RHODIA affiche une perte de 134 millions d'euros au 1er trimestre

06/05/2009 - 09:03 - Option Finance

(AOF) - Rhodia affiche une perte nette de 134 millions d'euros au premier trimestre contre un bénéfice de 42 millions d'euros, un an plus tôt. L'EBITDA récurrent a chuté de 98% à 2 millions d'euros. " Cette forte détérioration s'explique par la chute sans précédent des volumes induisant des rendements unitaires de production dégradés et par l'impact négatif de 70 millions d'euros dû à l'absorption de stocks de matières premières chères, qui a affecté Polyamide ", a expliqué le groupe chimiste. Rhodia précisé qu'à l'exception de Polyamide, les hausses de prix atteignant 7% avaient plus que compensé l'augmentation des coûts de matières premières et d'énergie. Le chiffre d'affaires s'est élevé à 920 millions d'euros, en recul de 24% à structure et taux de change constants. Rhodia a été victime d'une baisse de 27% des volumes. Le groupe a indiqué ce fort repli des volumes était principalement lié à la crise mondiale de la demande sur les marchés de l'automobile, de la construction et d'autres marchés industriels. Au sujet de ses perspectives 2009, Rhodia souligne qu'il demeure concentré sur la génération de free cash flow. Le groupe chimiste explique qu'aucun signe de reprise n'est perceptible en Europe et en Amérique du Nord, mais s'attend à ce que le phénomène de déstockage chez ses clients s'achève d'ici à la fin du semestre. En revanche, Rhodia commence à percevoir une amorce de reprise de la demande en Asie et en Amérique Latine. " La problématique spécifique des stocks chers de ces derniers mois étant aujourd'hui résolue, le Groupe devrait pouvoir tirer parti de la forte baisse des prix des matières premières et d'énergie observée sur les marchés depuis la fin de l'année 2008 ", fait-il remarquer.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

EBITDA : L'EBITDA (Earnings Before Interest, Tax, Depreciation and Amortization) est un concept anglo-saxon, proche conceptuellement de l'EBE français : Excédent Brut d'Exploitation. Il désigne le solde entre les produits et les charges d'exploitation, mais ne prend pas en compte les amortissements et les provisions.

Activité de la société

Ancienne filiale de Rhône-Poulenc, devenu Aventis (aujourd'hui Sanofi-Aventis), Rhodia est l'un des 10 leaders mondiaux de la chimie de spécialités. Partenaires des grands acteurs des marchés de l'automobile, de l'électronique, des fibres, de la pharmacie, de l'agrochimie, des produits de consommation, des pneumatiques et des peintures et revêtements, Rhodia propose des solutions sur mesure combinant molécules et technologies originales répondant aux enjeux de ses clients. L'organisation du groupe repose sur 9 entreprises qui s'articulent en deux groupes constituant les pôles stratégiques de Rhodia : Matériaux et Services de Spécialités et Chimie d'applications. A terme, l'objectif est d'intégrer la Chimie Fine à l'un des deux précédents pôles. Le groupe emploie 20000 personnes dans le monde.

Les points forts de la valeur

- Rhodia est positionné sur la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base. - L'émission d'Oceanes devrait permettre au chimiste français de rembourser le solde de ses emprunts obligataires les plus chers à échéance 2010 et 2011 dont le taux d'intérêt moyen est proche de 9%. Le groupe a réussi son plan de refinancement et sécurisé la situation de sa liquidité à moyen terme, grâce à une augmentation de capital, une émission obligataire et de nouvelles lignes bancaires. Sa dette a été ramenée de 3 milliards en 2003 à 1,6 milliard d'euros en 2006. - Rhodia a tenu ses engagements de redimensionnement de ses activités et de réduction des coûts. -Les agences de notation Standard & Poor's et Moody's ont respectivement relevé leur notation sur le chimiste à BB- et à Ba3 afin de refléter l'amélioration de la structure de capital. - Avec le retournement du cycle de la chimie, le groupe peut désormais répercuter une partie de ses hausses de coûts dans les prix. - Rhodia devrait disposer de 11 à 13 millions de tonnes de CER par an à partir de 2007, et ce jusqu'en 2013. Rappelons que ces crédits, ou droits à polluer, sont attribués aux sociétés qui réduisent le niveau d'émission de CO2, dans le cadre du protocole de Kyoto. Elles peuvent les utiliser pour leurs propres besoins (sur d'autres sites polluants) ou les revendre, comme c'est le cas pour Rhodia grâce aux efforts consentis par le groupe au Brésil et en Corée. La valeur de ces crédits déterminée par la rencontre de l'offre et de la demande représente une part importante de la valorisation boursière de Rhodia.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe traîne des "passifs environnementaux". Il a d'ailleurs intenté en vain une action contre son ancienne maison-mère Aventis afin d'obtenir l'indemnisation des passifs liés aux sites de Silver Bow (US) et de Cubatao (Brésil). - Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar. - Les marges dégagées par les différents pôles du groupe sont très disparates. - Certains actionnaires minoritaires mènent une fronde contre la direction du groupe et plusieurs de ses administrateurs liés à Aventis. De son côté, l'AMF a estimé que le groupe a diffusé ces dernières années des informations inexactes et imprécises.

Comment suivre la valeur

- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique. - Depuis le redressement du groupe, Rhodia est également considéré comme une valeur de retournement (recovery), à haut risque toutefois.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Produits de base - Chimie

L'UIC prévoit une baisse de la production chimique française similaire à celle de 2008 pour l'année 2009. Trois facteurs fragilisent les groupes chimiques européens. Une partie conséquente de leur clientèle (environ 20% des facturations), provient du secteur automobile, alors que ce dernier traverse une très grave crise. De plus, les acteurs de l'industrie sont fortement interdépendants. Les difficultés de certains groupes se répercutent donc inexorablement sur les autres. Selon certains experts, entre 20% et 60% des revenus sont issus de relations commerciales entre les acteurs du secteur. Enfin, l'endettement très lourd de certaines entreprises devrait les fragiliser alors qu'elles doivent supporter le coût financier de la mise en place du règlement européen Reach, concernant les substances dangereuses. Néanmoins l'évolution positive pour ces acteurs est la baisse du prix des matières premières qui tend à réduire leur facture énergétique.