Alstom : Areva T&D plus que jamais dans le collimateur

04/05/2009 - 11:15 - Boursier.com

Cinq ans après avoir quitté le giron d'Alstom, alors au bord de la faillite, Transmission et Distribution, qui appartient pour l'heure à Areva,...

Cinq ans après avoir quitté le giron d'Alstom, alors au bord de la faillite, Transmission et Distribution, qui appartient pour l'heure à Areva, pourrait rentrer au bercail. La rumeur circulait depuis longtemps déjà, mais l'histoire s'est accélérée la semaine dernière lorsque l'Etat a formellement demandé au groupe nucléaire, dont il est l'actionnaire majoritaire, de réfléchir à un plan de cession, rapporte le quotidien 'Les Echos' ce matin. Patrick Kron, le patron d'Alstom, doit se frotter les mains, lui qui n'aurait toujours pas digéré le manque de soutien d'Anne Lauvergeon, la patronne d'Areva, quand son groupe était au bord du gouffre en 2003. Pire, Areva avait récupéré Alstom T&D pour 930 millions d'Euros afin de sauver l'entreprise d'une crise de liquidités inéluctable. Certes, T&D était en mauvais état à l'époque, mais elle a bénéficié par la suite du boom de l'énergie et de la restructuration entreprise par Areva pour devenir une belle source de profits récurrents. La filiale serait d'ailleurs actuellement valorisée autour de 3,5 Milliards d'Euros, selon les analystes, soit 3,5 à 4 fois plus que ce qui a été payé par le géant du nucléaire il y a 5 ans, mais certains évoquent un prix qui pourrait atteindre 5 Milliards d'Euros. Patrick Kron et ses lieutenants n'ont pas éprouvé le besoin de faire dans la finesse ces derniers mois : ils n'ont cessé de marteler qu'Areva T&D les intéresse au plus haut point. Anne Lauvergeon, elle, a rappelé à moult reprise qu'elle ne souhaitait pas vendre cette activité qui complète bien le périmètre de son groupe, notamment parce qu'il génère de bonnes liquidités alors que le reste des activités est plutôt gourmand en trésorerie. La dirigeante a aussi quelques raisons de ne pas ouvrir trop facilement la voie à Patrick Kron, qui oeuvre depuis quelque temps déjà à la constitution d'un pôle français recentré dans la génération d'énergie, en espérant croquer Areva avec le soutien de son premier actionnaire, Bouygues. Anne Lauvergeon, constamment mise sur le grill pour ses amitiés de gauche (elle avait été conseillère de François Mitterrand), a jusque-là résisté à toutes les pressions, grâce notamment au soutien de ses troupes et à une véritable reconnaissance internationale, puisqu'elle figure au 6ème rang des "femmes les plus puissantes du monde" dans le dernier classement du magazine américain 'Fortune', après avoir occupé la seconde position l'année précédente. Mais les forces en présence ont quelque peu évolué dernièrement, fragilisant sa position. D'abord, Areva est confrontée aux déboires du chantier de son premier réacteur nucléaire de 3ème génération, l'EPR, en Finlande, qui a pris beaucoup de retard et entraîne des surcoûts de plusieurs centaines de Millions d'Euros. Si les protagonistes ont pris l'habitude de se renvoyer constamment la balle sur la responsabilité des difficultés, l'affaire nuit indubitablement au groupe nucléaire en terme d'image, et mobilise des ressources. Areva pensait avoir fait le plus dur pour redorer son blason en parvenant par la suite à vendre des EPR en Chine et à poursuivre son programme en France, mais c'était sans compter sur Siemens. Partenaire historique d'Areva NP, l'ancien Framatome, le groupe allemand réclamait depuis longtemps déjà davantage de responsabilité au sein de la branche, alors qu'il était cantonné à 34% du capital. Areva, pour sa part, se satisfaisait du statu quo qui lui permettait de garder la main sur cette filière hautement stratégique. Mais lassé d'attendre, Siemens a planté un poignard dans le dos du groupe français en début d'année en dénonçant leurs accords pour aller créer un concurrent en coentreprise avec le russe Rosatom. Areva devra donc racheter les 34% de Siemens dans Areva NP, ce qui revient à devoir sortir 2 Milliards d'Euros des caisses à un moment où elles ne sont plus aussi remplies qu'avant. Une affaire qui tombe mal au moment où les besoins de financement sont importants du fait de la transition entre deux générations de réacteurs nucléaires, et où la crise a asséché les sources financières extérieures. Concrètement, Areva aurait besoin de 3 à 5 Milliards d'Euros pour mener de front tous ses projets. L'Etat n'a pas actuellement les moyens, ni la volonté, de subvenir aux besoins additionnels de l'entreprise. Bercy a laissé entendre, selon 'Les Echos', qu'une participation à une augmentation de capital modérée reste envisageable. Mais pas question d'aligner les Milliards. Vendre T&D permettrait à Areva de couvrir ses dépenses du moment. D'autres participations pourraient également suivre, comme les fractions minoritaires dans l'électronicien et motoriste Safran ou le groupe minier Eramet, spécialiste du nickel et du manganèse. Pour être franc, il est difficile d'imaginer de quelle façon Anne Lauvergeon pourrait échapper à la cession d'un actif majeur pour se refinancer, si la volonté de l'Etat, son actionnaire, va dans ce sens. Et T&D est stratégiquement et politiquement le moins "sensible" des pôles du groupe nucléaire. L'hypothèse de l'entrée au capital de fonds du Moyen-Orient, qui apporteraient de l'argent frais et des perspectives de contrat dans la région, a déjà été évoquée mais elle semblait davantage être un complément qu'une alternative à une cession. Une chose est sûre, T&D suscite la convoitise, de par son positionnement solide sur le marché énergétique et sa capacité à générer des liquidités. Outre Alstom, l'américain General Electric serait sur les rangs en cas de mise en vente, voire même le français Schneider Electric, selon 'Les Echos', quand bien même ce dernier avait quitté le secteur pour se concentrer sur d'autres spécialités en 2002.



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