très rentable. - Le groupe maîtrise bien ses coûts.

Les points faibles de la valeur

- La valeur peut souffrir de la dégradation de l'économie française qui augmente le risque de défaut de crédit de la part des entreprises à qui la banque prête de l'argent. Le groupe ne réalise toutefois plus que 20 % de ses bénéfices dans la banque de détail en France. - Le ralentissement économique aux Etats-Unis devrait conduire à des volumes plus faibles, des marges moins élevées et des risques plus importants. La logique d'un maintien aux Etats-Unis reste cependant intacte. - La sensibilité aux marchés de capitaux via la banque de financement et d'investissement ainsi que l'accumulation d'actifs présente un risque pour le groupe. - La banque pourrait pâtir de l'utilisation de l'excédent de capital, essentiellement via des acquisitions.

Comment suivre la valeur

- BNP Paribas est une valeur financière. Elle est donc sensible à l'évolution des taux d'intérêts. Les décisions de la Réserve Fédérale américaine et de la Banque Centrale Européenne dans ce domaine sont à observer avec attention. Le titre est également sensible à l'évolution des Bourses mondiales, qui influe sur la branche banque privée et la gestion d'actifs, ainsi que sur celle de la division banque de financement et d'investissement du groupe, mais également sur les investissements en actions qu'il réalise. Au titre de son activité de banque de détail, BNP Paribas est sensible à la fois au niveau d'épargne et au niveau de consommation des ménages. Le niveau de ses provisions pour créances douteuses ou risque bancaire est aussi fortement surveillé par les investisseurs. Enfin, en raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières. - Depuis 2006, la priorité va à l'intégration de la banque italienne BNL. La politique d'acquisition sera donc " plus ciblée".

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

Selon le BCG, la crise va amener les banques à profondément changer leur modèle. Il deviendra nécessaire pour elles de se concentrer sur leurs clients, et non plus sur leurs produits. Les changements devraient notamment porter sur la taille de leur portefeuille d'activités, leur modèle de gouvernance, leur stratégie opérationnelle. En France, la fusion entre les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires, les deux maisons mères de Natixis, va donner naissance à la deuxième banque française. Cette opération intervient alors que les deux établissements ont enregistré de mauvaises performances en 2008. Les Caisses d'Epargne ont enregistré leur première perte historique (2 milliards d'euros) tandis que les Banques Populaires ont pâti de leur première perte depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Etat, qui pourrait en détenir jusqu'à 20%, va injecter 5 milliards d'euros dans le nouvel ensemble. La nomination à sa tête de l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol, a suscité une polémique, en soulignant l'irruption de l'Etat dans la gouvernance.